Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2

Chapitre 13 - 1/2

« Saisis-moi de tes mains, serres-moi jusqu'à me faire perdre la tête. Inflige-moi une douce souffrance pour me faire sentir enfin vivante. »

Paroles de Lettie

Il avait douté. Lorsque Jalil avait reçu un appel de ce druide, Frédéric, lui affirmant avoir retrouvé les traces de son ange venu le délivrer, il avait pensé que ce dernier n'avait pas vraiment réussi, qu'il avait seulement trouvé une Lettie parmi tant d'autres. Dieu qu'il avait eu tort !

Sourire sur le visage, elle se trouvait dans un parc en compagnie d'un couple de vieillards heureux. Les Oiseaux de Joie étaient faits pour offrir le bonheur à ceux qui le souhaitaient, qui en avaient besoin. Un bien qui se faisait au détriment de celui de la créature. En ce moment, il pouvait le voir, l'observer sur les traits délicats de cette femme. Elle était magnifique, dotée d'une âme bien plus brillante que les rayons du soleil, au rendez-vous aujourd'hui, attiré sans aucun doute pour Lettie.

Mais son regard était presque éteint et ses lèvres entrouvertes tentaient de trouver de l'air pour apaiser un sentiment qu'elle taisait. Elle était douée pour mentir, pour montrer quelque chose de faux. Manipulatrice de ses émotions, le silence était assourdissant pour lui qui voyait tout. Ses mains se tendirent, puis retrouvèrent leur place le long de son corps. Il souhaitait la prendre dans ses bras, lui murmurer quelques mots peut-être. Mais que dire pour la pousser à se sentir bien ?

Alors il s'approcha, s'arrêtant à quelques mètres d'elle afin d'être suffisamment proche pour être remarqué mais suffisamment loin pour ne pas lui donner l'impression d'être une proie n'ayant aucun échappatoire pour le fuir.

Elle se tourna vers lui, son sourire s'effaça. Les vieillards repartaient pour les laisser seuls. Et bien au contraire de le fuir, elle s'approcha.

— Est-ce que l'on se connait ?

— Tu ne dois pas te souvenir de moi.

Après tout, elle lui avait rendu visite sous sa forme d'oiseau merveilleux, inconsciemment, guidée par la seule voix de son désespoir formulé en prière.

— Je suis navrée, habituellement je me souviens de tous mes anciens patients.

Jalil lui avait donné le compte-rendu du druide, révélant notamment son passé de psychologue. Entre autre. Le prenait-elle pour l'un de ces humains ayant eu recours à son aide ? En un sens, il avait pu profiter de son aide...

— Je ne suis pas l'un de tes patients, mais tu m'as aidé. Cela n'a peut-être été qu'une forme de rêve, on de songe pour toi. Mais peut-être qu'en ton cœur tu te souviendras de moi.

— Qui êtes-vous ? se troubla-t-elle des paroles étranges qu'il lui livrait en toute sincérité.

Alors, prenant son courage à deux mains et sachant qu'il n'aurait aucune réponse positive immédiatement, il s'empara des doigts de sa belle pour un baise-main courtois.

— Mon nom est Lucifer. Et je suis venu prendre ton cœur comme tu as su t'emparer du mien.

Elle écarquilla en grand les yeux, surprise. N'était-ce pas le moment où la belle fuirait, terrifié par l'homme au nom diabolisé et à la folie parlante pour une époque qui n'était pas la sienne ?

— Êtes-vous un démon ?

— Un dragon, s'autorisa-t-il à lui révéler.

Ses yeux se mirent à brûler pour elle, lui livrant une lueur magmatique venue tout droit de volcans infernaux. Il devina alors que l'Oiseau de Joie lui faisant face ne baignait pas dans l'ignorance habituelle des siens. Elle savait ce qu'il était et elle n'était pas effrayée.