Chapitre X.1

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 X — Le démon, vulgaire figure de la tentation

→ Image de l'extension du lycée Alain Domingo et Alain Rhin.

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[...]

Anna entra dans sa chambre et découvrit une petite pièce aménagée d'un lit simple au cadre en fer. Un bureau, en fer lui aussi, était disposé sous la fenêtre, juste en face de l'entrée.

A sa droite, se trouvait une porte qu'elle poussa pour accéder à une salle d'eau rudimentaire. Une commode, remplie de vêtements - ceux promis par sa tante - , reposait près d'une cabine de douche aux parois transparentes qui laissaient entrevoir un gant de toilette près d'un savon blanc et neuf ainsi que d'un tube de shampoing tout aussi blanc. Un cabinet, un robinet et un bidet complétaient ce lieu douillet. Vous avez vu mes sœurs ? : puissance quatre !

L'appartement très sommaire prédisait donc que l'année à venir n'offrirait que très peu de réjouissances.

[Dianne découvre sa chambre en tout point semblable, s'ensuit de longues plaintes avec son acolyte jusqu'à l'heure du dîner.]

L'alléchante odeur de viande et de bouillon de légumes parvenait jusqu'aux deux jeunes femmes qui descendaient de tristes escaliers, blancs et carrelés, comme les vestiaires d'une piscine. Guidées par le son des couverts qui s'entrechoquaient et par quelques éclats de rire, elles arrivèrent devant deux portes en métal, trouées par deux hublots qui laissaient passer la lumière dans le couloir.

Elles entrèrent dans le très lumineux réfectoire où neuf tables de dix places étaient disposées et prenaient l'ensemble de l'espace, octroyant cependant un petit coin pour le self.

Elles passèrent devant la table du démon, précédemment rencontré, qui se faisait héler par une seconde démone qui rejoignait une table très fortement occupée au fond, le laissant seul. Celle-ci se moquait de lui, s'inquiétant faussement du confort de la 'princesse' qui devait être bien malheureuse et mécontente de sa suite. Il se contenta simplement de sourire à l'écoute de la provocation, sachant qu'elle cherchait uniquement à capter son attention.

Dianne se saisit d'un plateau ainsi que d'une grande cuillère et remplit son bol de bouillon de poulet et de légumes, imitée par son amie qui continuait de faire la soupe à la grimace.

Anna choisit de s'installer à la table du reclus, chose à laquelle la jeune femme ne s'opposa pas.

« Alors comme ça tu es le fils de l'ambassadrice démoniaque ! Constata-t-elle.

-Oh, je vois que je suis connu même sur Terre. Et comment je me nomme Anna ?

Celle-ci haussa les épaules, se rendant compte que son nom lui avait échappé, ainsi que les autres en fait.

-Alek, souffla son amie en renfort.

-Exact ! Quel dommage que je ne connaisse pas le tien, se plaignit-il.

-Moi c'est Dianne.

-Est-ce que, comme la déesse du même nom, tu chasses ?

-'Non ? Pourtant tu devrais, tu as décoché ta flèche en plein dans mon cœur !', cita Anna. S'il te plaît, ne t'abaisse pas à ça.

-S'il te plaît, ne me sous-estime pas. Je voulais juste savoir, je pourrais vous emmener chasser un de ces quatre, je vais pas supporter bien longtemps notre captivité.

-Oui, donc c'est un rencard, une approche romantique vraiment pourrie, affirma l'adolescente.

Son amie, dépassée, avalait le liquide brûlant pour faire abstraction de la conversation qui avait lieu près d'elle.

-Ouais, si on le voit sous cet angle...

Quelque peu irrité d'être ainsi contredit par plus jeune que lui - décidément ce n'était pas sa journée - , il se saisit de son verre et ingurgita quelques gorgées de son contenu. Sa substance noire rougeâtre intrigua les deux Terriennes. Au vu des restrictions très strictes pour améliorer leurs performances scolaires, ils ne pouvaient décemment pas mettre à la disposition de leurs élèves de l'alcool, cela ferait tache. Le mystère restait donc complet.

