5. Bain de minuit (3/4)

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Tout le reste de la soirée fut bruyant et tourbillonnant. La seule chose dont je me rappelle, c'était de m'être isolée un moment, assise sur le canapé qui avait été repoussé contre le mur. Je devais sûrement penser à quelque chose, ou à quelqu'un, peut-être Dimitri, dont j'essayais d'imaginer la vie lycéenne. Dans quelle région de France était-il ? Flirtait-il avec une jeune fille, comme Elie et Edouard au même instant ?

– Ô Amanda Laracello !

Killian surgit à côté de moi. Ses bandelettes ne tenaient plus beaucoup, je pouvais voir une partie de ses pectoraux nus en dessous. Un de ses bras était complètement nu, des gouttes de sueur apparaissaient sur le bronzage. Musclé, pour un jeune garçon.

– Cool, ta soirée, dis-je encore sous l'effet de la vodka.

– Tu sais, on a parlé avec les gars de la classe, dans le classement, on trouve que t'es la plus belle.

Je rougis tout en explosant de rire. Gênée ou flattée. Un peu des deux.

– Sérieux, t'es trop mignonne.

Il appuya son propos en commençant à me chatouiller. Puis posa ses mains autour de ma taille. Ce fut très rapide mais j'eus le temps de sentir à quel point il avait chaud. C'était comme des bouillotes à travers ma robe. Je continuai de rire et me relevai, aussi pour me dégager. Killian n'insista pas plus.

Quelques minutes plus tard, et sans surprise, Laura me retrouva aux toilettes et sauva in extremis la perruque blonde que j'avais retirée à côté de la cuvette.




L'estomac plein et une sieste plus tard, nous nageâmes une bonne heure avant de se retrouver à Rotorua. C'était l'un des meilleurs endroits pour découvrir la culture maorie. Dans le village, hommes et femmes néo-zélandais partageaient des pans de leur culture. Laura et Anne restaient sous le porche ouvert d'un wharenui, une habitation traditionnelle. Une femme tressait des feuilles de cocotier pour en faire un panier. Elles étaient fascinées par la douceur de ses gestes, de son regard et de sa voix, bien qu'elles ne comprennent pas un mot.

Mais Marion, elle, avait littéralement fondu pour les dieux maoris qui dansaient plus loin. Bien que Yohann se soit assis à côté d'elle, elle n'avait d'yeux que pour les corps musclés qui se mouvaient dans le rythme des chants.

–  Faites-nous une place, les jeunes, dis-je.

Ils se décalèrent. L'arrivée de mon fessier sur un rondin de bois se fit sans grâce. Dimitri s'assit juste après moi, avec beaucoup plus d'élégance. C'était plus fort que moi, je me disais parfois que nous étions moins bien assortis que lui et Chloé. Je repoussai cette pensée ridicule.

– Je crois qu'on a perdu Marion, expliqua Yohann.

– Sois pas jaloux, Yoyo ! rétorqua-t-elle sans cesser de suivre un dieu maori du regard.

– Peut-être que tu auras plus de chance si tu te joins à eux, Yoyo, suggérai-je en reprenant le surnom dont l'avait affublé Marion.

– Ne me tente pas.

Finalement, il se leva et se mêla aux danseurs sous le regard éberlué de nous trois. Puis Marion éclata de rire.

Les maoris l'inclurent dans la fin de leur chorégraphie, ils s'en amusaient. Yohann n'était pas de ceux que l'on remarquait pour leur souplesse. A la fin, ils l'entraînèrent pour boire une bière.

– Eh, Dimitri, viens avec nous, laisse les filles tranquilles !

– Ok, on vous retrouve à l'Elysium ! Ok ?

– Mais oui, Dim'. Profite de ton pote.

Laura et Anne vinrent à nous.

– Vous avez vu ce qu'on a vu ? demanda Laura à Marion et moi.

– Oui, Yohann s'est découvert un nouveau talent.

Nous décidâmes de pousser plus loin la promenade.

La cerise déconfiteWhere stories live. Discover now