Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2

Chapitre 17 - 2/2

Les enfants jouaient, s'amusaient entre eux. L'innocence enveloppait le lieu et hypnotisait le corps enseignant qui, pourtant, avait été témoin de la diablerie enfantine depuis leur début en école. Et si cela ne leur suffisait pas, leurs propres souvenirs d'enfances auraient dû les alerter. Même enfant, la cours de récréation était un champs de bataille où les plus forts exploitaient leur domination sur leurs camarades.

Parmi eux, une fillette se démarquait. Elle n'avait rien de malveillant, bien au contraire. Souriante, d'une naïveté attendrissant les adultes et de grands yeux qui s'émerveillaient de tout, elle était douée de ce qui semblait être une empathie assez précoce pour son jeune âge. Elle vivait une amourette avec un garçon qui, lui, ne partageait pas son image. Il était le petit roi de sa classe, et même de son année. Il n'avait rien de méchant, mais son statut de leader se faisait sentir par les enseignants. La fillette était entourée d'amis, son sourire manipulant chacun ici.

Je la reconnue, bien sûr. Des boucles blonds comme le blé, méchés de nuances naturelles de cette teinte, des yeux aussi bleu que le ciel... Aucun doute. Il s'agissait bien de Lettie.

Je pouvais aisément comprendre pourquoi ceux qui l'entouraient paraissaient autant être heureux que l'aimer. Elle était un vrai petit ange, au sens stricte du terme, et si mignonne que j'aurai également pu succomber et être trompée. Mais je connaissais les enfants. Et lorsqu'un garçon se mit à l'accuser d'avoir voler son goûter, elle n'eut qu'à pleurer. Des larmes magiques qui attirèrent le mépris des autres enfants envers le pauvre garçon qui s'était, en effet, fait voler son goûter. Même les enseignants lui firent, plus gentiment, la morale. Il n'était pas bien d'accuser ses camarades sans preuve. Surtout lorsque l'on avait déjà mangé son goûter. En effet, un emballage vide du gâteau du garçon avait été retrouvé dans son sac, laissant les enseignants croire que l'enfant voulait surement prendre le goûter de Lettie.

Mais quelle petite...manipulatrice ! Lettie avait effectivement mangé le gâteau de son camarade. Comment pouvais-je le savoir ? Je me trouvais dans son inconscient, j'entendais ses pensées, je les vivais. Jord avait bien tenté de m'en dissuader mais entrer dans ce souvenir avait été bien trop tentant. Pour connaitre Lettie...

Ses larmes étaient une arme qu'elle avait appris à utiliser pour avoir ce qu'elle voulait. Non comme un caprice, mais plutôt comme preuve de son innocence et comme provocateur de culpabilité.

Si ce souvenir m'apprit que Lettie possédait un côté manipulateur dès son enfance, comme de nombreux enfants, cela ne me révéla rien sur ce qui aurait pu m'aider à lui sauver la vie. Jusqu'à ce que Lettie, en fin de sa journée scolaire, rejoigne deux personnes. Sa mère et un jeune garçon, plus jeune qu'elle.

— Lettie ! s'écria le gosse aux cheveux plus sombres, accourant jusqu'à Lettie avec un grand sourire sur le visage.

Elle possédait les yeux de la femme, vert pailleté d'éclat doré. Magnifique.

— Jord, laisse ta sœur respirer, s'amusait la mère qui ressemblait en tout point à ces clichés de télé.

Une femme de belle apparence, à la voix douce et qui paraissait être aimante. Mais dans ce tableau de famille dont il ne manquait que le père, une personne vint briser l'harmonie.

— Vous êtes la mère de cette voleuse ? s'écria une autre femme. Comment éduquez-vous vos enfants !

La mère du garçon volé arrivait, furibonde. Elle se mit à hurler, devenant complètement hystérique. Et la mère de Lettie se contenta de sourire, imperturbable, tandis que les deux enfants se tenaient la main, demeurant derrière la femme.