Le portail des mondes

8

Au-delà de cette forêt se trouvaient des champs ainsi que plusieurs fermes. Et plus loin encore, des remparts s'élevaient vers les cieux, Alex crut rêver. Émerveillé, il ne cessait de fixer ces murs et ces deux tours de guet entourant les portes d'acier. Il se croyait au Moyen-Âge, ce monde ne le choquerait bientôt plus même s'il était convaincu de ne pas être au bout de ses surprises.

De sa mère, il connaissait deux choses sur Siltaria. Le roi actuel ne devrait pas s'opposer à son arrivée même s'il surveillait les nouveaux venus. Et pour cause, la deuxième chose concernait les étrangers. Suite à de multiples conflits, les nouveaux venus étaient craints. Alex espérait que tout se passe bien, que personne ne le rejette.

Même si les deux colosses qui gardaient l'entrée de la ville l'apeuraient, il avança. Ces deux soldats tenaient fermement des lances aux piques acérées et leurs armures leur donnaient un aspect des plus froids. Malgré la peur, il avança vers eux. Il devait trouver Jon Rainy, lui seul pouvait l'aider.

— Halte ! Déclinez votre identité ! ordonna l'un d'eux.

Alex s'immobilisa et tenta de cacher ses tremblements. Il paraissait certainement suspect avec son sweat à capuche et ses baskets.

— Je suis Alex...

Soudain, il se rappela l'avertissement de sa mère. Pour une raison qui lui était inconnue, il ne pouvait pas parler d'elle.

— Alex Rainy.

Il espérait que Jon Rainy ne soit pas connu de tous et que ce mensonge passe sans problème. Malheureusement, ne pas voir le regard du garde ne l'aidait pas.

— Vous êtes de la famille de feu le lieutenant Jon Rainy ?

— Il est... mort ? s'étrangla Alex.

Il ne put cacher sa surprise et sa déception. La seule personne qui pouvait l'aider dans ce monde était morte. Qu'allait-il devenir à présent ? Il voyait tous ses espoirs se briser un à un, où irait-il ?

— J'ignorais que vous n'étiez pas au courant, s'excusa le garde. Il est mort durant la guerre, il y a dix ans. Ce fut un honneur de servir à ses côtés, c'était un vaillant combattant.

— Je viens de loin... Je n'ai pas été mis au courant, vous savez l'information circule mal dans les petits villages.

Alex espérait qu'il ne lise pas ses pensées. Il faisait tout pour cacher ses tremblements, ce qui s'avérait très compliqué, mentir à un télépathe ne servait à rien. Si les gardes apprenaient la vérité, il aurait de gros problèmes.

— C'est vrai, j'en connais qui n'étaient pas au courant de la guerre avant de voir débarquer des soldats chez eux, affirma le second garde.

— C'était un cousin éloigné de ma mère, mentit-il. Elle m'a envoyé chez lui, seul. Elle est très malade et ne sait pas se déplacer.

Le garde réfléchit un instant, Alex grimaça. Il espérait ne pas en avoir fait trop.

— Vous pouvez entrer jeune homme. Son frère vit toujours ici, vous n'aurez qu'à vous rendre chez lui.

Les gardes ouvrirent les portes et Alex s'empressa de rentrer. Une fois à l'intérieur, il souffla. Il venait de prendre un risque énorme et ça avait marché.

Il s'arrêta un instant et ses yeux se plongèrent sur l'immensité de la ville. Les maisons alignées se ressemblaient toutes et Alex se souvint des histoires de sa mère. Les habitations de Siltaria étaient toutes bâties sur trois étages et contrairement à son monde, toutes étaient identiques. Du moins, dans la capitale. Parfaitement alignés, leurs toits de tuiles rouges s'étendaient à perte de vue.