Chapitre Vingtième

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Une semaine. Cela faisait une semaine que Nicolas Lecompte avait été admis à l'hôpital pour une blessure mineure au bras et une lésion majeure à la sous-carotide. Il avait passé ses deux premières journées entre la vie et la mort avant que son état ne se stabilise enfin. Plongé dans le coma, aucun médecin n'était capable de prédire quand est-ce qu'il se réveillerait... si il se réveillait un jour. L'homme avait perdu beaucoup de sang et avait déjà échappé à la mort in-extremis.

Le combat qu'il avait mené avait grandement intéressé les médias. Et bientôt les rumeurs commencèrent à émerger sur l'identité de son assaillant. La présence du Capitaine Richards à ses côtés avait participé à déchaîner la curiosité des journalistes. Après tout c'était l'homme qui était en charge de l'enquête sur les meurtres d'enfants dans le centre de Paris. L'affaire, qui s'était quelque peu tassé, revint sur le devant de la scène à la manière d'une seconde vague de tsunami, plus violente que la précédente, submergeant toutes les informations secondaires sur son passage. La pression sur les épaules de Vincent était donc revenue, encore plus importante que le mois précédent.

Alors, les journalistes tentaient de l'interroger dès qu'il mettait le pied en dehors d'un bâtiment, et ce en dépit des divers communiqués effectués par la police pour nourrir la faim insatiable des médias. Pourtant, ce n'étaient pas les seuls à en vouloir après l'inspecteur.

Le commissaire Olivier Gauthier était également hors de lui. Après s'être penché sur l'incident dont avait été victime Nicolas. Le fait qu'il est été retrouvé dans le hall d'entrée du suspect principal de l'affaire n'avait pas arrangé la situation. En effet l'appartement d'Adrian Jacinto avait été fouillé de fond en comble. Son ordinateur avait été retrouvé brisé sur le sol et plusieurs documents semblaient avoir été brûlés avant d'être jeté dans les toilettes de l'habitation. Aucune preuve n'avait donc été trouvée pour assurer définitivement la culpabilité de l'homme. Seulement, le simple fait qu'il ait souhaité faire disparaître des informations le maintenait à sa place de principal suspect.

Aussi un avis de recherche national, puis européen, avait été lancé à l'encontre de Jacinto qui n'avait pas donné signe de vie. Ses voisins informèrent les forces de l'ordre qu'il avait quitté les lieux le jour de l'agression sans pouvoir préciser si cela était avant ou après. Vincent savait que c'était Adrian qui avait blessé Nicolas. Il savait que c'était lui qui avait tenté de le tuer avant même de recevoir les résultats ADN de certaines traces de sang relevés sur les lieux du crime. En effet mis à part la flaque vermeille dans laquelle baignait l'amnésique d'autres gouttes du liquides rougeâtres avaient été trouvés et pouvaient appartenir à l'agresseur de son ami. Richards était sûr que Adrian avait tenté de mettre fin au jour de Lecompte qui était le seul à connaître son secret... Mais il était également persuadé d'autre chose, d'un détail qui ne pouvait laisser son esprit en paix. Le fait qu'il ait sûrement croisé le tueur en portant secours à Nicolas.

En effet le corps médical lui avait annoncé qu'une telle blessure donnait la mort seulement trois minutes trente après avoir été infligée. Et ce uniquement si c'était la seule blessure dont l'homme était atteint. Or ce n'était pas le cas. Lecompte avait déjà perdu beaucoup de sang suite à une profonde entaille dans son avant bras. Autrement dit, sans l'intervention de Richards qui avait ralentit l'écoulement du sang l'amnésique aurait pu espérer survivre seulement deux minutes de plus... voire une minute trente. Ce qui signifiait que son agresseur venait à peine de quitter la scène lorsque le capitaine était arrivé. L'immeuble ne comportait pas d'autres sortie, donc Adrian avait emprunté la porte principale avant de disparaître dans l'anonymat de la Ville Lumière. Il avait eu largement le temps de trouver un endroit où se cacher durant les vingt-quatre heures de chaos qui avaient suivi la découverte du corps mutilé de Nicolas... Si Vincent avait eu les idées moins embrouillés par la peur panique d'avoir participé à la mort de son ami sans doute aurait-il eu la présence d'esprit d'ordonner tout de suite la recherche du fugitif. Mais il ne l'avait pas fait.

Le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant