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Alex s'écroula sur un sol herbacé. Le vent emporta la fumée au loin et une douce odeur de fleurs prit place. Il resta au sol un instant avant que Glen n'apparaisse au-dessus de lui.

— Faut pas rester là gamin !

— Ma mère est en danger ! s'écria-t-il.

Il se redressa d'un bond et cria. Une vive douleur remonta son dos, l'adrénaline l'avait empêché de ressentir le choc de sa chute.

— Écoute, gamin, Katrina est mon amie et ça me fait mal de la laisser, mais elle veut que je veille sur toi. Et pour ça, faut pas rester là !

Autour d'eux se trouvaient des dizaines d'arbres aux feuilles d'un vert profond. Ils s'éloignaient jusqu'à l'horizon sans oublier les quelques fleurs qui les accompagnaient. Le regard d'Alex se perdit dans l'immensité de la forêt, jamais il n'avait vu un tel lieu. L'air doux lui confirma que l'hiver n'était plus ici, il resta bouche bée. Tout ce qui lui arrivait semblait si irréel, inconcevable.

Glen grimaça, le portail n'était toujours pas refermé. Alex l'observa un instant, silencieux.

— On peut pas... On peut pas l'abandonner !

Glen dégaina une longue dague et fixa le vortex, inquiet.

— Alex, cours droit devant toi jusqu'à l'arbre le plus imposant ! Celui au tronc le plus brun et aux feuilles les plus vertes ! Surtout, ne te retourne pas ! Dès que tu y seras, demande à l'arbre de te laisser entrer, dis que Glen t'envoie !

Alex hésita un instant, il ne pouvait pas laisser sa mère. Mais si cet homme venait, elle se serait sacrifiée pour rien. Le cœur lourd, il se ravisa et courut. Le choc passa, son esprit s'ébranla et il fondit en larmes dans sa course. Perdu au cœur d'une forêt inconnue, il tomba à genoux et martela le sol frais tout en hurlant. Sa mère était sans doute morte et cette simple pensée lui brisa le cœur. Il était désormais seul et livré à lui-même. Tout son monde s'effondra alors : envoyé ailleurs, il était forcé de tout abandonner. Il se remémora chaque histoire de sa mère, ces innombrables légendes qu'il pensait fausses s'avéraient être vraies.

Il se ressaisit. Sa mère s'était mise en danger pour lui permettre de vivre, il se releva alors et essuya ses larmes. Elle s'était sacrifiée pour lui, pour le sauver, pour qu'il retrouve cet homme. Les histoires de Siltaria servaient donc à ça, à lui offrir une seconde vie dans un autre monde. Il continua sa course et là, il le trouva. Un arbre plus large que les autres se dressa devant lui, son tronc brun s'illuminait sous les rayons. Ses milliers de branches s'élevaient vers les cieux, au-dessus des autres et des millions de feuilles brillantes les couronnaient. Il l'avait trouvé. Il avança timidement avant de s'agenouiller face à un trou percé, un trou profond et sombre qui lui parut étrange.

— Laisse-moi entrer s'il te plait ! Je viens de la part de Glen !

Comme il aurait dû s'en douter, il ne reçut aucune réponse. Les arbres ne parlaient pas, même si tout ce qu'il avait vécu était irréaliste, tout n'était pas possible. Il soupira, rien ne se passait, le temps s'écoulait et Glen ne revenait pas. Et s'il était mort ? Et si cet homme arrivait ? Son sang se glaça. Il fixa ce trou un instant, plongea son regard à l'intérieur, dans ses abysses noirs. Il pouvait entendre un léger bourdonnement, un bruit envoutant qui résonna au fond de son âme. Puis, il tomba. Ses hurlements se répercutèrent sur le bois de ce long tunnel sombre. Il ne voyait rien et, apeuré, il dévalait un toboggan immense. Il glissait il ne savait pas où, mais il glissait encore et encore jusqu'au plus profond de la terre, jusqu'à une porte ronde taillée dans le tronc. Cette situation lui rappela Alice au pays des merveilles, il n'aurait jamais cru cela possible.

Le portail des mondesWhere stories live. Discover now