Anasgalla

Chapitre XXIII

XXIII — LE RETOUR ! Pam, pam... pam, PAM !

[...]

Oh ! Que ne fut pas ma surprise en apercevant, ce matin, au détour d'un couloir, une touffe ébène se soulever au rythme des pas élancés de son propriétaire démoniaque. Et bien oui, il est de retour !

[...]

Damian, qui s'était remis de sa surprise, entama une discussion animée avec son ami de toujours. Ce dernier, au départ répulsif, se dérida bien vite et son visage glacial fondit grâce à la chaleur de ses rires et de ceux de Damian. Ils prirent quelques couverts puis leurs repas, une petite salade légère pour le déjeuner, afin d'espérer de la part des étudiants une performance à toutes épreuves pour l'après-midi.

Ensuite l'ange se heurta à une seconde trahison, alors qu'il continuait son récit, tournant le dos à son compagnon pour s'installer à leur table habituelle, il remarqua, quand la réponse à sa question tardait, qu'Alek s'était dirigé vers une autre table au fond du réfectoire, occupée par le clan de vampiresses et de démones. Mélanie l'accueillit avec joie et Damian, spectateur, ressentait une forme de dégoût et d'amertume en voyant la vampire rire à gorge déployée et s'étaler amoureusement sur le démon.

Ce serait mal le connaître que de prétendre qu'une miette de jalousie habitait cet être, non, il éprouvait simplement de la déception. Pour Damian, la conduite du démon sonnait comme une trahison : revenir sans le prévenir, le laisser parler dans le vent, l'ignorer même ! Il avait passé un peu plus de vingt ans avec lui et là ! C'était la première fois qu'Alek faisait peu de cas de leur longue amitié. Peut-être y avait-il une raison valable et légitime, cela dit la colère de Damian ne s'apaisait pas pour autant.

Il se saisit alors de son portable et envoya un message au traître :

Qu'est-ce que tu fous mec ?

La réponse fit aussitôt vibrer le téléphone, comme s'il se doutait que l'on allât l'interroger sur son comportement :

Rien, ce n'est pas de ta faute

Alors celle de qui ?

—Je pensais qu'il allait lui vouer une haine éternelle pour me venger, intervint Dianne. Or la seule chose qu'il semble entretenir, c'est mon envie de vomir.

Ydris se retourna et comprit l'ampleur de la situation :

—Meerdeee ! Je pensais pas qu'il avait autant la rage ! Il part presque cinq mois et il nous évite, 'fin il m'évite. Faut qu'j'aille lui parler. »

Alors qu'il s'apprêtait à se lever, l'ange le retint pour lui demander ce qu'il se passait. Ydris put esquiver la demande prétextant une histoire longue et sans intérêt, affirmant qu'il s'agissait simplement d'une broutille. Il se résigna aussi à aller lui parler dans l'instant, mais il était hors de question pour lui d'agir comme un lâche. Lorsqu'il y avait un problème, il se devait d'y remédier — enfin, uniquement si cela ne relevait pas de connaissances scientifiques.

Le téléphone vibra de nouveau :

La personne à ta gauche, qu'elle se maintienne hors de mon chemin

[...]

Alek, assis en tailleur sur un banc en pierre, relisait ses cours éparpillés devant lui. Ses écouteurs diffusaient une musique que les bourrasques de vent atténuaient. Les manches de son sweat retroussées, le froid ne semblait pas l'atteindre plus que cela. Ses cheveux dansaient autour de son crâne et, plus d'une fois, il dut les dégager de devant ses yeux.

[...]

Il souleva le morceau de plomb qui retenait une partie de ses feuilles, mais une sonnerie se superposa à sa musique. Il cessa toute activité et reporta son attention sur son téléphone rangé dans la poche ventrale de son vêtement.