10. Succès (1/2)

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Je refermai la porte derrière moi et envoyai un message à Laura : « Viens tout de suite dans ma chambre ! »

Ma meilleure amie entra moins d'une minute après. Sa tong glissa sur un des livres.

– Mais c'est quoi ce bazar ? Mais... Amanda, c'est ton bouquin !

– Faut croire que j'avais raison d'être parano, dis-je dépitée. Je visais seulement la mauvaise personne.

Devant son air perplexe, j'ajoutai :

– C'est Chloé, pas Robine ! J'ai beau avoir modifié les prénoms, ce livre est un assassinat à sa personne.

Je saisis un autre exemplaire. Ce que j'avais dans les mains révélait toute la violence dont avait fait preuve le vandale. Un sbire de Chloé ? Elle-même ? Je frissonnai.

– Pas de raccourci trop hâtif, tenta Laura en essayant d'apaiser la tension qui régnait dans la pièce.

Faire écouter l'imitation de Madonna par Florence Foresti à un sourd aurait été aussi efficace.

– Tu peux aller me chercher Robine ? demandai-je en m'asseyant sur le lit désordonné.

– Sage décision, c'est un bon début !

J'entendis les éclats de rire de Dimitri et Yohann par la fenêtre ouverte.

– Non, attends ! Aide-moi à remettre de l'ordre.

– Ça ne peut pas attendre ?

– Je ne veux pas que Dimitri s'inquiète !

– Sans vouloir t'alarmer, c'est la deuxième fois que quelqu'un s'introduit illégalement à bord de l'Elysium. Et ce message est une menace bien plus flippante que la première. T'es sûre que c'est une bonne idée ?

– Pour l'instant, oui. Dimitri est déjà en pétard à cause du match de beach-volley avec Ben.

– Okay, mais si je sens que ça empire, je ne me gênerai pas pour lui dire.

Avec Laura, nous fîmes le tour de la pièce en ramassant les objets éparpillés. Elle compila les livres en deux piles, je refis le lit au carré, ordonnai les chaussures et repliai les vêtements. Dix minutes plus tard, il ne restait plus aucun signe de désordre. Quand je devais faire le ménage chez moi je n'étais pas si rapide !

– Qu'est-ce qu'on fait des livres ?

– Sous le lit. Calons-les pour éviter qu'ils bougent pendant le voyage, je les jetterai à la première occasion.

– Ou alors un barbecue improvisé à 3 heures du matin !

Dans le couloir, Rob nous interpella :

– Les filles, vous venez prendre un verre ?

Laura ouvrit la porte.

– Tu tombes bien, Robine. Tu peux venir ?

La jeune femme avança d'un pas rapide jusqu'à nous et entra, son éternel sourire fixé entre ses deux oreilles.

– Robine, est-ce que tu t'es absentée de l'Elysium ?

Elle nous regarda, l'air inquiet.

– Ce n'est pas une question piège. Tu as le droit de faire ce que tu veux pendant que nous n'avons pas besoin de tes services.

– Je suis allée à la piscine en début d'aprem et en ville ensuite.

– L'Elysium était fermé à clef ?

– Bien entendu ! Pourquoi ?

– On a déposé quelque chose dans ma chambre.

– Vous êtes sûres que c'était aujourd'hui ? demanda-t-elle en se tournant vers Laura comme pour trouver un soutien.

– Certaines.

– Ce n'est pas ton mari ?

– Non. J'imagine qu'il n'y a pas de caméras dans la chambre ? demandai-je.

– Seulement côté chauffeur, pour voir le tableau de bord et la route.

– Tu as ouvert les fenêtres quand ?

– En revenant, après avoir tout installé.

– On aurait pu s'introduire à ton insu ?

– Peut-être, quand j'étais devant.

Je m'approchai d'elle.

– Robine, est-ce que j'ai fait quelque chose ?

Elle me regardait sans comprendre, tout sourire avait disparu et sa voix devint plus basse.

– Euh, comment ça ?

– Tu as des raisons de m'en vouloir ?

Laura, elle, gardait les bras croisés en assistant à notre échange.

– Amanda, non, je... je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'on est venu déposer ?

– Je reçois des menaces, voilà ce que c'est ! dis-je plus sèchement. Sauf que ça arrive alors que l'Elysium est sous ta responsabilité.

Je ne voulais pas trop en dévoiler, voir si quelque chose la trahirait.

Les yeux de Rob commencèrent à briller. Elle se reprit :

– Je... si vous voulez je resterai à bord du véhicule sans arrêt. Je m'excuse si j'ai failli à mes engagements. Tout se passe toujours très bien d'habitude. Je fais attention à tout, je surveille les alentours, je vérifie les pièces. Après je ne rentre pas dans les chambres, je vérifie juste que les portes ou fenêtres n'ont pas été forcées en mon absence. Mais, je vais redoubler d'effort. Amanda, j'ai besoin de ce travail, si tu me renvoies...

– Ce n'est pas mon intention. Mais te suspecter est normal.

Elle ne partageait clairement pas mon avis.

– Quoi ?

– J'ai une confiance aveugle en mes amis, ma chambre était dévastée il y a quelques minutes et tu étais seule par ici.

Robine expliqua, essayant de garder son calme malgré sa voix vacillante :

– Il y a eu du passage aujourd'hui. Au moins cinq camping-cars ont circulé. Je fais juste mon job, et il n'y a rien qui justifierait une animosité envers l'un de vous. Dimitri est venu me chercher pour m'engager, et je ne vous connais pas ! Par contre, je connais mes qualités et je sais que je ne suis ni impolie ni associable. Si vous voulez faire une fausse déclaration pour des questions d'assurance, autant me le dire tout de suite !

Sous le coup de l'énervement, elle reprenait du poil de la bête, au moins quelques secondes. Plus la conversation avançait plus c'était absurde. La pauvre Robine n'avait clairement pas le profil. Et la voir si fragile et vexée, si loin de la pétillante femme toujours de bonne humeur, me fit culpabiliser.

– Excuse-moi, Robine, de t'avoir bousculé mais je préfère m'assurer de ta bonne foi.

Elle regarda Laura qui tenta un sourire bienveillant.

– Je resterai toujours à bord quand l'Elysium sera ouvert. Ça ne se reproduira pas ! Mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils n'ont rien volé.

Elle reprenait des couleurs. Nous la laissâmes repartir mais avant je me permis de la serrer dans mes bras, histoires de briser l'air glacial que je venais d'instaurer.

– Ce malaise... confirma Laura, une fois toutes les deux. J'ai cru qu'on avait atteint le pôle Nord !

– Génial, en plus de tout ça je vais m'en vouloir de l'avoir mise mal.

– Oui, enfin, tu te débrouilleras plus tard avec tes états d'âme. En attendant, mauvaise blague ou non, ça fait deux intrusions illégales, et tu es clairement visée.

– Qu'est-ce que je fais ?

– Ecoute, on va bouger, on est tout le temps en groupe, ça devrait le faire. On va surveiller si on n'est pas suivi. Chloé, c'est quand même un peu gros, non ?

– Non, Chloé, ça n'a rien de « gros ». Tu sais quoi ? Je vais l'appeler. Je préfère en avoir le cœur net.

La cerise déconfiteМесто, где живут истории. Откройте их для себя