Chapitre VII

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VII — Retrouvailles d'inconnus

Musique : "Donny" par Chop sui.

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—J'allais demander si vous aviez lu le feuillet, mais question inutile. Enfin, si vous auriez pu le faire, vous auriez compris à quel point... ce n'est pas fun. Je dois trouver cette créature pour accomplir la dernière tâche que mon père m'a confiée et je ne le fais pas de gaieté de cœur, mais pour préserver la Vie. Si on ne se débarrasse pas de cet homme, nous courons tout droit à notre perte.

—Qu'y a-t-il de si dangereux ? Se renseigna Dianne crispée et anxieuse. Je ne souhaite ni être mêlée à cette histoire ni devoir quitter la Terre.

[...]

—Stop, oublions ça deux minutes ! Ecoute, commença Ydris, ça s'est passé vite, j'ai pas réfléchi. J'ai toujours voulu devenir plus puissant pour pouvoir être auto-suffisant et je ne voyais comme unique solution que de maîtriser ces pouvoirs. Alors quand t'es venue, j'ai sauté sur l'occaz', tu vois. Mais là, je commence à flipper aussi, j'ai jamais voulu quitter le foyer parce que je me sentais mieux avec des gens de mon âge et t'es la seule personne qui réponde à ces critères dans les parages donc viens avec moi, car moi j'y vais. J'sais pas où j'vais, par contre, et ça me fout les j'tons ! Mais si t'es là, ça s'ra mieux, même si on n'arrive pas à s'entendre, tu vois. Viens avec moi ! On s'en tape de ce qu'ils veulent, allons explorer le monde !

—Je ne crois pas, ça ne serait pas raisonnable de ma part. J'ai menti à mes parents et si je ne retourne pas à Reims très prochainement, ils vont avoir des soupçons. J'estime avoir atteint les limites de ma folie et de ma témérité.

—T'as rien compris, merde ! C'est ça que tu veux : vivre ici et abandonner l'idée d'être plus forte ? Viens avec moi, on apprendra, on deviendra important !

—Pour combattre un mal mystérieux et servir le Bien ? Arrête-moi si je me trompe, mais ça reste un objectif bien naïf ? Comment peut-on se laisser berner par ce précepte, alors que nous avons plus d'un exemple de son ridicule ?

—Tss, t'as rien compris, sérieux ! Il n'est pas question de blanc ou de noir avec toutes ses teintes de gris au milieu, ceux qui croient encore à cette soi-disant vérité vieille comme le monde, se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Ca c'est les vrais naïfs ! Mais en réalité c'est complètement débile ! Y'a autre chose à côté, le rouge, le rose, le bleu. Je vais aller plus loin en avançant que le blanc c'est un tout, comme le noir. Ils contiennent la même chose en fait, alors arrêtez avec vos conneries du blanc pour le Bien et du noir pour le Mal, y'a aucune différence entre eux et les autres couleurs peuvent être, elles aussi, associées à ces deux notions !

Il reprit son souffle avant de continuer sur sa lancée :

—Voilà, tout est une question d'association, pour le Bien comme pour le genre, mais rien n'est fixé ! Alors pourquoi en faire un plat quand c'est pas dans la bonne case ? On va dans celle qu'on veut et penser qu'il y en a deux c'est totalement con ! La binarité c'est la régression de l'homme, à la limite 'le tout est un' de l'autre philosophe, là...

—Héraclite, intervint Hercule.

—Ouais, bah à la limite c'est bien plus vrai, mais là, on a plus qu'à disposer un prisme et à regarder toutes les couleurs et toute la complexité de l'humain. Tu voulais savoir pourquoi Ydris, et bien on a pas à rester dans une case. Le yin et le yang, la femme et l'homme — encore une fois c'est une association — sont l'un dans l'autre — sans allusion sexuelle évidemment. On dit que le Mal à sa part de Bien, alors la femme à sa part d'homme, libre à elle de l'exprimer ou non. Et c'est pas parce qu'on nous a mis d'un côté que l'on n'appartient pas à l'autre côté. Tout ça pour dire qu'aujourd'hui je me sens Ydris, mais demain peut-être que je me sentirais Anna, ou juste rien, ou les deux. 'Qui vivra verra' comme disait le gars dans Nintendog ! Finit-il avec un grand sourire qui faisait ressortir l'étincelle joueuse de ses grands yeux. Quoi ? J'aime pas faire mon intellectuel solennel et, normalement, j'annonce ça comme ça, sans contredire des idées si profondément ancrées, donc désolé, hein, j'ai eu un élan passionné !

AnasgallaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant