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À son réveil, Alex pensa tout d'abord à un rêve. Rien ne pouvait être vrai, c'était impensable, inimaginable. Et pourtant, dès qu'il croisa ses parents, il tomba des nues. Les voix intérieures de son père se répercutèrent dans sa tête avec une telle violence, qu'il se mit à trembler. Et la migraine de la veille reprit de plus belle. Dans une grimace, il se rendit compte que tout était bel et bien réel. Et s'il n'avait pas rêvé, alors sa mère lui mentait.

Alex ne savait toujours pas par quoi commencer, tout cela l'intriguait. Le mystère planait et il avait soif de réponses, sa mère lui cachait quelque chose. Pour commencer son investigation, il pensa à fouiller la chambre de ses parents, mais en leur présence, c'était presque impossible. Il avait également peur. Les secrets de sa mère semblaient importants et dangereux, ce Glen l'avait maudit et sa mère ne l'en avait pas empêché. Même s'il émettait des doutes sur ce dernier point. En effet, elle parut énervée comme si Glen avait agi sans son accord, droguer son fils était peut-être l'acte de trop. Fort heureusement.

Durant toute la matinée, il s'isola dans sa chambre afin de se reposer. Ses parents le croyaient malade, ce qui n'était pas rare en hiver. Mais cette fois, parler des symptômes s'avérait plus compliqué. S'il entendait vraiment les pensées des autres, il était donc télépathe. Autrefois, ce pouvoir l'aurait fasciné. Dans ses jeux de rôles, c'était une magie puissante qu'il adorait, elle lui permettait de déceler la vérité dans chaque mensonge, de s'assurer de ne pas tomber sur de mauvaises personnes et plein d'autres choses. Mais la réalité était bien différente. Entendre les voix à longueur de journée était épuisant, douloureux et certainement pas fascinant. S'il ignorait d'où lui venait cette malédiction, il était sûr d'une chose : il devrait vivre avec. Et il n'en avait pas envie. Du moins, pas comme ça, pas de cette manière.

Trop de voix l'empêchaient de vivre et quand il retournerait à l'école, il savait à quel point ça serait pire. Il ne ferait pas face à une personne, mais des dizaines, et sa tête finirait par exploser. Le plus terrifiant dans cette histoire restait le voile d'ombres qui s'étendait sur la provenance de ce pouvoir. La télépathie n'existait pas et dans le cas où elle existait, elle ne se transmettait pas comme un médicament. En était-il seulement sûr ? Au final, peut-être devait-il se résoudre à vivre avec ?


*

Il regrettait déjà d'être sorti. Une idée idiote germa dans sa tête, il partit du principe qu'il existait un moyen pour décider quelles pensées entendre et surtout quand. S'il pouvait éviter à sa tête d'exploser, c'était à prendre. Mais une fois dehors, il voulait déjà retourner chez lui. Et le froid n'en était pas la cause, en réalité il s'inquiétait, il avait peur. S'il n'existait aucune solution, alors il vivrait un enfer. Les migraines s'intensifieraient et réfléchir, se concentrer deviendrait impossible. Au final, il devrait vivre seul.

Les rues étaient presque désertes en cette matinée. Seules quelques voitures circulaient à toute vitesse, la plupart des gens se trouvaient chez eux. Ou dans des boutiques. Une fois arrivé dans la rue commerçante, il scruta chaque vitrine du regard et quand il tomba sur la boulangerie, il sourit et frissonna. L'inquiétude et la joie se mélangeaient parfaitement. C'était une drôle de sensation. Le stress lui donnait des nausées alors que la joie le poussait à avancer, sourire aux lèvres. Il n'avait pas le choix. S'il pouvait contrôler ce pouvoir, il devait s'exercer. Ainsi, il posa la main sur la poignée et ouvrit. Aussitôt, un flot monstrueux de pensées s'abattit sur lui telle une bourrasque infernale. Il grimaça, une horrible migraine martela son crâne comme un marteau. Ces bruits insoutenables le déstabilisèrent, le rendirent pâle pourtant, il n'y avait que cinq personnes. Cet horrible vacarme perçait ses tympans, mais il devait rester, il devait essayer. Ainsi, il se concentra. Fermer l'accès à ces pensées était la seule chose à faire, il devait y arriver. Mais il ignorait comment s'y prendre. Les clients partaient un à un et bientôt, son esprit se calma ; la tempête venait de passer, enfin.

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