Chapitre XIX.1

6 2 0
                                    

XIX — Par procuration

Musique : "Enchantress" par Two Steps From Hell.

.•°•°•°•°.

 Des visages plus communs apparurent sur ses paupières repliées et elle vécut en accéléré ce qui c'était produit dans sa journée parallèle. L'arrivée juste à temps de Taniel qui s'était rendu au dortoir par les airs, d'où la rapidité du voyage ; Dianne qui s'était empressée de prendre de ses nouvelles le matin venu ; sa tante venue la chercher pour assister à une réunion à laquelle participait l'ensemble des dirigeants, simple prétexte pour parfaire sa formation.

Par souci pratique, celle-ci eut lieu au palais de Sophiá, celui-là même où elle avait passé ses premiers jours sur cette terre.

Vêtu d'une veste, enfilée par-dessus une chemise blanche et un pantalon de tailleur, elle entra dans la salle de réunion. Elle ne percevait pas les pensées de celui qui la remplaçait, ce qui lui permettait de revivre, ou plutôt de vivre, les événements et de se faire sa propre opinion. Cependant, la seule chose qui trahissait la véracité de ce qu'elle vivait, était le fait qu'elle n'avait aucun contrôle sur son corps, elle devait donc garder sa place de spectatrice.

La grande salle, tout en profondeur, des baies vitrées de part et d'autres laissant entrer un peu plus de lumière qu'il n'en fallait pour y voir correctement, plongeait chaque individu dans une mer éblouissante. Cette atmosphère se prêtait excellemment bien à la première délégation que rencontra Anna. La souveraine angélique dominait du fait de sa taille le petit groupe d'humains qui l'escortait sa tante et elle. Entourée d'anges en armure, qui semblaient vouloir écraser de leur regard, en hauteur, ceux qui devaient inévitablement se tordre le cou pour espérer se noyer dans leurs pupilles blanches, la souveraine s'empressa de se présenter devant l'héritière. Dans une longue robe fluide et d'un blanc transparent, reflétait la lumière, de même que sa chevelure blanche, aveuglant presque ceux qui posaient leurs yeux sur elle. Son regard composé de deux disques d'un bleu turquoise, troués de pupilles blanches, l'examinait de la tête aux pieds. Un sourire se dessina sur sa peau basanée. De sa voix rauque, elle la salua. Nihila — elle se souvint du rapide topo que lui avait donné sa tante — lui avoua être curieuse de connaître qui de Kali et elle serait le premier héritier, avant de lui souffler, lorsqu'elle se dirigeait vers une autre délégation, qu'elle misait tout sur elle. Un esprit neuf !

Son attention dériva sur la présidente vampirique, aux magnifiques iris roses, qui lui adressa un sourire radieux de l'autre bout de la pièce. Anna avait eu l'occasion d'observer la large palette d'iris vampiriques, mais elle devait avouer que le rose la saisissait. Les yeux des vampires brillants d'un étrange éclat, des iris de cette couleur pétillaient de malice et d'un certain air enfantin.

Kali, qui assistait, lui aussi, à la réunion avec ses parents, ne prêtait aucunement attention à sa camarade, préférant aller saluer la dénommée Sylva, la mère de Sylvius. Chaque elfe, droit comme un piquet dans un coin de la pièce, scrutait la foule avec soin comme s'ils se trouvaient sur un champ de bataille. Kali échangea quelques politesses avec professionnalisme, ni trop admiratif, ni trop détaché, tout juste le ton qu'il fallait employer.

A l'autre bout de la salle, au centre de laquelle trônait une grande table en bronze, elle aussi en longueur, Alek entretenait une conversation animée avec sa mère qui riait volontiers aux paroles de son fils. Sa soudaine vigueur dénotait grandement de sa précédente mine harassée. Il allait visiblement mieux, ce qui ne manqua pas d'étonner Anna. Le rire envoûtant d'Honorine attirait l'attention sur elle. Sa chevelure d'un noir profond, bien plus que celle de son enfant, se détachait de sa courte robe et de sa peau laiteuse parcourue de veines sombres. Ses lèvres rouges, légèrement entr'ouvertes, laissaient deviner des dents jaunies par l'âge ainsi que quatre canines acérées. Ses yeux injectés de sang toisaient les spectateurs d'un air aguicheur, puis lorsque le désir montait, elle repartit de nouveau dans un fou rire, mais cette fois-ci l'adolescente était persuadée que le succube se moquait d'elle, son expression intriguée ne trompait pas.

AnasgallaWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu