Chapitre Vingt-Quatrième

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Richards quitta l'hôpital et prit le chemin du commissariat. Il avait salué au passage le personnel médical. Il espérait qu'on ne verrait pas sur son visage l'air coupable qui l'habitait. Étrangement cette émotion l'avait étonné, lui qui était habituellement guidé par sa colère, aurait dû être furieux contre Nicolas. Après tout son opération avait été un fiasco à tout point de vue. Se rendre ainsi, seul, chez un suspect aussi dangereux était tout bonnement irresponsable... et dangereux. L'état dans lequel se trouvait actuellement l'homme en témoignait.

De plus, le résultat qui en était ressorti était plus que mitigé. Certes maintenant l'identité du tueur était établie, c'était en soi un avancement dans l'enquête. Néanmoins ce dernier était à présent au courant de la pression qui pesait sur lui, sans compter le fait qu'il avait disparu dans la nature et que le retrouver serait une tâche longue et compliquée, pour ne pas dire impossible. L'affaire avait donc gagnée en difficulté à cause de l'intervention de l'amnésique.

Seulement il savait que Nicolas avait déjà payé son audace... à quoi cela servait d'en rajouter une couche ? Certainement à rien. Sans doute à rien. À rien. Son esprit avait eu une semaine pour arriver à cette conclusion et il s'y tenait. Certes parfois l'envie d'aller hurler à son ami qu'il était le plus parfait des idiots lui prenait. Il parvenait tout de même à se contrôler... D'abord parce jusqu'à présent l'idiot en question avait été dans le coma et que lui hurler dessus n'aurait sans doute servi à rien. Ensuite parce que dès qu'il le voyait sa culpabilité refaisait surface : il n'avait pas su le protéger.

C'était donc avec ces pensées, assez joyeuses, qu'il entra dans son bureau. Ce dernier était vide, l'heure matinale étant en cause. Son équipe n'était pas encore arrivée. Étant donné la tournure qu'avait pris son enquête instaurer une garde était purement inutile. Alors qu'il se laissait tomber dans le fauteuil en cuir qui lui faisait de l'œil il se souvint que c'était en fait le chemin de chez lui qu'il prenait avant que la nouvelle du réveil de Nicolas vienne bousculer ses plans. C'était donc du repos qu'il était censé chercher. L'idée de faire demi-tour pour regagner sont lit effleura un instant son esprit. Mais il était policier, il savait que la première cause d'accident de la route était la fatigue. Il n'allait pas tenter le diable dans l'état dans lequel il se trouvait. Le simple fait de ne pas s'être rappelé qu'il devait rentrer chez lui au lieu de suivre la route habituel du commissariat le prouvait.

Il tenta donc de s'installer aussi confortablement que possible dans son siège et ferma les yeux. Il ne tarda pas à trouver le sommeil, ce dernier était empli de rêve mettant en scène Nicolas dans des situations toutes plus dangereuses les unes que les autres. Et dans tout ses scénarios Vincent arrivait trop tard pour le sauver...

Nicolas se promenait à la frontière de la conscience oscillant entre les deux états. Si, lors de son premier réveil, tout lui paraissait clair, ce n'était plus le cas. Les visages qui lui faisaient face et les mots que ces derniers prononçaient n'avaient aucun sens pour lui. Il lui fallait user de toute son énergie pour se concentrer, et alors il n'avait plus assez de concentration pour comprendre les phrases qu'ils parvenaient enfin à saisir. Aussi il abandonna bien vite ses efforts et laissa le monde tourner sans l'impacter.

D'autant plus que même ses pensées le troublaient. Il n'arrivait pas à les ordonner et son cerveau sautait d'un sujet à l'autre sans pouvoir garder une seule idée en ligne de mire. Cela lui rappelait les premières nuit qui avaient suivit son réveil, il était alors constamment pris d'insomnie suite aux multiples découvertes qu'il faisait quotidiennement. Sauf que les sensations étaient différentes. Cette fois il n'était pas soumis à l'excitation et la peur. Quoique appréhension ne l'avait jamais réellement quitté, elle était simplement enfouie, prête à ressurgir à n'importe quel moment... Cependant, allongé dans ce lit d'hôpital il se sentait nauséeux et affreusement las. Il ne savait pas si il était fatigué ou en pleine forme, réveillé ou endormi, soulagé ou ennuyé. Toutes les émotions se mélangeaient pour créer une mixture au goût étrange.

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant