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Alex s'agrippait fermement à Xénia et ne put s'empêcher de fermer les yeux. Il aurait aimé avoir quelques cours de vol avant leur départ, car se déplacer à des centaines de mètres du sol ne le mettait pas à l'aise. En les voyant pour la première fois, il n'osa même pas les approcher. Aussi gros que des chevaux, ces animaux majestueux possédaient d'immenses becs et d'énormes griffes. Ils auraient pu le tuer sans difficulté.

À présent, Alex se refusait de fermer les yeux. Sous ses pieds, les arbres devenaient minuscules, les cités disparaissaient. La moindre chute serait fatale et cela l'angoissait. Il avait d'autant plus peur que le vent ne cessait de les secouer, il aurait aimé être aussi calme que Xénia. Il avait honte de trembler autant, alors que cela était tout à fait normal.

— On arrive bientôt ? cria-t-il à Xénia.

Il lui semblait qu'ils volaient depuis des heures et d'infernales nausées retournaient ses tripes. Devant eux, Edgar volait avec aisance sur un griffon plus petit, il ne prêtait pas attention aux rafales qui effrayaient tant Alex.

— Oui ! C'est juste en dessous !

Il souffla, soulagé. Jusqu'à ce que le griffon descende en piqué. Alors, il hurla à pleins poumons de peur de s'écraser, jamais il n'eut aussi peur. Le sol se rapprochait à une vitesse phénoménale, il utilisa toutes ses forces pour se maintenir à sa monture. Devant lui, Xénia riait, amusée par son effroi.

Dès qu'ils touchèrent le sol, en douceur, Alex bondit du griffon et tituba en arrière, aussi pâle que tremblant.

— Il faut vraiment que tu apprennes à voler, lui lança Xénia hilare.

Il ne l'avait jamais vue aussi souriante, et il ne l'avait jamais entendue rire aussi fort non plus. Il rougit, honteux. Il ne comptait pas voler avant des années.

— Ne fais pas cette tête, tu t'y feras.

Même le roi se moquait de lui. Il se trouvait minable, il était le seul à craindre ces griffons. Il soupira et se tourna vers l'immense tour blanche qui s'élevait dans les cieux. Xénia lui avait brièvement parlé de cette tour : elle fut bâtie après l'indépendance de la ville afin d'accueillir les puissants. Norigard appartint par le passé à Siltaria et ce fut par la force que le premier mestre gagna l'indépendance. Suite à cela, les premières grandes décisions royales s'effectuèrent en ce lieu, hors de chaque royaume.

Malgré la neutralité de la ville, des gardes en armure rouge et noir patrouillaient sur les hauts remparts. Et même si les rois et reines se retrouvaient ici, de nombreuses habitations et boutiques composaient la ville. Mais bien sûr, pas le temps de s'y arrêter. Dès qu'ils touchèrent le sol, des gardes les accompagnèrent jusqu'aux enclos et ensuite, ils les conduisirent dans leurs quartiers. De la haute tour partaient cinq couloirs menant aux loges des cinq royaumes.

Alex eut l'impression d'y retrouver des appartements. La salle principale servait de salle à manger et à côté des deux chambres se trouvait la salle de bain. Le tout était bien entendu assez grand et luxueux pour des rois. Hors de question de se passer de belles tapisseries de lustres en cristal. Même les chambres étaient spacieuses et les lits tout ce qu'il y avait de plus confortable.

— Nous viendrons vous chercher demain dès l'aube, expliqua l'un des nombreux domestiques.

— Pas de souci !

— Vous trouverez vos tenues sur vos lits.

Dans sa totale neutralité, Novigar désirait offrir à ses visiteurs les mêmes tenues. Une toge blanche.

— Allez faire un tour en ville si vous voulez, déclara Edgar une fois le domestique parti. Pour ma part, je vais prendre un bain.

— Viens, je vais te faire découvrir les pâtisseries du coin ! lança Xénia avant de tirer Alex par le bras.

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