Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2

Chapitre 18 - 1/2

« Je souhaiterai pouvoir prier tous ses Saints mais en cette Toussaint aucune église n'ouvrira ses portes pour moi. La mort a gagné, ma peine s'en est souvenue »

paroles de Lettie

Partir à la poursuite d'un inconnu squattant l'esprit de sa sœur... Jord avait déjà pris des décisions stupides – ou plutôt non, à chaque fois que cela arrivait la situation l'y obligeait tout comme sa sœur trop naïve pour se débrouiller sans lui – mais ce choix-là serait sans aucun doute dans son top personnel.

Le territoire de sa sœur était un foutoir sans nom duquel on se consumerait ou se perdrait sans s'en rendre compte. Sa sœur avait beau ne pas avoir su grand-chose du monde surnaturel, son esprit était conçu avec des protection que lui-même ne possédait pas. La zone de ténèbres dans lequel elle séjournait prouvait bien ses dires. Elle était douée pour tromper son entourage. Mais le fait que lui était capable de tout voir, de circuler sans difficulté à l'intérieur illustrait également du fait qu'elle ne pourrait jamais le tromper lui. Il était son frère, elle était sa sœur. Inséparables depuis presque toujours, unis par un lien indivisible et particulier, ils n'avaient pas besoin d'être des jumeaux pour en posséder les capacités.

Soudain, le domaine changea, les ténèbres laissant place à un ciel lumineux aux nuages duveteux. Parfait !

Jord leva la main, faisant appel à la puissance de ce soleil imaginé par l'esprit de sa sœur. Lorsqu'une lance de lumière le transperça, le fuyard fut obligé de s'arrêter. Au moins pour retirer l'objet imaginé.

— Qui es-tu et que veux-tu à ma sœur ?

L'homme blond tourna sa face vers lui, un sourire bien étrange sur le visage.

— Je veux la sœur et le frère.

Et comme s'il n'avait été qu'une illusion, l'homme disparu à la manière d'un mirage, laissant Jord plus en colère encore.

***

Je pensais avoir tout vu de Lettie. Tout du moins dans ses expressions. Mais la colère...

— Je ne peux même pas t'en vouloir puisque je me doutais bien que tu tenterais un truc aussi stupide, soupira l'intéressée en secouant de la tête.

Disons qu'aujourd'hui encore je n'aurai pas à y assister dans son explosion total. A la place, Lettie semblait plutôt attristée. Voire déçue. Après être sortie de son esprit, ma grand-mère avait tenté d'apaiser Lettie de gâteaux mais la jeune femme les avait refusé. Pas même le chocolat n'avait été accepté.

— Je devais le faire, Lettie.

— Non, tu voulais le faire. Et tu n'as pas pris en compte mes sentiments dans tout ça. Tu es comme ça, tu débarques, tu fais ce qui te chante, tu détruis tout et tu penses ensuite que tout s'arrangera puisque tout c'est toujours arrangé jusqu'à présent. Mais Hella, tu ne te préoccupes pas des blessures ni des blessés que tu laisses derrière toi.

— C'est faux ! C'est pour t'aider que j'ai fait ça !

J'avais bien conscience qu'avoir pénétré de force son esprit ne l'aiderait pas à me croire. A sa place, sans doute que j'aurai également réagi de la même manière. Ou plutôt, j'aurai été si en colère que même la maison de ma grand-mère n'aurait pas survécu à l'évacuation de mon émotion.

Mais je n'étais pas Lettie. Je ne possédais pas son esprit ni ses capacités vengeresse. Et les mots de mon amie savaient être aiguisés.

— Comme tu as aidé ton petit-ami ?