Chapitre Dix-Neuvième

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Nicolas perdait beaucoup de sang, il en avait conscience. La blessure était profonde et il ne tarderait pas à perdre connaissance si rien ne changeait. L'amnésique avait misé sur une arrivée rapide de Vincent, se contentant de gagner du temps jusque là. Mais il comprenait que l'inspecteur n'arriverait pas assez tôt pour lui sauver la vie... La mâchoire serré il fixait son adversaire, ne répondant pas à sa provocation, il savait que l'autre avait peut-être raison. En attendant il avait toujours un avantage. Il pouvait prédire les coups du tueur, tant qu'il était assez rapide il pouvait s'en sortir...

Alors qu'il esquivait un nouvel enchaînement un vertige le prit et il manqua de peu de tomber au sol. Face à lui Adrian affichait une mise surprise, se demandant pourquoi le gars qui avait réussi à le trouver se mettait subitement à saigner du nez. Face à cette information l'amnésique leva sa main droite juste au-dessus de ses lèvres avant de la regarder. Elle était bien tâché de sang. Ce n'était pas bon signe, il ne savait pas ce que cela signifiait mais il fallait qu'il mette fin au combat rapidement. Relevant les yeux vers Jacinto, qui arborait désormais un sourire triomphant, il prit une décision, il fallait qu'il tente de riposter même si il n'avait aucune connaissance en combat rapproché et que cela l'empêcherait de prévoir les attaques. C'était sa seule chance pour s'en sortir...

« Tu vois, je t'avais dit que tu finirais par crever... Tu m'auras donné du fil à retordre mais sache que je gagnerais toujours...cracha le tueur

— Tu n'as pas encore gagné je te signale...tenta Nicolas essayant de gagner quelques secondes de repos.

— Si... j'ai gagné mais tu n'es pas encore au courant de la nouvelle. »

L'homme sauta en avant son arme fendant l'air à grande vitesse. Nicolas y vit sa chance et après avoir éloigné l'arme de son visage — qu'elle visait — il décocha un crochet de son seul bras encore valide, à savoir le droit. Pris par surprise l'assaillant ne put rien faire et le poing de Lecompte vint se loger sur son nez qui se brisa sous le choc dans un horrible craquement.

L'homme tomba à terre en grognant, se tenant le visage. Il jura intérieurement. Il avait été assez stupide pour baisser sa garde et ne pas prévoir que son adversaire finirait par riposter... C'était idiot. Surtout que son l'inconnu qui était venu sonner chez lui faisait maintenant demi-tour, apparemment bien décidé à fuir. Ce que Adrian ne pouvait pas permettre, l'homme connaissait son identité après tout. Sans plus réfléchir l'assassin jeta son couteau sans prendre la peine de viser, la situation ne lui en laissait pas le temps. En cet instant la seule chose qu'il voulait faire c'était tuer. Il regarda donc son arme décrire un arc de cercle, se maudissant, il l'avait jeté trop haut, elle dépasserait l'inconnu qui avait osé l'importuner.

Du moins elle l'aurait dépassé si ce dernier n'avait pas accéléré le pas pour tenter de sortir du hall vivant. Le couteau vint s'écraser entre l'épaule et le cou du fuyard qui s'écroula instantanément. L'amnésique tenta d'appeler à l'aide alors qu'il se sentait tomber. Sa vision se noircissait peu à peu et il comprit qu'il était en train de perdre connaissance... ou de mourir.

Vincent avait évité deux accidents de justesse et, à côté de lui, Martin Gardi commençait à craindre pour sa vie. Il n'avait pas osé demander plus d'information au conducteur de peur de le déconcentrer et de les faire tous les deux finir dans un mur. En tout cas il comprenait que la situation était critique et se tenait prêt à intervenir dès que le véhicule serait à l'arrêt.

Richards, lui, priait pour ne pas s'être trompé d'adresse tout en insultant intérieurement le temps. Certes il savait cela inutile mais il avait soudainement l'impression que les minutes se transformaient en secondes et que chaque fois qu'il en perdait une Nicolas risquait gros. Il ne l'imaginait pas encore mort, mais cette idée germait dans son esprit. Si l'amnésique avait bien identifié le tueur ce dernier n'aurait aucun remord à l'éliminer, loin de là... Il priait le Dieu auquel il ne croyait pas de préserver son ami. D'abord parce qu'il s'était attaché à Nicolas bien plus rapidement qu'il ne le pensait, ensuite parce que si l'affaire devenait personnel il avait peur de perdre le contrôle une fois qu'il mettrait la main sur le tueur... Un accident était si vite arrivé. Serrant les dents il regarda le nom de la rue dans laquelle il venait de s'engager. C'était une impasse pour l'automobile, même si un chemin piéton continuait devant lui. Il était presque arrivé. Ne prenant même pas la peine de se garer il freina violemment et sortit en trombe du véhicule de fonction.

Suivit de Gardi, son arme de service à la main, il parvint enfin devant l'immeuble qui lui avait été indiqué. La lourde porte en bois qui marquait son entrée était entre-ouverte. Vincent la tira totalement vers lui d'un geste rapide et fut aussitôt assaillie par une odeur qu'il aurait préféré ne pas reconnaître...

Le hall empestait le sang. En baissant les yeux le capitaine trouva immédiatement la source de cette arôme de mort. Il resta un moment sur place sans bouger. Il savait qu'il devrait réagir, qu'il perdait un temps précieux. Mais son corps semblait l'avoir abandonné.

« Oh mon dieu ? Il est mort ? » demanda alors l'officier derrière lui.

Cette remarque eût le mérite de le faire revenir à ses sens. Il se pencha sur le corps de Nicolas qu'il avait immédiatement reconnu. Il respirait encore.

« Non, pas encore... Mais ça ne va pas tarder. Appelles une ambulance et dis leur de se dépêcher. Fais attention le tueur pourrait encore être dans les parages...

— Oui, chef. »

Vincent n'était pas médecin, il n'avait jamais suivit un cursus en lien avec la santé. En cet instant il regrettait amèrement ce manque de connaissance. Une profonde entaille barrait la clavicule de l'homme, une autre son bras. L'arme du crime n'était pas visible. Vincent retira son pull, il était encore en tenue civile n'ayant pas pris le temps de se changer au commissariat, et improvisa un garrot sur le bras gauche de l'homme. Cela il savait le faire. Son écharpe atterrit sur l'épaule du blessé, d'un jaune pâle à la base elle tourna rapidement au rouge. Face à cette vision Richards sentit son cœur se serrer. Il était en train d'assister impuissant à la mort de Nicolas... Sans qu'il en est conscience ses lèvres se mirent à bouger.

« Ne meurs pas... grogna-t-il. Je t'en prie ne meurs pas. Je ne veux pas que tu meurs. Surtout pas que tu meurs par ma faute. D'accord Nicolas. Alors ne meurs pas. »

Il savait très bien qu'il était le seul à entendre ses mots, mais cela participa à l'apaiser. Il devait se concentrer sur autre chose. Pas sur le visage tâché de sang de Lecompte. Pas sur son écharpe et son pull qui avaient perdus leurs couleur d'origine au profit une teinte carmine synonyme de fin. Il croyait avoir entendu Martin lui annoncé que les secours arrivait mais il n'en était pas sûr. Son téléphone aussi sonna... il l'ignora. En ce moment une seule chose comptait à ses yeux, la survie de Nicolas.

Il ne sût pas combien de temps il resta là à genoux, les mains appuyés sur la profonde entaille de son ami, tentant d'empêcher la vie de s'en échapper. Il sentit sur ses mains le liquide tiède et un frisson s'empara de lui. Les secours n'arriveraient pas à temps...pensa-t-il. Les minutes et les heures passaient et personne n'arrivait. Si il avait demandé à Gardi depuis combien de temps il avait appelé de l'aide il aurait appris que cela faisait moins d'une minute. Mais sa perception du temps était biaisé par la présence trop proche de la faucheuse qui ne cessait d'avancer...

Finalement une sirène se fit entendre. Son cerveau comprit qu'il n'avait plus longtemps à tenir.

« Tiens bon...chuchota-t-il. Tu as intérêt à tenir bon. L'aide arrive... Compris ? »

Il n'obtint toujours aucune réponse et une vague de terreur le prit.

Sans comprendre pourquoi il fût tiré en arrière et se laissa faire. Les secours... Les secours étaient là. Vincent fut éloigné du corps de son ami. Il entendait son officier lui parler mais n'y prêta pas attention. Ses yeux étaient fixés sur le corps de Nicolas. De nombreuses personnes l'entouraient maintenant. Ils virent les médecins découper les habits de Lecompte et placer des électrodes sur son torse. Il comprit que le cœur de l'homme s'était arrêté sans même qu'il s'en rende compte. Les décharges électriques parcoururent le corps du blessé qui fut secoué d'un spasme. Richards saisit, en observant les visages des personnes appartenant au corps médical, que le pronostique vital de Lecompte était mal engagé. Ce dernier fût de nouveau secoué par un nouveau spasme.

Les sauveteurs retirèrent alors les fils de métal et placèrent le corps inanimé de Nicolas dans une civière. Civière qui passa juste sous les yeux de Vincent avant de disparaître à l'arrière de l'ambulance.

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