Alek, voyant leur intérêt soudain pour son verre de sang, leur proposa de goûter.

Sceptique, Anna fit rouler le verre dans sa main et suivit le mouvement du liquide épais. Absorbées par leur observation, elles n'aperçurent pas l'ange qui se précipitait vers elle pour s'emparer de l'objet de leur contemplation.

-Ouh la, malheureuses ! Ce n'est pas quelque chose pour vous, désolé ! T'es totalement inconscient mec ! S'insurgea le nouveau venu.

Les deux hommes frappèrent leurs mains, avec la paume puis avec le poing, en gage de salut. Ils se chèque en gros - Stylo vous informe que ce mot ne figure pas dans son dictionnaire français ; voulez-vous que Stylo lance une recherche plus poussée pour améliorer l'orthographe de ce mot improvisée ? L'ange s'assit à côté de ce dernier et commença l'inventaire des derniers ragots :

-Tu n'aurais pas dû partir si tôt, Kimberly a enfin découvert que Brandon la trompait avec son ex ! Roh, la crise qu'elle a piquée : épique ! Mieux encore que la fois où elle trouvait pas son phone.

-Quel ex ? Katy ? Jess' ? ... Moi ?

-Non, Béatrice. Et elle est même tombée sur les messages qu'une autre lui a envoyés. Dis, tu ne serais pas derrière cette découverte ?

Son ami esquissa un sourire diabolique. En effet, c'est lui qui avait provoqué cette petite hécatombe.

-Il perd pas son temps, s'amusa le démon. Sinon, t'as jeté un œil aux chambres ?

-Oui, ça me rappelle notre colloc' à Marseille.

-Attendez, on peut savoir de quoi vous parlez ? S'impatienta Anna.

-Toi aussi tu ne perds pas ton temps, tu as déjà fait ami-ami avec l'humaine ! Et toi, qui es-tu ? Demanda Damian à l'intention de Dianne.

-La déesse de la chasse, le renseigna son ami.

Le jeune homme haussa un sourcil peu convaincu. Il darda sur elle son regard violet, mélange atypique obtenu par la combinaison du rouge de sa mère vampire et du bleu de son père à moitié ange, tant de noms lui venaient à l'esprit. Pour ne rien arranger, ses courts cheveux chocolat rabattus sur le côté accentuaient son teint pâle et, de fait, la couleur rare de ses iris.

-Dianne, répéta celle-ci.

-Ok. Du coup, je disais que ça me rappelait notre PACES. Cette année va être une promenade de santé. Vous verrez les filles, la prépa', ce n'est pas si compliqué ! Les rassura-t-il.

-Quoi ! PACES c'était horrible ! Nan, on va en baver, n'écoutez pas cet intello.

-En même temps, si Monsieur n'avait pas utilisé son créneau minuit-huit heures pour réviser et rattraper ses cours parce qu'il était occupé entre dix-huit heure et minuit et dormait de huit à dix-huit, peut-être aurait-il été mieux classé et admis au même endroit que moi ?

-Eh, n'empêche que je dormais dix heures par jour, c'est pas un luxe donné à tout le monde ! S'étonna Alek.

Dianne ne put s'empêcher de rire.

-D'ailleurs, n'oublie pas ! Une fois qu'on sort d'ici - et cette fois on peut pas s'arrêter en milieu de parcours - on va à Oxford faire de l'aviron : mon rêve ! Non, parce que Havard...

-...c'était pourri ! S'exclamèrent-ils en cœur.

-Et plutôt easy, compléta le démon, je ne suis pas déçu que l'on nous ait rapatriés, sauf pour la crise de Kymberly.

-Bon, je vais y aller ! Je pense dormir par terre, ça à l'air plus confortable, non ? Tu m'aideras à défaire mes bagages demain, j'ai ramené tes dernières affaires, l'informa-t-il.

Son ami approuva et les rires bruyants des deux compères s'évanouirent lorsque le second s'en alla.

AnasgallaWhere stories live. Discover now