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La nuit passa bien trop rapidement au goût d'Alex. Il attendit de choisir ses mots avec soin, parler à Xénia était compliqué. Jusqu'à présent, toutes leurs discussions s'étaient soldées par des échecs et des disputes. Cette fois, il espérait parvenir à quelque chose de différent.

Son père lui avait parlé, de même pour Elhion. Tous deux avaient tenté de la convaincre qu'il ne représentait pas une menace pour Avanh. Mais sa peine prenait le dessus chaque fois qu'elle le croisait, elle repensait à sa mère disparue au combat.

Pendant toute une journée, il prit soin de réfléchir. Et quand le ciel devint rose-orange alors que le soleil disparaissait petit à petit, il se dirigea à l'extérieur. Xénia s'entrainait chaque soir dans les jardins du palais, de vastes étendues vertes aux nombreuses plantes colorées. Quand il y arriva, le vent soufflait avec tant d'intensité qu'il pensa à fuir, il ne voulait pas s'envoler sous le coup de sa colère. Sa mère lui apprit de nombreuses choses, mais réagir à une fille furieuse qui balançait des tornades n'en faisait pas partie.

Xénia s'était entourée d'un dôme d'air qui sifflait autour d'elle. Assise dans l'herbe, elle contenait tout ce vent en un point concentré, cette puissance inquiétait Alex. Si ça se passait mal, il risquait de finir broyé. Il souffla et l'appela.

— Xénia !

La tempête s'arrêta et le calme revint jusqu'à ce qu'elle se retourne. Son regard, toujours aussi noir, le déstabilisa.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Parler...

— Je n'en ai pas envie !

— S'il te plait...

Elle grimaça, Alex craignait de l'énerver, mais il continua. Après tout, elle se tut et ne fit rien.

— Je sais ce que tu ressens... J'ai perdu aussi ma mère et c'est dur, mais...

— C'est pour ça que tu me déranges ? Pour prétendre savoir ce que je ressens ? Vraiment ?

Elle parut furieuse, Alex recula d'un pas sous la peur.

— C'est la vérité ! J'ai autant peur que toi qu'ils arrivent à Avanh... Mais je n'y suis pour rien et...

— Assez ! hurla-t-elle.

Autour d'eux, le vent souffla encore et encore, l'air fouettait Alex comme s'il se trouvait au cœur d'une tornade. Il ferma les yeux et paniqua. Elle allait finir par le tuer.

— Tu ne sais rien ! cria-t-elle. Ma mère est morte pour protégée Siltaria alors que la tienne a pris la fuite ! Mes parents ont combattu l'ennemi, ils ne l'ont pas ramené à Avanh ! Tu ignores tout de ce monde, même si tu apprenais toute notre histoire, tu ne pourrais pas comprendre ! Tu n'as jamais vécu la guerre, tu n'as jamais connu le retour des survivants et le deuil !

Alex en resta bouche bée, il crut un instant qu'Edgar l'avait raisonnée. Et même si c'était le cas, il venait de l'énerver une nouvelle fois.

— Mais ton père m'a dit...

— Je le fiche de ce qu'il t'a dit ! cria-t-elle. Tu nous mets en danger ! Je refuse de le perdre parce que tu es là, parce que tu es recherché par nos ennemis !

Alex tremblait et restait figé par la peur, Xénia le terrifiait. Elle hurlait plus fort que le sifflement du vent même et il ignorait comment la calmer. Même si elle ne le frappait pas, ses paroles avaient le même effet que des coups de poing qui viendraient briser ses os. Il pensait naïvement pouvoir la raisonner, pouvoir améliorer leur relation. Il la regardait, les larmes aux yeux, il n'arriverait à rien.

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