Introduction

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« Il était une larme qui possédait une importance. »

La Prescience


L'humidité avait su trouver sa place depuis bien longtemps, donnant vie à la moisissure dont il n'aurait pu s'habituer même après des siècles enfermés entre quatre murs. Si l'on tendait l'oreille, que le silence acceptait de jouer le jeu, l'égouttement se rythmait pour angoisser les esprits fébriles par la peur ou la fureur. Ça non plus, il n'était pas possible de s'y habituer. Quoiqu'avec le temps, on pouvait trouver le son de ces gouttelettes tombant dans des flaques plutôt berçante voire apaisante.

La fraicheur des lieux ne permettait pas non plus de garantir la bonne santé pour tous. Ici, entre les pierres solides et enchantées d'une maudite magie impossible à briser, derrière des barreaux aux matériaux différents selon ceux qu'ils souhaiteraient retenir, il semblait impossible de pouvoir fuir pour retrouver sa liberté. S'il n'avait s'agit que de sortilèges lancés par des sorciers ou des druides, fort était à parier que la prison souterraine aurait déjà comporter des évasions. Ce qui n'était pas encore le cas. Mais avec des bardes...

Si l'on s'avançait dans ces couloirs désertés, marchant parmi les cellules pour entendre s'animer en vague les cris des prisonniers qui se taisaient dès que le visiteur partait, on pouvait arriver à une cage bien particulière. Tout au fond, cette pièce mieux gardée que les autres renfermaient un homme d'une dangerosité qui n'était plus à prouver. Depuis le temps, plus personne ne lui rendait visite. On l'affamait, ne lui donnant qu'une dose minable de viande cru chaque mois. Il fallait bien ça pour amaigrir à la fois le corps et la force de l'homme.

Le buste et les bras enchainés par des fers sacrés, les chevilles reliées par des bracelets de métal, il ne pouvait fuir. Quant à savoir depuis combien de temps il se trouvait ici ? Impossible de le déterminer avec certitude. Ses longs cheveux sombres lui tombaient sur le visage et la barbe avait besoin d'être taillée. On s'occupait de couper ces derniers une fois par an, seulement si l'on était sûr que le prisonnier était trop épuiser pour tenter quoique ce soit.

Il leva les yeux vers le haut plafond, un mouvement qui lui demanda un effort. La peau sur les os, les muscules presque atrophiés, il allait bientôt recevoir sa portion de viande.

Une goutte tomba sur son visage. La pénombre était tombée depuis longtemps. Il pouvait parfois voir des faisceaux de lumière pénétrer sa cellule depuis le couloir. Le soleil lui manquait...

Ses paupières se fermèrent un instant. Si sa force ne pouvait plus rien pour lui, si son pouvoir n'avait plus de puissance pour l'aider, que les bardes le bridaient depuis des siècles, il était une chose qu'on ne pourrait jamais lui arracher. L'arme des désespérés qui n'avaient plus personne vers qui se tourner lorsqu'au bout du chemin ne restait que la fin.

Et il atteignait sa limite, devenant un peu plus fou chaque jour.

Son corps n'était pas seulement affamé, il était détruit, boursoufflé de grossières blessures guérissant beaucoup trop lentement.

Alors il s'abaissa à la pire des humiliations, craignant de devoir passer l'éternité ici, sans espoir de trouver une délivrance dans la fuite... ou la mort.

— Si quelqu'un m'entends, se mettait-il à prier.

Il n'était pas croyant bien qu'il lui ait été donné l'occasion d'être témoin de l'existence de créatures supérieures. Mais que lui restait-il ?

Il donna des promesses, marchanda, avant de finalement verser une larme.

— Mettez fin à tout ça...

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now