Chapitre 8 - 2/2

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Les qualités isolées devenaient inutiles si la situation précise ne se présentait pas. Une compétence en particulier, même parfaite, ne chantonnait pas en tout instant.

Voilà pourquoi Oanelle était la meilleure, parce qu'elle ne se contentait pas de se spécialiser d'une qualité, ni d'une compétence. Elle était un tout qui se devait d'être parfait. Jamais aucune faiblesse, toujours répondre à chacune des attentes. Elle n'avait pas encore échoué.

Installée à un banc, elle semblait observer des pigeons. Elle ne les nourrissaient pas, ne donnait que cette fausse impression de s'y intéresser. Pour autant, des piafs ne présentaient aucun intérêt. Pas des oiseaux se goinfrant de ce qu'on leur jetait à la figure. Aucune fierté, se faisant courser et harceler sans arrêt autant par des adultes que par des enfants, ils finissaient toujours par revenir. Devenus symbole de stupidité, comment auraient-ils pu s'en défendre ? Il n'y avait que les vieillards pour s'en préoccupés. Ceux qui avaient vu le temps passer, affrontant chaque matin ce détails que la frapperait un jour ou l'autre à leur porte. Le vieil homme au dos courbé marchait avec l'aide d'un déambulateur. Il ne pouvait plus courir, ses articulations le faisait souffrir. Les médecins le traitaient de sénile, sa famille ne lui accordait attention qu'aux fêtes, les passants et les infirmières à domicile lui parlaient comme à un enfant. Il avait connu la guerre, il avait connu l'amour et la haine, il avait été témoin de tant de choses et vécu avec autant de souffrance que de bonheur. Mais au lieu d'écouter son histoire et ses conseils d'homme ayant vécu, il n'était plus considéré que comme une gosse. Un adorable vieil enfant inspirant sympathie et pitié.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

Oanelle se détacha du vieillard au loin. Michael s'asseyait à ses côtés.

— Je cherche Hella.

— Dans un parc ?

— Plus de la moitié des habitués de ce parc sont des personnes cherchant à s'évader de leur quotidien. Regarde ce pépé. Il vient ici presque tous les jours.

— Pour nourrir des pigeons et des canards. Très intéressant, se moqua son frère.

— Nourrir les animaux n'est qu'une excuse. Il vient ici parce qu'il est seul et que dans ce parc, il peut observer les gens vivre. Il attends qu'on vienne lui parler, il cherche à fuir la solitude. Il est triste, il est seul. Et la solitude ne parle pas.

Il étira ses bras pour les passes sur le dos du banc, se mettant à son aide.

— Et donc ? Ce vieux c'est un nouveau pote d'Hella ?

— Non, il est un proie.

— De Hella.

— Pour trouver une personne, ne te concentre pas seulement sur elle, mais également sur son entourage. Les amis en savent souvent plus qu'ils veulent nous le faire croire.

— Pourquoi pas la famille ? On devrait demander à la grand-mère.

— Hella ne fait pas confiance. Et encore moins à sa famille. Elle ne fait confiance qu'aux morts. Qui dans son entourage est déjà presque mort, Michael ?

— Aucune idée. Est-ce que tu vas me dire ce qu'on fait ici et de qui cet homme est la proie ?

— Qui se nourrit du malheur des autres ?

En réponse, une personne apparue aux côtés du vieillard. Une femme qui n'avait rien de particulier dans son apparence. Rondelette, sans maquillage et dont le visage se parsemait de quelques défauts... Inutile lorsque l'on possédait un sourire aussi ravageur et un regard intimidant.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now