Chapitre 4

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Habib Seye

Je n'ai cessé de compter depuis le jour où j'ai été incarcéré, cinq ans jour pour jour. Je me rappelle du procès, des accusations, des insultes et du verdict. Le jour où j'ai cessé de voir le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, bien-sûr comment l'oublier. Même si je venais à les revoir, ça n'aurait plus le même effet et ça ne serait plus comme avant. Je ne sais plus quand il fait jour ni quand il fait nuit. En plus de perdre la notion du temps c'est comme si j'avais cessé d'exister. Je me sens vide, je ne vis qu'en apparence. Même si je m'efforce de croire qu'une flamme est restée allumer en moi, la lumière étincelante de l'espoir. L'espoir de revoir mes enfants. Ces enfants qui  ne me verront plus comme le père qu'ils ont connu. Je reconnais que j'ai commis beaucoup d'erreurs. Je n'ai pas été toujours présent pour eux, je me focalisais le plus sur ma personne et par dessus tout je n'ai pas été un bon père, ni un bon mari. Sur une échelle de 1 à 10 je dirai que le niveau de responsabilité sur ce qui m'est arrivé est à 9. Je me sens coupable, c'est de ma faute si ma femme est morte, j'aurais jamais dû me résoudre à la quitter . En faisant celà elle est allée je ne sais oú et a fini par se faire tuer. Les gens qui s'en ont pris à elle allaient s'en prendre à mes enfants. Ils m'ont menacé de leur faire du mal et je n'avais pas d'autres choix que de suivre leurs instructions. Pour leur sauver la vie, je me suis déclarer coupable. Je le referai si c'était à refaire. Mes enfants sont tout ce qu'il me reste dans cette vie. Pour rien au monde je ne mettrai leurs vies en danger.

Dieu seul sait ce que je ressens en ce moment. Tant de haine! J'ai perdu cinq ans de ma vie. Cinq longues années, et il m'en reste 25. Ils m'ont anéanti. Que leur ai-je fait au juste? Tout ce que je veux c'est être près de mes enfants. Je me retrouve séparer d'eux pour payer un crime que je n'ai pas commis. Où est la justice dans tout ça ?

Je ne dirais pas qu'il n'y a que de la souffrance en prison. J'ai souffert durant les premiers mois de mon incarcération, je n'arrivais pas à m'adapter, cet endroit n'était pas fait pour moi qui ait toujours vécu dans le luxe. je me suis bagarré comme tout nouveau détenu j'ai cherché à me défendre et jamais je ne me suis laissé faire. Ma vie a changé de manière radicale dans cette prison. J'ai fais la paix avec moi même. Et je passe la plupart de mon temps à prendre soin des jeunes détenus agés de 18 à 22 ans. Je leur apprend à bien se comporter en leur donnant des leçons de  conduites. Pour les illettrés, je leur apprend à lire et à écrire pour qu'ils s'en servent une fois libre. Et le plus important je les protège des autres détenus plus âgés, et impitoyables. Comme ils ont voulus le faire avec moi, ils vont vouloir profiter de ses jeunes et les pervertir.
La plupart de ces jeunes sont ici pour vols ou par injustice. Soit ils ont volés pour subvenir à leurs besoins soit aux besoins de leurs proches. Certains ont injustement été accusés par des parents proches. Quand je pense qu'un père peut faire autant de mal à son fils là j'ai pas de mots pour expliquer ce que je ressens.

- Moi c'est Birame,  et je suis nouveau, je suis ici depuis pas plus que 3 jours. Et vous c'est comment ?

-......

- Vous avez la tête d'un Cheikh ou d'un Ibrahim ou même Mansour je ne sais pas pourquoi mais c'est cette air que vous donnez. Pourquoi vous êtes ici? Me demande un jeune détenu qui s'est invité dans ma cellule.

- Pour meurtre j'ai égorgé six jeunes âgée de 12 à 19 ans et je suis condamné à perpet. Lui soufflai-je l'oreille.

- Un vrai psychopathe alors! Je ne suis pas au bon endroit on dirait car maintenant vous m'avez l'air d'un Samba ou d'un Karim. Ceux là, ils sont sadiques.

Comme je m'y attendais il s'est levé et a tracé sa route. Non mais quel trouillard ce gamin! Il avance lentement et marche en soulevant les épaules. C'est drôle! J'ai comme l'impression qu'il fait semblant d'être quelqu'un qui sait très bien se défendre. À le voir, il n'a pas la force de survivre un jour de plus dans cette prison sans mon aide.

Scène de CrimeWhere stories live. Discover now