Epilogue

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« Leur capacité à communiquer n'est pas une preuve de leur humanité. Ils sont dangereux, des prédateurs aux instincts sanguinaires. Nous devons les détruire. Protégeons l'humanité des monstres ! »

paroles de Chasseurs


Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent, chantonnait la voix d'Aneira au milieu des fleurs empoisonnées.

Une joie étrange sur le visage, un regard rêveur lorsque ses yeux se posaient sur ses fleurs, l'image de sa mort lui revenait dès qu'elle se retrouvait ici. L'un de ses plus beaux souvenirs. Un brin de folie dont elle souhaiterait pour rien au monde s'en trouver dépourvue. Cela faisait partie d'elle et de son esprit.

Elle se tourna vers le château, ne se tarissant pas de son sourire. Son château, en quelque sorte. Son jardin ici laissait s'épanouir ses fleurs. Et plus loin, par-delà les colchiques, ses coquelicots fleurissaient à leur tour.

Ce lieu champêtre et royal n'abritait ni le roi ni le paysan, mais ce que la Vie idéalisait de mensonge auprès de ses enfants, celui dont le Destin tarissait la réputation de ses caprices.

Un homme entra dans le jardin. Silencieux, l'apparence très semblable à celle d'Aneira, elle replaça son chapeau sur sa tête, se tournant pour lui faire face. Son expression liait le bonheur et le sadisme d'une situation bien cruelle. Aneira possédait encore des bribes de son empathie passée, à demi morte lorsque la vie la quitta. Elle n'était pas d'un caractère méchant, bien au contraire. Mais par moment, le présent lui laissait un amusement ironique certain.

— Comment devient-on une enfant de la Mort ? questionna-t-elle avec ironie dans le vent, répétant une question qu'on lui posait si souvent. En cueillant une fleur.

La fleur à la teinte mauve dans les mains, elle dévisagea l'individu du regard.

— Très cher père, vous semblez être en colère.

La Mort grimaça d'une douleur sincère. La fureur sur son visage était intéressante, trop rare pour que cela soit à écarter.

La Mort était son père, la Mort était sa mère. Ce parent l'aimait et Aneira l'adorait tout autant en retour. Elle ne pourrait pourtant pas l'aider dans ce cruel destin qui semblait se dresser comme obstacle dans le cœur de son père.

— Je vais devoir reprendre du service, se contenta-t-il d'annoncer de sa douce voix berçante.

La Mort ne cessait jamais de travailler. Mais le futur serait douloureux pour lui.

— Devoir détruire la vie de ceux que l'on aime et être impuissant à leur détresse... Je n'envierai jamais ta place, papa.

La Mort se drapa d'une cape sombre, arborant l'apparence d'une femme, d'une banshee cachée sous sa capuche venue hanter les songes de sa famille.

Que le Destin pouvait être cruel !

« Si seulement il ne s'agissait que de Fortuna », se moqua Aneira. Mais l'ennemi était rusé. Il savait devenir allié pour que chacun l'oubli. Se méfier de son ombre peut être de la paranoïa. Mais surveiller celui qui se prétend l'ombre de son ombre ne sera jamais qu'une précaution dont omettre l'importance pourrait bien conduire à la plus terrible des erreurs.

Aneira laissa sa fleur s'envoler, la suivant un instant du regard avant de s'en détourner. Wolfgang venait de perdre un ami très cher. Elle se devait de rester à ses côtés pour l'aider dans son deuil. La fille de la Mort ne serait-elle pas la meilleure des compagnies en de pareils instants ?

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant