Chapitre Trente-et-unième

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Nicolas avait du mal à respirer. Quelque chose ne fonctionnait plus de la même manière en lui. Le même quelque chose qui lui avait donné son don. Il venait de partir sans prévenir. Ou plutôt de se désactiver, du moins c'est le sentiment que cela lui faisait. Il sentit une goutte de sueur couler dans sa nuque et un tremblement le prendre. Sa vision aussi commençait à se troubler.

« Vincent... »

La voix de l'Homme était étouffée, l'appel à l'aide disparaissait dans sa gorge. Le policier regarda un moment impuissant le spectacle qui prenait place devant lui. Ses membres étaient figés, jamais il n'avait vu son ami dans cet état. Il pouvait lire la frayeur sur ses traits. Aucune réaction rationnelle ne lui venait en tête. Il ne trouvait rien à dire, rien à faire.

Ce fut seulement lorsqu'il entendit son prénom qu'il se mit en mouvement. Richards se leva pour prendre la main qui était tendue vers lui et occuper le champ de vision de Nicolas qui semblait désespérément vouloir se raccrocher à quelque chose de familier.

« Hey, je suis là. Calme-toi... Je suis sûr que ça va revenir, dit-il d'une voix posée.

— Non... Je... Vincent, je n'arrive pas à respirer...

— Calme-toi. C'est la panique qui t'oppresse. Mais il faut essayer de ne pas te laisser surpasser, d'accord ? Il n'y a pas de raison de se mettre dans cet état.

— Je....

— Chut, ne parle pas. Attends que ça passe. Ça ne va faire qu'empirer la situation. »

Vincent tentait de rendre le calme à son ami, mais sentait bien qu'il n'y parviendrait pas. Il fallait qu'il appelle un aide-soignant, un professionnel qui pourrait l'aider. Ses yeux faisaient de nombreux allers-retours vers le bouton d'appel au personnel situé de l'autre côté du lit de Nicolas. Il ne pouvait pas l'atteindre de là où il était. Il fallait pourtant qu'il trouve un moyen. Il recula un peu pour tenter de faire le tour du malade, mais aussitôt la main de ce dernier se crispa sur la sienne.

«Reste. S'il te plaît... »

La voix de Lecomtpe était réduite à un murmure, il donnait l'impression d'être sur le point d'éclater en sanglots. Vincent lui présenta son meilleur sourire, celui du policier qui devait rassurer une famille sans avoir la moindre idée sur l'état dans lequel le disparu était.

« Je reste. Ne t'en fais pas. Je suis là et je ne vais pas partir. D'accord ? Je suis là. »

Alors qu'il répétait en boucle les mêmes mots, qui semblaient inutiles puisque la respiration de son ami continuait de s'accélérer et que l'oscilloscope à ses côtés commençait lui aussi à perdre son calme. Les options étaient limitées pour le policier s'il ne voulait pas empirer la situation. Il agit donc à l'instinct, se pencha sur Lecompte, le serrant dans dans ses bras et profita de ce moment pour appuyer, longuement, sur le bouton d'appel à l'aide médical.

Il se rendit compte que c'était sans doute la meilleure décision qu'il avait prise étant donné que Nicolas commençait sérieusement à perdre son calme dessous lui et qu'il était parvenu à l'immobiliser avant qu'il ne se fasse du mal. Vincent ne parvenait plus vraiment à cacher la note de panique de sa voix alors qu'il articulait de vagues tentatives de propos rassurants à destination du blessé.

Sans doute sa vision du temps était-elle biaisée puisqu'il eut la terrible impression que l'infirmier mit une heure à arriver à se rescousse. Ce dernier compris en un clin d'œil la situation, il était habitué à ces situations, et dix minutes après son arrivée et une piqûre dans le bras du patient, Nicolas commençait à se calmer, vingt minutes plus tard il dormait, toujours la main crispée sur celle de Vincent.

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant