12. Danse toute seule (4/5)

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Le lendemain, nous poursuivîmes notre promenade le long de la côte. La lande de nuages cotonneux rendait le ciel encore plus vaste mais n'empêchait pas le passage de longues éclaircies. Les couleurs du paysage changeaient sans cesse, l'eau turquoise, les nuances orangées du sable et le camaïeu vert des plantes.

Yohann choisit l'instant d'une pause dans ce havre de paix pour parler :

– Angus n'est plus là ?

– Non, il est parti.

Nous regardâmes tous Marion. Elle n'avait pas l'air triste.

– Ah...

Il parut désolé pour elle.

Comme lui, je mordais dans mon sandwich.

Marion lui passa son tire-bouchon de fortune pour qu'il ouvre sa bière.

– Pourquoi ? Tu t'intéresses à lui ? demanda-t-elle de son ton flegmatique.

Puis voyant qu'il ne s'en sortait pas avec l'ouverture de sa bouteille, elle se leva :

– Oh ! On dirait une poule qui a trouvé un fer à repasser ! Laisse-moi faire !

Elle décapsula la bouteille avec une simple pression.

– Yoyo, ça fait trop longtemps que tu n'as pas vu Robine. Vas pas chercher dans la couchette des autres, ironisa-t-elle.

– Peut-être que je préfère vraiment Angus, déclara-t-il très sérieux.

J'en recrachai mon bout de poulet sur le sable.

– Am' ? demanda Dimitri en tapotant mon dos.

– Tout va bien.

Je ne me m'attendais pas à cet aveu de Yohann. Il allait vraiment le faire.

– Tu peux répéter ? demanda Marion.

– Les copains, je suis gay ! Voilà, c'est tout ! C'est simple !

Laura et Dimitri commencèrent à rire, pensant à une blague. Anne gardait une expression neutre. J'attendais la suite et Marion le regarda dans les yeux plusieurs secondes.

– Ah bah enfin, j'ai cru que t'allais jamais le dire, Yoyo !

Il soupira.

– Voilà, c'est dit. Merci, Amanda !

– Tu savais ?!!! piailla Laura, plus par surprise que par vexation.

– Moi aussi, je savais. J'avais mal pour toi, j'en aurais pleuré, si j'avais des émotions. Bref. Bon, Yoyo, tu viens, on a des choses à se raconter sur nos conquêtes respectives. Mais attention, pas touche à Angus !

Nous nous levâmes tous pour poursuivre le chemin. Je rejoignais Dimitri, que je trouvais relativement calme.

– C'est une révélation ! dis-je.

– Un peu, oui, répondit-il en me souriant avant de reporter son regard vers Yohann dont le bras était accaparé par une Marion.

– Dimitri, tu n'as jamais eu aucun doute sur Yohann ?

– Non, je suis... choqué.

– Ah ?

– Il m'a complètement berné, franchement c'est bizarre, c'est comme si je découvrais quelqu'un d'autre. Je suis même un peu vexé qu'il n'ait pas eu envie de se confier à moi. Je sais, c'est égoïste.

Mon estomac se contracta. Mon si bon mari n'allait quand même pas lâcher son ami à un moment si crucial.

– Mince... ne me dis pas que ça va abîmer votre relation !

– Mais t'inquiète, je ne lui dirais rien. Mais toi, comment tu savais ?

– Je l'ai vu en plein ébat dans les bains chauds.

Il se rappela la soirée en question.

– Ah, je vois...

– Donc tu n'as jamais eu aucun micro-signe ? Même tout jeune ? Vous n'avez pas couché ensemble au moment où vos hormones vous titillaient ?

Dimitri explosa d'un rire franc qui se répercuta en écho.

– Non, pas du tout. Il paraît qu'il ne faut pas mourir con et essayer plusieurs menus, mais malheureusement pour les mecs, je préfère limiter mes expériences à la gent féminine.

Sur ce, il continua de rire, me disant combien j'étais bête, non sans m'embrasser au passage. Je le serrai fort pour sentir ses muscles contre moi.

La cerise déconfiteDonde viven las historias. Descúbrelo ahora