Chapitre 6 - 2/2

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La différence entre le mythe et la réalité ? De nombreuses. Tout comme la légende et la réalité. Il arrivait que la légende, voire le mythe, soit l'image d'une vérité, d'un évènement réel, mais fantasmé ou idéalisé. Tout du moins, lorsque j'étais encore une humaine vivant dans un monde dominé par l'Homme, c'était ainsi que ma vision se forgeait. Aujourd'hui, plus le temps passait plus je me rendais compte que la réalité était très proche des mythes et légendes connus.

Ainsi, lorsque l'on parlait de Merwin Arnaud, descendant de Merlin l'Enchanteur, à quoi pensait-on ? A la forêt de Brocéliande, évidemment !

Mais voyager des Etats-Unis jusqu'à la France en balais... Pourquoi ? L'avion existait. Et ce qui était humain pouvait aussi être utile. Seulement voilà, ma tante n'était pas d'accord. « Le balais est un déplacement écologique », avait-elle répliqué. Si je fus boudeuse au début, lorsque nous sommes arrivées proches des côtes françaises après moins de cinq heures de trajet, il fut évidant que non, l'avion n'était pas plus rapide.

Ecologique et rapide. Le balais, nouveau moyen de transport révolutionnaire.

— Je suis déçue, je m'attentais à une petite maison, haussais-je des épaules.

Malheureusement, ce qui se dressait devant nous était une demeure bien plus grande. Un manoir assez moderne perdu dans une plaine entourée par la forêt.

— Merwin Arnaud est de ces sorciers préférant cacher leur coven par la magie. La forêt de Brocéliande existe bien, mais elle est inaccessible de ceux qui ne peuvent manipuler la magie. Autrement dit, les humains et la plupart des autres animaux, ainsi que quelques espèces surnaturelles.

Les explications de ma tante étaient inutiles pour la simple et bonne raison que je m'en fichais.

— Les membres de son coven sont éparpillés dans la forêt qui forme le territoire du Mage.

Devant le manoir, nous observions de loin. Aucune de nous ne s'approcha. Ce que j'attendais, c'était que ma tante fasse le premier pas. Elle m'avait guidé jusqu'ici après tout...

Mais puisqu'elle ne fit rien, j'allais de l'avant, frappant à la porte d'entrée. Aussitôt, il y eut de très nombreux bruits, notamment des sons ressemblant à des objets se brisant. Puis, la porte s'ouvrit sur deux enfants. Les fées, les petits-enfants d'Arnaud.

— N'ouvrez pas négligemment ! s'égosilla le grand-père essoufflé.

S'apercevant que j'étais le visiteur, il se redressa immédiatement, tentant de retrouver de sa crédibilité en tant que Mage. Ce fut vint. Les garnements s'envolèrent pour aller jouer avec les divers lustres de la maison.

— Descendez de là immédiatement ou je le dirai à votre mère !

Et les enfants descendirent, les yeux larmoyants.

— Papi ne nous aime pas ? demandèrent-ils en même temps, le visage dressé vers celui de leur grand-père.

Les enfants étaient des démons manipulateurs. Pourquoi le monde continuait de les considérer comme d'innocentes petites créatures adorables ? Même des gremlins étaient plus agréables à vivre à côté d'eux !

Le Mage nous laissa entrer, abandonnant le peu d'autorité qu'il avait sur ses petits-enfants qui, finalement, décidèrent de le prendre dans leurs petits bras, les ailes battant frénétiquement pour leur permettre de voler. Il s'installa dans son fauteuil, les enfants partirent.

— On t'aime papi ! déclarèrent-ils avant de voler à l'étage pour laisser les grandes personnes parler entre elles.

Il nous invita de la main à nous asseoir dans le canapé lui faisant face.

Bang Bang, Banshee sang ; Tome 2Where stories live. Discover now