Chapitre Dix-Huitième

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Vincent était au bord de l'explosion psychologique. L'angoisse qui l'avait pris lorsque l'appel avait été coupé ne cessait de croître à mesure qu'il approchait du bâtiment où il travaillait. Il avait déjà contacté Romane pour qu'elle lui indique l'adresse des personnes suspectes dont-il avait donné les noms à Nicolas. L'amnésique l'avait pourtant informé de l'identité du tueur. Mais son cerveau n'avait pas réussi à assimiler l'information et cela le mettait dans une colère noire... Il aurait pu gagner tellement plus de temps si seulement sa mémoire n'avait pas décidé de lui jouer des tours.

Il finit par atteindre le parking du commissariat sain et sauf, malgré sa conduite dangereuse. Sans prendre la peine de verrouiller sa voiture il s'engouffra dans l'édifice et monta dans son bureau en courant, devant le visage médusé de ses collègues. Toute l'équipe qu'il avait engagé l'attendait déjà avec un regard interrogateur.

« Vincent ! Voila les adresses que tu m'as demandé, annonça directement Romane en lui tendant une feuille. Qu'est ce qu'il se passe ?

— Il se passe que j'ai peut-être trouvé une piste... »

Les yeux du capitaine parcourait le papier en espérant retrouver le nom que lui avait énoncé Nicolas. Adrien ou Adrian ? Les deux prénoms appartenaient à des suspects... Tant pis, il fallait qu'il envoi une autre équipe, il ne pouvait pas se démultiplier et il savait que le temps jouait contre lui.

« Romane rends toi à cette adresse avec un agent ! Vérifie juste que tout va bien d'accord ? Au moindre problème appelle moi, je vais rendre une petite visite à l'autre. »

La femme ne se préoccupa pas de savoir qui était cet autre, elle comprenait que quelque chose c'était passé, ou était en train de se passer, il fallait donc agir vite.

« Nous n'avons pas de mandat d'arrestation ou quoique ce soit dans le genre... fit-elle remarquer.

— Je ne te demandes pas de l'arrêter juste de vérifier que tout va bien. Si il paraît normal n'insiste pas et fait demi-tour. Mais il faut agir rapidement. Gardi, avec moi ! »

Le jeune homme qui n'était pas habitué à voir son chef de cette manière mais qui était, en revanche, habitué à recevoir des ordres s'exécuta immédiatement. Richards parcourut en sens inverse le chemin menant à sa voiture. Il ne courrait plus, il était trop essoufflé pour cela, mais il marchait tout de même vite. Martin Gardi s'était adapté au rythme facilement. Il avait le parfait physique d'un policier américain, grand, musclé, avec des cheveux bruns clairs et des yeux bleus. Si il n'avait pas une tâche de vin qui lui recouvrait la moité gauche du visage sans doute aurait-il pu devenir mannequin...

Le jeune homme venait d'être muté sur le commissariat de Vincent et avait aussitôt commencé à travailler pour l'inspecteur. Le nouveau avait vite compris que si un jeune tel que lui avait pu faire partit du groupe s'occupant des meurtres d'enfants qui avaient fait trembler tout l'hexagone c'était que le poste avait du mal à être occupé. Lui n'avait pas eu le choix, mais n'aurait jamais pensé à quitter le groupe pour autant. C'était une chance pour lui de montrer ce qu'il valait. Même si Richards se faisait appeler inspecteur ce grade n'existait plus dans la police française et en réalité il était capitaine. Beaucoup de personnes utilisaient encore cette expression désuète à cause de son omniprésence dans la culture populaire, notamment à travers les séries télévisuelles américaines, mais aussi parce que la loi modifiant les grades n'étaient pas si ancienne que cela et que Vincent avait effectivement été un inspecteur à un moment de sa carrière. Martin n'était qu'un brigadier de police, l'un des rangs les moins importants et gratifiant... Et comme toute personne dans sa jeunesse, il lui tardait de monter les échelons. Aussi était-il déterminé à donner le meilleur de lui-même lors de cette enquête.

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