Chapitre 4 - 1/2

582 97 50
                                    


« La vie est un breuvage précieux dont les vampires s'enivrent dans une passion orgasmique. Se nourrir aux veines est un plaisir pour les crocs. Se servir à une artère est une jouissance conduisant à la mort de sa proie. Je suis un vampire, j'aime le sang et la mort. Serait-ce un crime de vouloir ressentir du plaisir là où vous ne ressentiriez que du dégoût ? »

paroles de Thérésa


Si l'on pensait à un vampire, quelques clichés nous venaient immédiatement à l'esprit. Château sombre sous la terreur de l'orage, cercueil et richesse parmi des individus gothiques et glauque. Des images que l'on penserait légitimement être fausses puisqu'après tout, les clichés étaient des clichés. Ce ne pouvait être la réalité.

Ça aurait été mal connaitre Thérésa Dubois.

— C'est une plaisanterie ? questionnais-je tout de même Oanelle.

Elle se tourna vers Michael et tous deux secouèrent la tête négativement.

— Après la chute de son Maître, Thérésa a entamé une rénovation.

Quelques rénovations...

Les grillages pointus à l'entrée, le domaine se délimitait de murets. Et au sommet d'une colline, au loin, on pouvait apercevoir un château à l'aspect gothique. Rien à voir avec le château fort qu'il avait été lorsque j'avais été emprisonnée ici avec Oanelle.

Mais de tels changements en quelques semaines ?

— Les vampires sont forts, rapides et n'ont pas les mêmes besoins vitaux que la plupart des êtres vivants, sembla lire dans mon esprit Michael.

Les grilles étaient grandes ouvertes avec deux gardes à l'entrée. En nous voyant, ils nous laissèrent entrer avec notre voiture. Apparemment, aujourd'hui était un jour de fête. De nombreux véhicules étaient garés dans la cour. Des voitures que jamais je n'aurai les moyens d'acheter même en travaillant toute ma vie avec un salaire assez aisé.

Un homme vint nous ouvrir. La berline de Michael faisait presque tache alors même qu'il s'agissait d'une voiture pour des personnages vivant déjà au-dessus des « Monsieur et Madame tout le monde » !

Le personnel chargé de la sécurité et de l'accueil devait être composé de vampires. Ce qui faisait beaucoup de vampires.

Le soleil commençait à fuir, offrant une nouvelle ambiance au lieu.

— Mademoiselle Doux, m'aborda un individu en costard. Notre Maîtresse vous attend.

Tous étaient vêtus avec des tons et des styles gothiques. Pour avoir vécu des années avec Strix et ses extravagances, j'étais assurée par mes affirmations sur le style vestimentaire du personnel. Et une fois à l'intérieur, je pus saisir l'esprit de la Maîtresse des lieux. Du 100% gothique.

Apparemment, Thérésa aimait beaucoup le rouge.

L'homme qui nous escortait ferma derrière nous. De la musique se faisait entendre, venue de loin. On nous emmena jusqu'à un salon immense. Une salle de réception accueillant des buveurs de sang aux luxueuses apparences.

Le buffet était très simple. Une fontaine de sang et des individus vêtus plus légèrement passant ici et là pour offrir leur sang.

— Ils ne sont pas des humains, mais surement des esclaves loués pour la qualité de leur sang, commençait à m'expliquer Oanelle à voix basse.

Mais en repensant au désir de Thérésa de posséder Lettie pour sa nature d'Oiseau de Joie, je me demandais si ces esclaves avaient vraiment été loués.

— C'est un orgue ? s'étonna Michael en regardant l'instrument de musique qui était jouée par un homme vraiment pas mal.

Le musicien, dont les mains se baladaient pour jouer sa mélodie, tourna sa face vers nous. Michael eut un frisson, s'approchant un peu plus de moi. Il était vraiment blême et ses regards pour tous ces vampires m'indiquèrent qu'il n'était pas à son aise.

— Michael, tu as peur des vampires ?

— Je n'ai peur de rien, affirma-t-il avec arrogance bien qu'il sursautât alors qu'un serveur passait derrière lui. Mais ils ont une manie d'apparaitre sans faire de bruit...

Ah, donc Michael avait peur des vampires... Oanelle, quant à elle, observait les donneurs de sang, pariant sur leur nature. Des fées, des kronikaneds, des nymphes... En somme, elle pensait que la majorité d'entre eux étaient des êtres de la forêt.

Et la reine de la fête apparue.

— Hella ! Quel plaisir !

De nombreux regards se braquèrent sur nous. Michael agrippa mon T-shirt de sa main. Il avait franchi la barrière de l'intimité depuis un moment déjà et continuait toujours d'affirmer qu'il était sans peur.

Pourtant il n'avait jamais eu peur face à Thérésa...

— Tu fêtes ton anniversaire ?

— Non, j'officialise mon ascension en tant que Maîtresse. Ce n'est qu'une excuse pour faire la fête.

— Et ces... esclaves ?

— Oh, l'un d'entre eux t'intéressent ? Je peux te l'offrir si tu veux.

— Tu es au courant que l'esclavage a été aboli ?

— Chez les humains, c'est vrai. Je te conseille un petit tour du côté du Marché noir. Tu serais surprise. La plupart de ces esclaves sont des vendeurs de dettes. Ils n'ont pas payé ou bien sont redevables et se soulagent de tout ceci par des années d'esclavages. Durant ce temps, ils feront absolument tout. Bon, après je veux bien avouer que certains ne choisissent pas. Il arrive que des parents vendent leurs enfants ou nourrissons. Et il a certaines espèces assez prisées des collectionneurs. D'ailleurs, c'est toujours non pour Lettie ? Je te promets que nous deviendrions fortunées pour l'éternité avec elle.

— Ne recommence pas.

— D'accord, abandonna-t-elle pour la soirée. Bon, suivez-moi.

Reprenant son sérieux, elle laissa ses invités pour nous emmener dans d'autres couloirs, nous faisant monter des escaliers et s'arrêtant par moment pour nous présenter quelques œuvres de collection qu'elle appréciait et dont elle était assez fière.

Finalement, elle nous fit entrer dans un bureau. Son bureau, sans doute.

— Je suppose que c'est au sujet de la banshee, devina-t-elle en allant s'asseoir dans son fauteuil installer derrière un bureau.

Je sortais ma liste, la posant devant elle.

— Tu es au courant de mes origines, n'est-ce pas ?

— Tu étais une noble.

Apparu alors sur son visage de cristal une émotion que je n'aurai jamais cru voir sur une femme aussi désinvolte, une femme sachant s'amuser de peu et profiter de la vie. Elle avait peur.

— Je suppose que les secrets ont tous une date d'expiration.

Les coudes sur le bureau, les doigts croisés pour cacher à moitié son visage derrière, elle ferma les yeux avant de reposer ses mains. Inspirant à fond, ses paupières se rouvrirent.

— Thérésa Dubois n'est pas ma véritable identité.

Elle sortit sa carte d'identité.

— Tu..., commençais-je sans vraiment savoir quoi dire.

— Aujourd'hui, en tant qu'humaine, je suis Thérésa Dubois. Je suis originaire de Normandie. Mon premier nom était Alice Kyteler, irlandaise condamnée pour sorcellerie.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now