Anasgalla

Chapitre XVII.3

XVII - Soif de puissance, en dehors des limites de la loi

Musique : "My demons" par Starset.

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La principale concernée se raidit sous le coup de la surprise. La foule avait accueilli la nouvelle avec joie, les nouvelles têtes n'étaient pour eux que des sacs de sable tout neufs.

Voyant que personne ne se présentait, le public hurla à la lâcheté. Une de ses voisines se saisit de sa main et s'attarda sur l'inscription qui la recouvrait.

« La voilà ! » Cria-t-elle de sa voix caverneuse en levant un bras.

Le geste brusque fit tressauter sa poitrine généreuse seulement cachée par un fin bandeau de cuir. La vampiresse s'empressa de pousser la lâche vers l'arène. Les autres firent de même si bien qu'Anna se retrouva en moins de deux devant l'échafaud.

Un humain vérifia son matricule et la débarrassa de son sac et de sa veste.

« Il faut se battre à mains nues ou à l'aide de sorts, débita-t-il de son phrasé d'automate. Le but est de créer un marteau si possible recherché sur le plan esthétique ou le plus impressionnant. Le combat prend fin si celui-ci est digne d'intérêt. Il faut juste attendre le feu vert du public, tu le sauras quand ils crieront 'Khoësli'. Si le Maître ne prend pas le marteau quand il apparaît, il faut frapper.

Anna, qui recevait la visite de la panique, déglutit avec difficulté, elle sentait la fin poindre à l'horizon.

-Est-ce qu'il y a des morts ? Osa-t-elle.

-Seulement quand c'est des servi condamnés à mort. Sinon, le meurtre est interdit, donc ne t'avise pas de tuer ou tu passeras un sale quart d'heure. Même si, entre nous, je ne pense pas que tu en sois capable, sourit-il narquoisement ce qui fit disparaître son expression impassible et blasée. »

Sur ce, il la poussa à l'intérieur du ring et ferma la porte grillagée derrière elle, la laissant aux prises de son adversaire.

Cette dernière la dominait, d'ailleurs, autant en hauteur qu'en largeur. En effet, l'ange bâtard aux cheveux blonds devait bien faire deux têtes de plus quelle et son short long, d'un horrible jaune criard, ainsi que sa brassière compressaient sa chair généreuse.

L'ange poussa un cri déchirant avant de se ruer sur sa proie. Un premier coup, qui ressemblait davantage à une bousculade en comparaison de sa force réelle, arracha un petit couinement à Anna qui ressentait une vive douleur dans l'ensemble de son crâne. Son cri ridicule provoqua les rires de l'assemblée, ce qui eut le mérite d'accroître sa soudaine détermination et sa rage qu'elle se contraignait à aller puiser au plus profond d'elle-même.

Elle réfléchit en vitesse, malgré son manque d'informations et d'expérience, elle se devait de répliquer. Alors, elle songea à ce qu'elle voulait mettre en avant : sa magie. Elle jeta un œil sur les déchets et passa en revue l'ensemble de ses connaissances de cours. Comme quoi tout ce que l'on apprend à l'école ne sert pas à rien !

L'or lui vint en premier ; trop vorace en matière et dense. Le dioxygène, l'eau ; trop gentil. Difluor, diode ; trop dangereux pour elle aussi. Le cuivre, le plomb... parfait bien que plus vorace que l'or. Peu importe, elle avait jeté son dévolu sur ce métal sur lequel elle s'était exercée.

Elle se remémora son numéro atomique : quatre-vingt-deux ; puis se concentra sur le carton pour remodeler électrons, protons et neutrons. Elle esquiva un coup de pied de la part de son opposante sous le coup de l'adrénaline. Fière d'elle, elle se félicita intérieurement de cet exploit, se considérant, selon ses pensées, comme « trop fraîche », mais elle ne perdit pas le fil de son raisonnement pour autant.

Une fois la synthèse achevée, elle ouvrit sa main dans laquelle reposaient de misérables cubes irréguliers de plomb. Il lui manquait seulement une diversion car envoyer ces ridicules boulettes de métal mâchées ne feraient, en soi, pas énormément de dégâts. Elle s'appliqua donc à déplacer un prospectus pour cacher la vue de la femme qui revenait à la charge. Cependant, cela ne l'arrêta pas dans sa course. Anna se jeta sur le côté pour s'étaler de tout son long, alors que l'ange la chargeait. Celle-ci tomba lourdement sur les jambes de l'humaine qu'elle n'hésita pas à écraser de tout son poids pour se remettre sur pied.

Anna profita de l'étonnement de la géante pour lancer de toutes ses forces et avec le plus de précision possible un premier projectile en pleine gorge.

Cette dernière porta une main sur son gosier douloureux avant de fixer la responsable qui se relevait déjà avec une question en tête : « Lui en voudrait-on si elle visait les yeux ? ».

Anna n'eut, hélas, pas l'occasion de mettre à exécution ses plans. On se précipitait de nouveau vers elle, et cette fois-ci, elle ne réussit pas à l'éviter et se trouva sous l'ange qui ne tarda pas à lui asséner plusieurs coups au visage. Le nez dégoulinant de sang, les yeux embués par les larmes, les cheveux en bataille, elle s'accrocha à un dernier espoir à l'entente du fameux mot fatal. Elle durcit un coin d'un carton avec du plomb et l'éjecta sur le crâne de la femme qui se maintenait sur elle.

Un bruit d'os, qui se brise, retentit puis un torrent écarlate dévala le visage de sa tortionnaire. La face douloureuse, à la limite de l'évanouissement, elle se retira de l'étreinte de l'ange pour s'adosser au grillage. Avec le peu de force qui lui restait, elle essaya une nouvelle fois de mouvoir les corps gazeux pour écraser sa boîte mortelle sur le crâne de la géante, elle prenait enfin goût à la vision sanglante de son adversaire qui la chargeait furieusement. La face de l'ange autant rougi par le sang pâteux qui maculait son visage et le pourpre de la colère, prenait les traits d'une furie avec ses yeux bleus injectés de sang et ses cheveux décoiffés. On la tira brutalement pour la séparer de la grille puis elle tomba lourdement après avoir essuyé une attaque traîtresse. L'ange avait déployé ses ailes et sur une l'une d'entre elles une ligne rouge se dessinait. Anna déversa de nouvelles larmes suite à l'amplification de la douleur dans son organe olfactif.

Sa force l'abandonna aussitôt et sa condamnation sortit de la bouche du public. L'ange opta donc pour un marteau en plomb qu'elle compléta avec du fer. Elle avait simplement modelé la matière, car ne sachant aucunement comment synthétiser cette matière. A part le fer, elle ne voyait pas en quoi le reste lui servirait.

L'arme au-dessus de la tête de sa proie, elle la laissa retomber sur celle qu'elle tenait par les cheveux, mais une voix la coupa. C'était Lui.

Elle était douce et faisait aux oreilles le même effet que de toucher du velours, bien que l'on devinât au timbre que le propriétaire forçait pour la rendre grave et impartiale.

« Je la prends ! Cessez le combat ! »

Anna choisit ce moment pour céder à l'inconscient et la gagnante du duel s'écarta. Le marteau venait de disparaître pour rejoindre les autres. La foule hurlait le nom de la victorieuse quand d'autres reportaient leur attention sur celui qui venait d'interrompre le combat. D'autres concurrents entraient sur le ring au même moment où l'on évacuait les précédents.

La transition se faisait dans le chaos le plus total, comme à l'accoutumée.

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Mais qui est-ce donc ?