14. Crépuscule (2/5)

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Le lendemain matin, je me réveillai avec la pensée unique de tout dire à mon mari. Je le retrouvai à la table du petit-déjeuner, en compagnie des autres qui écoutaient Robine :

– Je vous emmène là, si ça vous dit. Milford Sound a plein de visages. Ces paysages sont différents et changeants.

Les gars hésitaient, cette journée était plus ou moins dans l'esprit quartier libre.

– Je vous laisse réfléchir, dit la belle rousse avec sa bonne humeur communicative.

Nous terminâmes de manger nos tartines. Robine était déjà en train de sortir la voiture logée dans le garage arrière de l'Elysium. Nous n'avions jamais eu l'occasion de nous en servir. Elle n'avait que cinq places. Mais comme seules Laura et moi voulions aller sur le point de vue que proposait Robine, nous laisserions le camping-car aux autres pour l'après-midi. Yohann se réjouissait déjà pour le jacuzzi.

J'allais dans la salle de bain, espérant rejoindre Dimitri et lui parler mais il en ressortit au bout de deux minutes, pour me laisser la place.

– Ça va ? demanda-t-il sur le pas de la porte.

Ma gorge était sèche, je secouai la tête au rythme de ma brosse à dent.

Je le rejoignis enfin dans la chambre.

– Je sens bien que quelque chose te tracasse.

– Oui, écoute, Dimitri, je ne voulais pas t'inquiéter, mais depuis notre arrivée à Auckland, j'ai reçu des menaces.

Son visage blêmit, j'enchaînai tant que j'avais le courage de continuer, évitant de croiser son regard pour le malaise que ça me procurait :

– On me met en garde, on est entré dans notre chambre en laissant des exemplaires de mon livre éventrés et maintenant le saccage de la salle de mariage...

Il explosa :

– MAIS POURQUOI TU NE M'AS RIEN DIT ?!!

C'était la première fois que je l'entendais me parler comme ça. Mon sang ne fit qu'un tour, je me retins de le gifler tant je le prenais pour une agression.

Je venais d'échapper à la mort, et voilà qu'il s'insurgeait.

– J'en ai marre ! J'me barre !

– ATTENDS !!!

Je courais dehors. Alertés par le bruit les autres me regardaient.

Je sautai dans la voiture, enclenchai le moteur. Robine était côté passager à ranger la boîte à gant.

– Vite ! Laura ! On part !

Laura se posa derrière moi. Robine claque sa portière et s'attacha, au garde à vous quand l'autre s'ouvrit.

– On prend la clé des champs sans moi ?

– Marion ?

– L'heure est grave, je le sens.

– AMANDA ! ATTENDS ! J'AI...

Je montai la vitre et écrasai la pédale d'accélérateur.

– Ce qu'elle est tendue ! ironisa Marion.

Laura semblait gênée pour Dimitri. Tout comme Robine. Il courait derrière le nuage de poussière. Mais elles avaient pris mon parti, et nous nous éloignâmes de l'Elysium.

– T'inquiète, Anne et Yohann vont le raisonner, dit Laura.

– Pour l'instant, je me fous de lui !

Je me mentais à moi-même.

– Tu nous racontes ?

Alors je fis un résumé aux filles de notre entrevue. Un récit que je ponctuai d'un :

– Tu vois, j'aurais mieux fait de ne rien dire !

Que la situation était absurde. Nous allions en balade, après une méga dispute entre lui et moi, en plein voyage paradisiaque... J'avais les boules.

La cerise déconfiteWhere stories live. Discover now