11. Cicatrices (3/4)

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Ma mère ouvrit la porte avec fracas et se jeta sur moi pour me faire lâcher le bout de verre. Je n'avais pas eu conscience de leur retour, et elle avait entendu le choc sur la glace.

– Qu'est-ce qui te prend, Amanda ?! Qu'est-ce qui te prend ? cria-t-elle.

Elle somma mon père de rester en bas avec Léo. Personne n'y comprenait rien. Moi, je pleurais en tremblant et regardai la blessure sur ma main pour avoir trop serré le poing. Et la légère entaille sur ma joue.

– Qu'est-ce qui t'arrive ? répéta ma mère en essayant de me prendre dans ses bras, comprenant que mon corps ne désirait qu'une protection.

Les larmes sur mes joues étaient chaudes.

– Tu es brûlante, dit-elle en embrassant mon front. Attention, aux verres, assieds-toi. Calme-toi, raconte-moi !

Ma mère facilement paniquée fit preuve d'une grande force dans ce chaos. D'autant plus que je n'étais pas le genre de fille à faire des crises.

– Amanda, il faut que ça sorte. Qu'avais-tu l'intention de faire avant que je rentre ?

Je murmurai, la joue blottie contre son sein alors qu'elle m'entourait :

– Me défigurer.

– Te défigurer ?! Tu es folle ! Pourquoi ? Mon bébé, mais qu'est-ce que tu as ? Tu es si belle !

Je m'énervai :

– Je ne veux pas être belle ! Je veux juste être aimé, juste... je ne veux pas être belle, ils sont tous... ils sont... je n'ai rien fait, je...

Les sanglots me submergèrent. Je racontai en partie ma terrible journée, je n'étais pas prête à tous dire et taisais donc le crachat.

– Ecoute-moi, des cons il y en aura toujours. Ils trouveront toutes les raisons. Jaloux, fous, cons... Ce sont eux les plus malheureux au bout du compte. Des gens toxiques à éviter. Personne ne peut justifier tes larmes !

Il nous fallut presque un mois avant que les choses rentrent dans l'ordre, que je ne sursaute plus au moindre mouvement dans le bus et que je reprenne une routine lycéenne appréciable. En m'entourant des bonnes personnes, en sortant de plus en plus le week-end. Plusieurs fois je me laissais aller avec Killian, acceptant sa bienveillance à mon égard et ses baisers tendres. Peut-être avec le temps allai-je tomber vraiment amoureuse de lui, après-tout...

Dimitri avait écouté, son regard s'était durci et je le sentais fébrile d'émotion.

– Tu sais, Am', je pensais encore souvent à toi au lycée, et ce, malgré mon couple avec Chloé... Si j'avais su que tu traversais cette épreuve à ce moment-là...

– C'était il y a longtemps. J'étais si jeune, encore trop naïve, trop fragile. Maintenant bien entendu je ne réagirai pas de la même manière. Avoir voulu me faire du mal, c'était insensé.

– Mais, qu'est-ce qui t'as fait repenser à ça ?

Je ne voulais pas tout dire.

– Et si... le succès de mon livre... avec les détracteurs et tout...

– Dis-toi que seuls les gens que tu aimes peuvent te faire du mal.

Sur ce, il m'embrassa et nous nous endormîmes l'un contre l'autre.

La cerise déconfiteTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon