Chapitre XXV

7 1 0
                                    

XXV — Fin de partie

[...]

L'infirmerie empestait la sueur, le sang, l'antiseptique ce qui ne suffisait pas pour autant à éloigner les quelques téméraires que Damian traînait de force, brandissant l'argument qui les avait inévitablement fait céder : Loren dépérissait, seul, dans ce lieu déshumanisé, déserté de tous, qu'une vieille fée aux pratiques nébuleuses tentait d'égayer quelque peu, en vain, seule une atmosphère pesante, presque malsaine et morbide, demeurait. Pour le remercier, ou du moins avoir un geste décent et attentionné pour, ne serait-ce qu'illuminer ses derniers instants, aucun n'avait pu se dérober à cette sollicitude. Bien qu'ils surent pertinemment que rien ne pourrait égaler sa contribution miraculeuse, ils souhaitaient d'une certaine manière s'acquitter de leur dette.

Damian demanda en premier lieu aux trois qui l'avaient personnellement approché et comme Ydris sortait tout juste de la maladie, ils jugèrent irréfléchi de le faire entrer en contact avec un sujet potentiellement contagieux. Alek, contractant depuis lors une animosité grandissante envers Loren, avait au départ feint le refus que laissait suggérer sa trop ostentatoire indignation. Cependant, Damian ne pouvant aller quelque part sans la compagnie du démon, ce dernier se rangea, sans donner plus d'explication, derrière lui et obéit. Pour une raison inconnue, Erik suivit le mouvement rejoignant Dianne qu'une sérieuse idée taraudait. Elle avait d'ailleurs laissé échapper quelques indices à propos de son tourment au déjeuner — ou dîner, la nuit permanente rendait la différenciation compliquée. Ce fut donc la raison de la brusque irruption d'Örelse, une vingtaine de minutes après le débarquement des précédents qui avaient fait fuir l'infirmière.

Les rideaux en face des deux lits principaux avaient été tirés, camouflant ainsi l'autre partie de la pièce à présent vide. En face, toujours, un peu plus vers la droite, le plan de travail avait été sommairement rangé, la vague s'étant tarie sur le campus. Dans cette pièce d'un calme apparent, Erik s'était adossé sur la partie rigide qui séparait l'espèce de niche de l'infirmerie et l'autre dortoir médical. Puis il n'avait pas ouvert la bouche, préférant observer le carrelage. Dianne et Damian s'étaient positionnés à la droite du lit occupé. Il s'était, par ailleurs, empressé de commencer le récit de l'actualité se demandant quelle force divine pouvait bien les condamner, dès lors Dianne prêta une attention toute particulière aux propos de son ami. Alek, quant à lui, s'était avachi sur le lit inoccupé, séparé d'un mètre environ de l'autre.

Absorbé par sa contemplation du patient qui ne semblait pas accorder la moindre attention au monologue de l'ange, comme en témoignait le drap remonté jusqu'au sommet de son crâne, ne donnant aucun indice sur son état de santé, il fut totalement déconcerté par l'arrivée du fétaud. Celui-ci alla se poster devant la fenêtre, à la gauche du lit occupé par le démon.

« J'ai bien réfléchi Dianne et il y a certains modes opératoires qui pourraient nous être utiles, les informa Örelse.

—Génial ! S'exclama la principale concernée. Quels sont-ils ?

Alek se redressa, subitement intrigué.

—Vous voulez sauver le monde, haha, je vois les enfants. Si vous avez b'soin d'aide, hein...

Sa proposition, nullement sérieuse, fut accueillie d'un hochement de tête de la part de Dianne, mais les réjouissances ne furent que de courtes durées, en effet, la tendance s'inversa lorsqu'Örelse communiqua le moyen le plus efficace.

—Je suis prête ! Annonça Dianne que la nouvelle n'avait ébranlée qu'un instant.

—Il en est hors de question ! Depuis quand le sacrifice est quelque chose de louable et d'enviable ! S'insurgea Damian. C'est la pire idée du siècle.

AnasgallaDonde viven las historias. Descúbrelo ahora