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Nicola ouvrit la porte de son appartement après sa journée de travail. Il était tôt, suffisamment pour que son salon soit baigné de lumière. Elle se fit la réflexion que celui de Lachlan devait l'être encore plus puisqu'il y avait plus de baies vitrées. Secouant la tête à cette pensée, elle retira ses chaussures et sa veste, se rendit dans la pièce à vivre. Elle s'affala sur son canapé et soupira, les yeux rivés sur le plafond.

Putain.

La femme prit la télécommande posée sur sa table basse, alluma la télévision et se remit à fixer le plafond. Sur le plateau d'une chaîne d'infos en continu, les présentateurs déblatéraient à propos des températures plutôt douces pour la saison et de l'arrivée du printemps sous peu. Tournant la tête pour observer l'écran, la brune se dit qu'ils disaient la même chose chaque année et que, dans peu de temps, ils parleraient du réchauffement climatique. Nicola adorait entendre des débats, notamment entre les politiques là-dessus mais pas ce jour-là. Alors elle changea de chaîne jusqu'à en trouver une qui diffusait de la musique. Il lui semblait que c'était la première fois qu'elle tombait dessus et qu'elle n'en avait même jamais entendu parler. Et dire qu'elle payait pour ça ! Elle augmenta le son en soupirant, espérant ne plus s'entendre penser, mais soupira en entendant une chanson qui passait trop souvent à la radio et qu'elle avait fini par détester.

-C'est pas vrai ! grogna-t-elle, en éteignant brutalement l'écran plat.

Elle voulut balancer la télécommande avant de se souvenir qu'elle pouvait toujours être utile –sait-on jamais, elle voudrait peut-être rallumer sa télé un jour. Nick se redressa, passa une main dans ses cheveux et ne put qu'écouter le silence qui régnait dans son appartement.

Merde !

Elle se sentait seule et qu'est-ce qu'elle détestait cela. Ça n'avait aucun sens parce qu'elle avait toujours été seule depuis Cooper et qu'elle n'avait jamais eu cette impression depuis qu'elle était passée à autre chose. Forcément, les premiers temps après leur rupture, cela avait été difficile de réapprendre à vivre seule et à retrouver des habitudes de célibataire mais cela faisait des années qu'elle allait mieux. Elle pouvait rester des heures à lire dans le silence sans que ça ne la dérange et là, elle se sentait écrasée par celui-ci ? Elle aurait aimé avoir une présence à ses côtés, même s'ils ne parlaient pas. C'était juste pour avoir quelqu'un. Pour ne pas être seule.

-C'est quoi mon problème, à la fin ?

Elle savait que c'était parce qu'elle avait été avec Lachlan plus longtemps qu'elle n'en avait l'habitude mais elle n'était pas restée suffisamment pour s'habituer –juste deux nuits et une journée. Nicola se trouvait ridicule. Elle avait l'impression d'être dépendante, elle qui avait toujours été dans l'individualisme. Cela avait sûrement aidé Cooper à aller voir ailleurs mais elle était ainsi et se refusait à avoir besoin de quelqu'un et ce même si ce quelqu'un était Lachlan.

Son téléphone sonna dans son sac et lorsqu'elle vit le nom de sa mère s'afficher sur l'écran, elle faillit ne pas décrocher et prétexter qu'elle avait beaucoup de travail. Pour autant, elle savait que sa mère était têtue et qu'elle la rappelait jusqu'à ce qu'elle lui parle enfin. Alors, c'est en soupirant qu'elle appuya sur le bouton vert.

-Salut, Mama ! lança la brune d'un ton faussement joyeux.

-Ne fais pas semblant d'être heureuse de m'entendre, Nikolina, je sais quand tu n'es pas sincère, répondit Nevena Chester, faisant sa fille grincer des dents.

Nick détestait que sa mère l'appelle par son prénom entier et celle-ci le savait parfaitement. C'était pour cela qu'elle s'évertuait à le faire alors que personne d'autre ne le prononçait. Elle s'appelait Nicola et non Nikolina.

-Ne m'appelle pas comme ça ! grogna la brune, agacée. Et puis, qu'est-ce que tu veux ?

-Tu renies tes origines, Nikolina, c'est mal. Je ne vois pas en quoi c'est mal d'être bulgare.

-Je n'ai jamais dit que c'était mal d'être d'origine bulgare, j'ai simplement dit que je ne voulais pas que tu m'appelles par mon prénom entier.

-Chérie, soupira sa mère, sur ton passeport il est écrit Nikolina, c'est ton prénom.

-Les trucs administratifs ont toujours tous tes noms en entier. Sur ton passeport il est bien écrit Nevena Angelov Chester. Mais je sais que ce n'est pas pour ça que tu m'as appelé, alors que veux-tu ?

-Ai-je besoin d'une raison pour t'appeler ? Tu es ma fille, est-il donc si difficile d'imaginer que je veuille juste entendre ta voix et prendre de tes nouvelles ?

-Oui.

La relation qu'elles entretenaient n'était pas comme ça. Nevena n'appelait jamais juste pour savoir comment sa fille allait et Nicola ne l'appelait jamais. C'était ainsi. Elles étaient surement déçues du comportement de l'autre, la mère parce que son enfant n'était pas comme elle l'avait souhaité et l'enfant parce que sa mère ne voulait pas accepter qu'elle ne serait jamais la personne qu'elle souhaitait. Cette constatation avait fait souffrir la femme lorsqu'elle était un peu plus jeune –après sa rupture avec Cooper, pour être précis– mais elle avait trente-six ans et les choses étaient ainsi depuis trop longtemps pour qu'elle s'en formalise. C'était triste à dire mais elle n'espérait plus rien.

Un silence tomba entre les deux, la réponse de Nicola ayant jeté un froid sur la conversation. Finalement, Nevena soupira et déclara :

-Tu as rendez-vous avec un homme demain soir à dix-neuf heures. Il s'appelle Gavin Parks et il est impatient de te retrouver dans un restaurant Italien vers Cardiff. Je t'enverrai l'adresse plus tard alors taches d'être à l'heure. Tu sais comme c'est impoli d'annuler ses rendez-vous à la dernière minute, donc ne pense même pas à ne pas y aller.

Avant qu'elle n'ait pu protester, elle ajouta d'une voix basse :

-Je fais ça pour toi, Nikolina.

-Non, Mama, tu fais ça pour toi, tu l'as toujours fait pour toi.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant