Chapitre 14 - 1/2

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« Oh chérie, l'amour ne meurt jamais. Si l'objet de son obsession disparait, le cœur verra son image partout et son visage sur n'importe quel objet attrayant. Un reflet brisé vaut mieux qu'une vérité déchirante »

paroles de Agnès


Mauvaise et cruelle, si belle pourtant... La beauté cache un lourd fardeau, la vérité voile sa laideur pour laisser le mensonge s'embellir. Il était une fois une jolie créature. Mais le temps est venu et en a abandonné certains sur son chemin, détruisant plus qu'il ne faisait de bien.

Les rides comptaient l'âge avancé de la femme dont la jeunesse avait conservé la beauté pour ne plus laisser que quelques traces pour la vieillesse. Le corps tremblait, la mort approchait, mais Bambina n'avait pas peur. Elle avait son Bambino près d'elle. Qu'aurait-elle été sans lui ? S'il n'avait pas existé, ni même vécu avec elle, pour qui aurait-elle pu vivre aussi comblée ?

— J'ai tellement froid. Peux-tu me tenir encore une fois ?

Et Bambino, toujours à ses côtés, tendit ses bras. Oh, la force avait quitté son corps depuis bien longtemps. La vieillesse possédait ses inconvénients. Mais tenir sa femme dans une étreinte ? Pas même un ouragan ne pourrait l'en empêcher.

— Oh Bambino, je n'ai aimé et n'aimerai jamais qu'un homme.

— Oh Bambina, la Mort en personne ne saurait tuer mon amour pour toi.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare. Le prêtre l'avait prononcé, et eux deux l'avaient juré devant Dieu. Seraient-ils condamnés à l'Enfer en trahissant cette promesse ? Seraient-ils puni de s'aimer même après la vie ?

L'amour... Aimer possédait tant de définition. Mais avec l'âge, l'amour ne possédait plus rien de compliqué à définir. Aimer, c'était être capable de se tenir aux côtés de sa femme malgré les obstacles, de serrer sa main et de conserver le sourire à chaque instant. D'apprécier le moindre geste, les petits instants.

Il connaissait Bambina par cœur, il aimait ses qualités, vénérait ses défauts. Et même s'il n'existait plus aucun mystère, il continuait de l'aimer sans condition. Voici ce qu'était le véritable amour.

Mais l'amour, c'était aussi être capable de dire au revoir.

Aussi, lorsque la main de Bambina glissa de la sienne pour retomber mollement sur le lit, Bambino ne la retint pas. Elle était partie et ne reviendrait pas.


Mes doigts se serrèrent, empêchant ma prise de fuir. Un simple rêve m'avait effrayé.

Mes paupières s'ouvrirent. Voir Hunter pour première image le matin n'avait rien de déplaisant. Tenir fermement sa main dans la mienne non plus. Endormi à mes côtés, dans son lit, sa respiration était légère et silencieuse. Il dormait à poing fermé, sans doute dans une rêverie agréable. Si je mourrai, réagirait-il comme ce Bambino ?

Si la Banshee ne m'avait pas désigné, ma mort était tout de même inévitable. Une sorcière ne possédait pas l'immortalité d'un loup-garou. Un loup qui s'était imprégné de moi. Lorsque je mourrai, Hunter ne me laisserai pas partir ainsi. Il serait détruit, anéanti, parce que ce qu'il ressentait pour moi était au-delà de l'amour.

Alors, retirant ma main de la sienne, je me levais afin de m'emparer de mon portable. Quelqu'un allait périr dans mon entourage, c'était certain. Et la seule personne qui me venait à l'esprit était non seulement la seule à se rapprocher autant de la mort parmi la liste mais également la seule dont je ne connaissais rien du passé. Une personne aujourd'hui harcelée par un personnage biblique et qui connaissait sa propre nature sans pour autant savoir en contrôler les capacités. Lettie était un Oiseau de Joie. Tant qu'elle ne devenait pas immortelle, elle finirait un jour par se donner elle-même la mort. Si je ne lui venais pas en aide tout du moins.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now