Épilogue

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Cela faisait un mois que Nicolas s'était évaporé dans la nature sans laisser de trace. Beaucoup trop longtemps aux yeux de Vincent qui envisageait de partir à sa recherche. La seule chose qui l'en empêchait était cette impression que l'homme avait réellement disparu. Il était apparu dans sa vie, l'avait remise en ordre, et une fois le travail effectué s'en était allé. Richards croyait de plus en plus au pouvoir de son imagination, de sa conscience qui aurait pris forme humaine pour l'aider et qui avait réussi.

Sa vie privée s'était améliorée au-delà de toutes espérances. Il s'était réconcilié avec ses enfants et sa femme et ses enfants le voyaient assez régulièrement pour s'habituer à sa présence. À son travail aussi tout se passait pour le mieux, le commissaire Olivier Gauthier avait été muté dans un autre arrondissement plus calme, sur sa demande. Anissa Remords, qui avait refusé de jouer les intermédiaires entre les deux hommes avait hérité du poste et comme se relations avec Vincent était beaucoup plus amicales les journées de Richards étaient moins chargées en tension. Il accordait toujours autant d'importance à son travail dans les heures où il le devait, mais pendant son temps libre il n'était plus obnubilé par celui-ci. Souvent c'était Nicolas qui accompagnait ses pensées. Ce Nicolas dont la réalité disparaissait peu à peu à mesure qu'il s'assurait de l'avoir rêver.

Le jour où il reçut sa lettre, il crut d'abord à une blague. Pour lui Lecompte s'était envolé. Pourtant il avait entre les mains la preuve tangible que tout avait été réel, que Lecompte ne s'était pas mystérieusement évaporé dans l'air. Il sourit en l'ouvrant.

Cher Vincent,

Je ne vais pas te dire où je suis ni quel jour exactement j'écris cette lettre pour t'éviter des problèmes. Je sais que j'ai mis un certain temps à écrire, mais je voulais d'abord m'assurer que personne n'était encore à ma poursuite. Ça n'a pas l'air d'être le cas. Tant mieux. Je me suis mis à rechercher une solution au problème pour pouvoir revenir, un moyen de me défendre et de faire face à la menace. Cela prendra du temps, mais j'en ai encore beaucoup devant moi.

Je visite tellement d'endroits, j'ai l'impression de vivre un rêve. Tu sais que même sans argent les gens sont incroyablement hospitaliers. Mais je pense m'engager dans des petits boulots pour être un peu plus autonome, vu que maintenant j'arrive à peu près à passer pour normal auprès des autres...

Dire que tu me manques serait un euphémisme, mais je me doute bien que tu es déjà au courant de ça. Je dois te remercier une énième fois pour tout ce que tu as fait pour moi. On ne s'est pas connu longtemps, mais c'était intense. J'espère que je pourrais bientôt te revoir. Mais je ne peux rien te promettre...

J'espère que pour toi tout va bien... je ne peux malheureusement pas recevoir de réponse, ce serait trop risqué de t'envoyer mon adresse. Mais je suis sûr que tu t'en sors sans problème. Je suis désolé de t'avoir imposé ma présence et tout ce qui allait avec. Mais je pense que tu ne regrettes rien, en tout cas moi je ne regrette rien.

Cette lettre est un peu courte, mais je ne peux pas trop t'en dire, tu sais parfaitement pourquoi. Je me contenterai donc d'un simple, je vais bien et je t'aime.

Ton (presque petit-) ami Nicolas Lecompte

Ps. Transmet à Atsuko mes nouvelles je veux éviter d'envoyer trop de lettres et elle risque de s'inquiéter sinon.

Pps. Je crois me souvenir que mon prénom, avant de m'être fait envoyé ici, était Augustin. Étonnant hein ? Mais je préfère Nicolas.

Vincent sentit une larme couler le long de sa joue, mais l'ignora. Il n'avait pas rêvé et un jour il reverrait Nicolas. Il s'assit à une table, sortit un stylo et se mit à écrire une réponse. Il n'avait personne à qui l'envoyer, mais lorsque son ami reviendrait il aurait de la lecture. Et lentement, lettre après lettre le tas de papier grossissait dans le placard où il entassait ses missives. Parfois il les regardait en souriant.

« Il se rait temps que tu reviennes Nicolas, autrement tu devras lire jusqu'à la mort » pensait-il. 

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant