Chapitre Dixième

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Une semaine. Le temps qu'il avait fallu pour que Vincent arrive chez Nicolas avec des cernes que l'amnésique ne lui avait jamais vu auparavant.

« Je t'invite ce soir, prends ta veste on va manger. »

C'était les seuls mots que l'inspecteur avaient prononcés. L'amnésique n'avait pas eu besoin de plus pour comprendre, il lui faisait face. Il le regretta d'ailleurs quand, violemment, tout ce qu'avait vécu son ami lui arriva en plein visage. Après s'être repris des nombreuses émotions qu'il venait d'encaisser il s'exécuta donc. Il avait pleinement conscience du calvaire que son ami avait enduré ces derniers temps. Les informations en avaient longuement parlé, soulignant la lenteur de l'avancé de l'enquête. Les photos de l'inspecteur s'étaient rapidement retrouvées un peu partout. Sur les réseaux sociaux, sous couvert d'anonymat, des insultes et menaces de mort lui étaient adressés, lui reprochant son manque de professionnalisme et son ancien alcoolisme. Nicolas avait été témoin de ce déferlement de haine sans pouvoir rien faire. Il avait appelé Vincent de nombreuses fois, ce dernier lui répondant constamment qu'il n'avait pas le temps et qu'il le recontacterait plus tard. Ce qu'il ne faisait jamais...

Lecompte, après avoir demandé conseil à Atsuko qu'il avait revu pour déjeuner deux jours plus tôt, s'était résolu à attendre que le policier fasse le premier pas. Ce qui venait de se passer pour son plus grand soulagement. Il s'inquiétait pour l'enquêteur. La pression qui pesait sur lui était énorme et si il ne retrouvait pas l'assassin de ces enfants rapidement sa santé mentale en serait, sans aucun doute, affectée à jamais.

Contrairement à l'hypothèse émise par Olivier Gauthier il n'y avait pas eu d'autres meurtres. C'était donc seulement cinq enfants qui avaient perdu la vie... Seulement, c'était le terme qu'avait employé le commissaire. Celui qui avait marqué Richards plus qu'il ne l'aurait admis. Le tel emploi d'un mot ne l'avait pas mis en colère, non. Au contraire. Il avait été glacé. Un homme qui parlait ainsi ne pouvait pas être sain d'esprit. C'était le mot en trop. Celui qui avait fait craquer le policier, celui qui avait fait qu'il ait quitté le bâtiment en ignorant son supérieur. Celui qui l'avait conduit devant la porte de Nicolas. La seule personne de son entourage qui saurait quel sujet il ne faudrait pas aborder...

Les deux hommes se trouvaient donc dans la voiture de l'homme de loi, arrêtés par les embouteillages. Quelques gouttes de pluie commençaient à tomber. Le silence régnait dans l'habitacle froid. Ce n'était pas un silence gênant. C'était un silence reposant. Un silence qui laissait le loisir à chaque esprit de prendre la direction qu'il souhaitait sans se perdre dans la solitude... Vincent ne savait pas réellement où il les conduisait. Il avait dans l'idée de s'arrêter dès qu'il verrait une place de libre pour entrer dans n'importe quel restaurant. Le dîner était juste un prétexte pour emmener Lecompte avec lui. Pour se sortir de la tête les photos des scènes de crimes, les hypothèses morbides, les résultats d'autopsies...

« Et merde, grogna-t-il. Putain de merde. »

Pourquoi ne pouvait-il pas se concentrer sur autre chose ? Était-ce si compliqué ? Faire une pause. Mettre de l'ordre dans ses idées ! C'est tout ce qu'il demandait. Alors, pourquoi n'y parvenait-t-il pas ? Les yeux rivés sur la route il sursauta au contact de la main Nicolas sur son bras.

« On devrait aller prendre l'air, déclara ce dernier d'une voix calme.

— Prendre l'air ? Au milieu de Paris ?

— Non, justement. Je pensais justement à quitter Paris quelques temps.

— Quitter Paris ? Alors que je suis en plein milieu d'une affaire ? C'est impossible. J'ai déjà assez d'articles qui sortent quotidiennement pour souligner mon incompétence...

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant