11. Cicatrices (4/4)

1.4K 215 49
                                    




Nous quittâmes l'île du Nord dans la nuit. Après un demi-sommeil, Robine nous informa que nous approchions déjà du parc national Abel Tasman. Sur le matin, Dimitri et moi somnolâmes bien plus profondément et lorsque l'Elysium s'arrêta sur le Holiday Park, la jeune femme dû répéter l'annonce d'arrivée.

Devant ma tasse de café, je peinais à ouvrir grand mes yeux, tout le contraire de Marion, fraîche comme un gardon, qui souriait d'allégresse.

– Tu n'es pas dans ton état normal ? lui demanda Dimitri.

– Je crois que je suis amoureuse, déclara-t-elle.

Maintenant, je connaissais trop bien Marion pour savoir qu'elle ne mentait pas, et aussi qu'elle s'amusait de sa réponse, sachant que Dimitri n'était pas à l'aise avec les confessions intimes des autres. Il regrettait d'avoir posé la question, ne sachant pas quoi répondre.

– Ne me dis pas que c'est ce pauvre Maori ? demanda Yohann.

– Il a un prénom. Et oui, c'est Angus.

– C'est super ! dis-je.

– Oui... mais je ne vais pas pouvoir le ramener dans la soute.

– Ah, les amours de vacances... ajouta Anne, songeuse.

– Tu ne le connais même pas, se moqua Yohann.

– Yoyo, toi et les subtilités... répondit-elle, pas du tout touchée. Je sais bien que je ne vais pas faire ma vie avec. Quoi que...

– Bon, Robine, ça se passe comment aujourd'hui ? demanda Yohann pour ne pas avoir à continuer cette discussion.

La jeune femme nous expliqua qu'aucun véhicule n'était admis dans le parc national afin de préserver la nature. Elle allait donc nous laisser rejoindre à pied notre guide pour les deux jours et nous retrouverai après. C'était le parc le plus visité de Nouvelle-Zélande.

– Je vous retrouve demain soir, pour la fête du village.

Nous débarquâmes tous avec nos sacs à dos. Un guide nous fit signe lorsque nous nous approchâmes d'un des départs de circuits. Nous allions faire celui qui longeait la côte. Les plus belles criques sauvages du pays se trouvaient là, et elles faisaient face à la beauté des chemins arborés.

Nous commençâmes notre marche sans plus attendre, d'un rythme tranquille. Le guide expliquait que le kiwi ne volait plus depuis des siècles du fait de l'absence de prédateur sur l'île lorsque Laura vint me parler :

– Alors, Dimitri l'as pris comment ?

– Je ne lui ai pas parlé de l'intrusion dans ma chambre, ni des livres abîmés.

– Ah, je croyais, vous vous êtes absentés vite hier soir. En tout cas j'y ai repensé. C'est flippant de savoir que quelqu'un a acheté plein d'exemplaires de ton livre, juste pour les déchirer, et sans avoir peur d'entrer illégalement à bord de l'Elysium. Et vu le nombre d'exemplaires, ils étaient sûrement deux.

– Je pense que je vais prévenir les autorités du pays.

– C'est une bonne idée !

– Mais avant ça, profitons de ces deux jours ici.

Un éclat de rire de Dimitri attira mon attention. Lui et Yohann riaient encore pour je ne sais quelle raison. Marion et Anne, étaient loin devant, avec le guide. Laura et moi nous rapprochâmes des deux gars.

– Vous pouvez partager ? On veut bien rire aussi, dis-je.

Dimitri était pris d'un hoquet tellement il riait :

– Rien, rien, un truc entre nous, vous ne pourrez pas comprendre.

Je fus vexée.

– Bon, je t'emprunte ton pote, désolée, dis-je en prenant Yohann par le bras pour continuer la marche.

Dimitri trottina jusqu'à Marion, Anne et Laura qui avait pris de l'avance.

– Comment tu vas ? lui demandai-je.

– Très bien.

– Que penses-tu de notre guide ?

– Pas mal, mais j'ai vu mieux.

Yohann, sans se rendre compte que je le scrutais, dévoila quelque chose que j'avais sentis : un regard pour Dimitri que je trouvais sans équivoque.


Notes à moi-même :

1. Retrouver l'historique de mes conversations MSN.

2. Recharger ma batterie-téléphone de secours (encore).

3. Ecrire un article sur le harcèlement scolaire.

4. Jeter un œil à la série 13 Reasons Why.

La cerise déconfiteWhere stories live. Discover now