Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)

21-

21-

La chambre était baignée de la lumière du soleil lorsque Nicola émergea du sommeil. Elle n'avait pas aussi bien dormi depuis des années et se sentait revigorée. Elle ne savait pas si c'était parce que son matelas était devenu plus agréable qu'il ne l'était déjà ou parce que les draps étaient bien plus doux qu'à l'accoutumée mais une chose était sûre, elle pourrait rester des heures là à rêvasser.

Mais son estomac lui rappela la dure réalité : elle était affamée. Elle fut donc obligée d'ouvrir les yeux parce que la faim passait avant son envie de se rouler en boule dans la chaleur de son lit. Le temps que sa vision s'adapte à la luminosité, elle s'était assise en tailleur. Elle tâtonna de sa main droite pour trouver son téléphone mais ne le sentit pas sous ses doigts. Elle fronça les sourcils et réalisa qu'elle n'était pas chez elle. Elle réfléchit rapidement pour savoir pourquoi elle était encore chez Lachlan. Nick et lui avait presque recouché ensemble mais la chatte de l'homme les avait interrompus. Elle se souvenait de l'avoir caressé et après, c'était le blackout.

La brune soupira et se leva, toujours nue. Elle se mit à chercher ses vêtements en essayant de trouver quelque chose à dire à son collègue pour fuir son appartement. Elle s'en voulait de s'être endormie au lieu de partir parce que voilà, elle était gênée, bien plus encore que s'ils avaient couché ensemble. Et maintenant qu'ils n'avaient rien fait d'autre que dormir, elle devait lui faire face. Cela risquait d'être embarrassant. Très embarrassant, même. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle s'était juste endormie en caressant Sahara ou bien parce qu'avant de sombrer, elle avait croisé le regard du brun et qu'elle s'était sentie aimée et entourée. A vrai dire, elle préférait ne pas y penser –puisque dans tous les cas, elle n'avait pas de réponse à ses interrogations.

Nicola sortit donc de la chambre seulement vêtue de ses sous-vêtements, qui étaient sur le sol, et avança vers les bruits qu'elle entendait. Une odeur de pancake flottait dans l'air et son estomac se rappela durement à elle. Il y aurait surement de la tension entre eux mais sa faim la poussait à tout reléguer en second plan –il ne fallait jamais négliger son ventre et, avec elle, c'était une politique de vie. Elle arriva dans la cuisine ouverte de l'appartement et y trouva le brun occupé à faire des œufs brouillés. Il se retourna en l'entendant derrière lui et lui sourit, déposant ce qu'il préparait dans une assiette.

-Salut, toi, commença-t-il, les joues rosies, bien dormi ? (Puis avant qu'elle n'ait pu répondre, il continua :) Je t'ai fait à manger, je sais comme la nourriture est importante pour toi.

Effectivement, ça l'était. Mais à cet instant, ce qui l'était encore plus c'était que Lachlan avait cuisiné, juste pour elle. Il lui avait confié ne pas manger le matin et malgré les protestations de la brune, il ne comptait pas changer ses habitudes, aussi mauvaises soient-elles. Nicola avait donc la certitude que tout ce qu'il avait fait –des pancakes, une énorme salade de fruits, des œufs, du bacon et des toasts- lui était destiné. Et cela la toucha bien plus qu'elle ne voulut se l'avouer.

La femme sentit son cœur se gonfler comme il ne l'avait plus fait depuis Cooper. Il était certain que la nourrir était la meilleure façon d'atteindre son cœur mais elle se refusait à trop se réjouir. Lachlan ne voulait que du sexe –tout comme elle- et s'il avait préparé tout cela, c'était surement par pure politesse.

-Merci beaucoup, Nessie.

Le surnom était sorti tout seul sans même qu'elle n'ait pu y penser. Elle ne l'utilisait pas très souvent mais dans sa bouche, cela semblait juste.

-Assieds-toi. Je te fais un thé ou un café ? A moins que tu ne veuilles un jus de fruits ?

L'homme était plus rouge que jamais et il fallait avouer qu'il était canon comme ça. Il remonta ses lunettes sur son nez et passa sa main dans ses cheveux déjà en bataille. Comme elle l'avait prédit la veille, les choses étaient bizarres.

-J'aimerais d'abord trouver mes vêtements, dit-elle alors qu'il semblait encore plus embarrassé.

D'un côté, sa gêne évidente mettait Nicola à l'aise et de l'autre, elle trouvait cela déroutant. Dans les deux cas, il se sentait étonnamment moins bien qu'elle.

Pour lui laisser du temps pour se détendre, la femme partit à la recherche de ses vêtements, qu'elle trouva pliés sur l'accoudoir du canapé. Elle s'habilla rapidement puis revint auprès du brun qui lui fit un petit sourire. Elle s'installa sur l'îlot central et se servit, prenant de tout. Elle se sentait un peu comme chez elle sauf que, pour une fois, quelqu'un avait cuisiné pour elle.

-C'est gentil d'avoir fait tout ça pour moi, sourit Nick en le regardant. C'est apprécié.

Lachlan prit un air narquois.

-Mieux que l'Italien ? demanda-t-il, les yeux brillants d'une étincelle de malice.

-Cent fois mieux ! répondit-t-elle à sa grande surprise. L'intention fait tout. Ça faisait longtemps que quelqu'un n'avait pas fait quelque chose uniquement pour moi. Ça fait très plaisir.

Elle avait fini sa phrase par un sourire nostalgique sans vraiment s'en rendre compte. Cooper lui préparait tous ses petit-déjeuner et il faisait le dîner trois fois par semaine. C'était la dernière personne –et peut-être bien la seule de sa vie d'adulte- à avoir fait cela pour elle.

-Quoi, les autres ne préparent pas le petit-déj ? plaisanta l'homme afin de la détendre.

Et cela fonctionna à merveille. Nicola éclata de rire avant de reprendre un pancake.

-Qui sait, ils auraient pu le faire si je leur avais laissé la possibilité. Disons que je ne reste jamais assez longtemps pour ça.

-Mais tu es là, chuchota le brun en se penchant vers elle, l'air conspirateur.

Ce fut au tour de la femme de rougir, mais elle répondit malgré la gêne :

-Il faut croire que ton King size est agréable et que Sahara est très relaxante lorsqu'elle ronronne contre ton ventre.

Et puis, peut-être qu'en passant, dormir dans le même lit que quelqu'un permet un meilleur sommeil.