18. Ferry surprise (2/3)

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Laura s'avachit près de moi, deux verres de cocktails à la main.

- Pour toi, Amande !

- Ma meilleure amie, dis-je en posant un baiser sur sa joue.

- Ouh, toi tu vas beaucoup mieux, dit-elle.

- C'est vrai.

Nous sirotâmes quelques gorgées. Puis je lui dis :

- Désolée, Laura. Je sais que tu voulais voir le décor de Narnia.

Je parlais de la plage de Coromandel, l'une des plus belles du monde, avec une arche. Nous pouvions la voir dans ce film de fantasy adolescente, et surement dans d'autres. Laura fit non de la tête, faisant rebondir ses longues boucles d'oreilles sur ses joues. Ça lui donnait un air comique.

- Je serai bien ingrate ! Vous nous avez quand même offert un séjour dont on se souviendra longtemps.

Puis, moins sérieusement, elle ajouta :

- J'ai les photos d'Hobbiton pour me consoler. Le Seigneur des anneaux est mille millions de fois plus important que Narnia.

Ma meilleure amie décida de me les montrer. Anne l'appela pour lui montrer quelque chose qu'elle observait au loin, face à la baie vitrée. Je faisais défiler les nombreux clichés. Au début du séjour, nous étions bien pâlots. Les photos dans l'avion, l'arrivée à bord de l'Elysium (Laura avait pris le camping-car sous toutes les coutures, même chacune des pièces à l'intérieur), puis les premières escapades.

Effectivement, il y en avait un paquet sur le village des Hobbits : les maisons, les détails, les fleurs, et nous-mêmes. Des photos de groupe. Je m'attardai surtout sur ces dernières. Laquelle choisirai-je pour une impression grand-format ?

La meilleure semblait celle que nous avions prise près du porche. Je scrutai les visages de chacun, manque de chance : Yohann fermait les yeux. Je passai de l'une à l'autre, pour finalement hésiter entre deux photographies d'où l'on voyait les collines avec les portes rondes en arrière-plan. Si nous ne regardions pas tous l'objectif, nous étions naturels et heureux. Il y avait deux visiteurs au loin, tant pis. Je zoomai.

- Ton appareil photo est plus performant que le mien. On peut zoomer de beaucoup, dis-je à Laura.

Une femme de profil s'essuyait le nez avec sa main, ce qui m'amusa. Puis sur la droite, un homme, adossé à un arbre, semblait nous regarder. J'agrandis au maximum. C'était assez flou mais malgré son chapeau et ses lunettes de soleil, je trouvais dans les traits de son visage quelque chose de familier, sans pour autant mettre le doigt dessus.

- Amanda, Laura, vous venez avec moi en bas ? Anne et les gars préfèrent rester ici.

Laura fut la première à répondre :

- On n'a pas souvent l'occasion de profiter d'un voyage en VIP, fanfaronna-t-elle en caressant le fauteuil en cuir dans lequel elle s'enfonçait, cocktail en main.

Je trouvai l'idée de Marion bienvenue, car je voulais voir du monde, de la foule, un comble pour moi qui avait fini par en être écœuré à Paris.

Nous allâmes donc au pont inférieur, pour flâner dans les boutiques du Ferry.

La cerise déconfiteWhere stories live. Discover now