30

52 11 3
                                    

Alex hurlait dans la tempête. Le vent soufflait avec tant d'intensité qu'il peinait à rester debout. Il devait fermer les yeux et protéger son visage pour ne pas se faire fouetter, il n'entendait même plus Xénia, seul le sifflement des airs atteignait ses oreilles.

Dix jours qu'il s'entrainait avec Xénia. Dix jours qu'il échouait, il enchainait les échecs à une vitesse folle. Au départ, Xénia y allait en douceur. Il devait simplement ramener l'air dans le creux de ses mains et former une sphère. Il crut que l'air serait simple à maitriser, mais il se trouvait partout, parcourait le monde en liberté ; emprisonner une chose aussi libre, aussi fluide et aussi rapide relevait de l'impossible. Personne ne dictait sa voie au vent, personne ne lui donnait d'ordres. Cet élément se faufilait entre ses doigts, sifflait dans ses cheveux et quand il s'énervait, il pouvait déraciner des arbres, dévaster des maisons. Plus d'une fois, la sphère explosa dans ses mains, plus d'une fois Alex se retrouva au sol sous le regard moqueur de Xénia. Plus d'une fois, il l'entendit soupirer, il ressentait même sa déception. Parfois, ils s'entrainaient alors même que la lune éclairait le ciel, quand tout Avanh s'était endormie. À d'autres moments, ils se levaient alors que le soleil dormait encore, tout comme l'ensemble de la ville. Alex s'épuisait, tout comme Xénia, mais elle souhaitait le rendre plus fort.

Et la veille, il y arriva. Il parvint à immobiliser la sphère dans sa main, l'orbe tourbillonnait sur elle-même, frottait sa peau en rapidité. Xénia resta de marbre, mais elle ne pouvait cacher sa fierté, ce qui fit sourire Alex. Et à présent, ils passèrent une nouvelle étape.

Un vent violent le frappait depuis plusieurs minutes. Xénia prenait un malin plaisir à se déchainer sur lui, elle dirigeait l'air avec tant de facilité qu'Alex désespérait. De simples mouvements de mains, elle envoyait les courants griffer Alex, le fouettaient, le gifler. Il se protégeait, mais sous ses coups, il ne cessait de tomber, de trembler. Xénia se tenait droite comme si l'air était son domaine, comme si elle était reine du vent. Elle lévitait de quelques centimètres et restait immobile au cœur de cette tornade, elle guidait l'air suivant sa propre volonté. Elle parlait le même langage, ils se comprenaient, elle fusionnait avec lui, elle devenait le vent. Les courants frôlaient sa peau dans de douces caresses, sifflaient dans ses cheveux avec légèreté, ils ne la poussaient pas, ne la griffaient pas, non. De l'autre côté, Alex criait dans cette tempête, il ne supportait pas cette pression. Le sifflement mélodieux pour Xénia devenait agressif, grave et bien trop fort pour Alex. Xénia souhaitait qu'il reproduise la même chose à l'intérieur de cette tempête, mais il n'y parvenait pas, il ne tenait même pas debout. Se concentrer était impossible ici.

— Concentre-toi, je suis fatiguée ! lui lança Xénia alors qu'il ne bougeait toujours pas.

Il était convaincu qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle faisait ça pour passer ses nerfs sur lui. Xénia ne l'avait jamais apprécié, elle passait son temps à le rejeter. Alors, pourquoi souhaitait-elle l'entrainer ? Elle voulait qu'il regrette d'être ici, qu'il se sente faible. Il dégageait tant de ressentiment qu'elle grimaça, toutes ces émotions lui donnèrent des nausées. Nausées qu'Alex ressentit.

— Alex ! Concentre-toi ! Tu peux le faire ! cria-t-elle.

Il pouvait le faire. Le corps tremblant, sur le point de tomber, il se redressa. Ouvrir les yeux était impossible et, quand il essayait, il se mettait à pleurer. Il grimaça dans cette tornade. Il baissa la tête et tendit la main. Il devait essayer. Il ramena l'air à lui, mais, au lieu de former une sphère, le vent le propulsa au sol avec la force d'un bélier. Xénia calma sa tempête et, dès qu'il se redressa, passa à l'assaut.

— Recommence ! ordonna-t-elle. Guide l'air jusqu'à toi !

— Je ne le contrôle pas !

— Alors, écoute-le ! Ressens-le !

Le portail des mondesजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें