Chapitre 29

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« L'Entremetteuse ne commettra jamais l'erreur de confondre le désir et la tentation. »

paroles de Apolline Dumas


Rien n'allait. Mes questions étaient sans réponse et ma douleur étrangement peu présente.

Je connaissais la Mort. Son parfum si particulier m'avait par moment envoûté, par moment écœuré. Un dégoût capable de faire surgir la rage et la colère insatiable. Et tout ici en était enveloppé, aspergé de manière grotesque, éparpillé de part en part pour envahir les lieux. Une odeur qui me filait la gerbe à présent.

Pas de pluie moqueuse pour aujourd'hui, ni de soleil brûlant de passion. La Nouvelle Lune serait ce soir. Et ce soir serait porté en terre l'Alpha. Comme le voulait la tradition. Et comme le voudrait la tradition, je ne pourrai pas être présente. Seul ce moment avant que la nuit ne tombe m'était autorisé pour accompagner man ancien amant dans la mort.

« Ce n'est pas douloureux », constatais-je en observant le cadavre dans sa boite. Pas de sourire, pas même cette impression d'apaisement. Dans les films, dans les livres, les héros semblaient voir sur le visage de leur défunt une expression, comme une impression que ce dernier se contentait de dormir et qu'il finirait par se réveiller. Mais Hunter était mort, et tout ici appuyait cette vérité. Le doute inexistant, j'aurai pourtant apprécié de sentir cet espoir stupide en moi. Croire que tout n'était pas fini.

Bientôt, je dû m'écarter de la meute, dire adieu à Oannelle et Michael, quitter les loups endeuillés et observer au loin le cruel spectacle.

— Es-tu heureuse à présent ?

Agnès sortait de l'ombre, son familier sur son épaule sous sa forme animale. Elle aussi ne pouvait s'empêcher de se trouver ici, malgré les hurlements sauvages des loups-garous, de ces ennemis des sorciers. Et son chagrin me paraissait bien plus légitime pour une quelconque raison.

Elle posa sa main contre sa poitrine, serrant son poing pour signifier sa douleur, la symboliser physiquement tandis qu'une grimace illustrait son sentiment. Elle souffrait, elle aimait Hunter et la Mort semblait incapable de tuer ce lien entre eux. Ce qu'elle ressentait était réelle.

— Tu as eu ce que tu voulais. Tu as eu le plus merveilleux des hommes, tu y as planté tes griffes imbibées de sang et du poison de tes ancêtres. Il n'avait aucune chance de s'en sortir vivant à tes côtés. Mais je suppose que je ne peux pas t'en vouloir.

Que répondre ?

Loki apparu à son tour, s'installant à mes côtés pour regarder dans cette même direction. Vers l'enterrement bestial. Comme la tradition l'exigeait. En silence, au côté d'une sorcière dont l'apparence semblait à s'y méprendre avec la mienne, il fallut attendre un certain temps avant que finisse par s'éparpiller les loups de la meute.

Agnès disparut à son tour.

Mes bras se décroisèrent, Loki ne dit rien de plus, ni n'intervint au moment où je quittais mon spot pour rejoindre la pierre tombale.

Mes doigts tenaient toujours cette fleur... Celle qui aurait pu lui sauver la vie. Elle avait disparu, bien sûr, devenant poussières. Ce coquelicot-ci remplacerait l'image déchirante encore dans mon souvenir.

— Tu aurais dû la garder, murmurais-je à un défunt absent.

Elle me glissa des mains, tombant sur la terre fraichement retournée. Là où se reposerait pour toujours Hunter.

Martin, puis Hunter. Tomber amoureuse n'était pas possible.

Aurélien, mon frère, puis ma mère. Avoir une véritable famille m'était interdit.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now