Chapitre 62 : L'histoire de Dorcas

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Depuis que je suis toute petite, je sais que je suis une sorcière. Je sais aussi que je suis la descendante d'un des plus grands sorciers de tous les temps : Godric Gryffondor. Tout ce que je sais de ce lointain aïeul est qu'il est tombé fou amoureux d'une certaine Aliénor et qu'ensemble, ils ont donné la vie à un autre de mes lointains aïeuls et ainsi de suite, jusqu'à mon père et puis, jusqu'à moi. 

Depuis ma naissance, je suis élevée différemment des autres enfants, que ce soient des moldus ou des sorciers. J'ai été scolarisée à domicile car mes parents voulaient me protéger du monde extérieur. Ils m'ont toujours répété que le danger était partout, rôdant autour de moi et attendant que je fasse preuve d'imprudence pour surgir. Bien que cela puisse déranger beaucoup d'enfants, ça ne me dérangeait pas de ne pas aller à l'école et de ne connaître personne d'autres que ma famille. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, je n'ai pas vécu toute ma vie en isolement dans un trou perdu. J'ai passé beaucoup de temps à voyager, à apprendre à connaître la nature. J'ai parcouru le monde avec mes parents et cette vie d'aventure me convenait parfaitement. Mon enfance n'a jamais été autre chose que dorée. Nous ne restions jamais au même endroit bien longtemps et je n'avais pas vraiment de maisons. Je pouvais vivre dans une villa au bord de la mer et habiter trois mois plus tard dans un chalet égaré en pleines montagnes. 

Mais cette superbe vie de nomade a pris fin le jour de mes onze ans. Nous nous sommes installés définitivement à Paris et j'ai fait la connaissance de mon cousin et de ma cousine, les enfants de la sœur de ma maman. L'aîné s'appelle William. Il est grand, ténébreux et passionné de Quidditch. Il a un an de plus que moi. Quant à Emmeline, sa cadette de deux ans, elle est timide, réservée et intéressée par tout ce qui s'apparente à de la culture. Elle aime apprendre et est toujours plongée dans ses bouquins. Au départ, je les trouvais tout deux froids et distants mais peu à peu, ils sont devenus bien plus que de simples cousins. Will est comme un grand frère protecteur et courageux et Emmi est comme une petite sœur douce et affectueuse. Ils ont été mes seuls amis pendant longtemps et dès que je pouvais passez un peu de temps en leur compagnie, je n'hésitais pas. Mais à 11 ans, William est rentré à l'académie de sorcellerie de BeauxBâtons et quand il me racontait ce qu'il faisait là-bas, je ne pouvais m'empêcher de l'envier. Il avait beaucoup d'amis et ses cours étaient très intéressants. Sa vie était incroyable tandis que la mienne, n'étant plus faite de voyages et d'aventures, devenait terne et routinière. Je m'ennuyais beaucoup et je commençais à me sentir toute seule. Perdue dans une grande métropole et ne connaissant personne, j'avais l'impression que je ne savais rien du monde qui m'entourait. 

Quand j'ai osé dire à mes parents que je voulais aller à l'école, ils ont échangé un regard dont je me souviendrai toute ma vie, ce genre de regard qui signifiait qu'il savait quelque chose que je ne savais pas. 

Le lendemain, mon papa m'a emmenée dans une boutique dont les murs étaient des compartiments remplis de longues boîtes. C'est ce jour-là que j'ai reçu ma baguette : bois de châtaignier, crin de licorne, 27,4 centimètres. Mon père m'a dit qu'il était temps que je devienne une sorcière et que comme mes cousins, j'apprenne la magie. Je ne pouvais pas croire que ça arrivait enfin. Je croyais que j'allais rejoindre Will à BeauxBâtons et que j'allais pouvoir me faire des amies et être comme toutes les autres jeunes sorcières de mon âge. Hélas, la réalité m'a vite rattrapée. 

Le lendemain du jour où j'ai reçu ma première baguette, mon père m'a réveillée à 5h du matin pour entamer mon éducation magique. Je ne l'ai pas reconnu... il n'était plus le papa doux et affectueux qui me prenait toujours sur ses épaules quand j'étais fatiguée ou qui me donnait toujours un câlin quand j'allais mal. Non... il était devenu froid et autoritaire, me traitant comme une adulte, comme une soldate. J'ai eu de grandes difficultés à accepter ce changement de comportement aussi soudain. Il me faisait lire des bouquins jusqu'à ce que je retienne les mots par cœur, me faisait répéter des sortilèges pour que je les maîtrise à la perfection, m'apprenait à prendre soin des créatures magiques et m'apprenait différentes langues parlées dans le monde des sorciers. En parallèle de mes études de magie, je devais réviser toute seule les mathématiques, les sciences, la géographie et l'histoire du monde moldu. 

Les années oubliées des MaraudeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant