38-

180 29 17
                                    


38-

Putain.

Nicola n'avait aucune envie d'être là. Elle se tenait debout devant le porche de la maison de ses parents, une boule au ventre et la bouche sèche. Lachlan l'avait motivé à s'y rendre sous prétexte que c'était sa famille et qu'on ne reniait pas sa famille. Sauf qu'elle ne voulait pas voir sa famille. Allan serait là avec Daynan et leur tribu de gosses, Lexie et Todd avaient été invité et, bien sûr, Nevena et son père seraient là. Et en toute sincérité, elle aurait préféré passer la soirée dans les bras de Lachlan plutôt que de se trouver là, devant la porte de la maison où elle avait passé son enfance.

Mais voilà, c'était trop tard pour faire demi-tour et elle ne voulait certainement pas décevoir Lachlan en rentrant chez eux –elle adorait dire cela quand bien même elle avait plus envahi les lieux qu'autre chose. D'un autre côté, elle ne se voyait pas passer les prochaines heures en compagnie de gens qu'elle ne voulait pas voir. D'accord, elle ne leur avait pas donné de nouvelles depuis très longtemps, n'avait pas parlé à son amie depuis la grande annonce de l'adoption et n'avait pas revu son frère depuis au moins trois semaines mais qu'importe, elle ne supporterait pas de rester enfermée trop longtemps dans la même pièce qu'eux –enfin surtout dans la même pièce que sa mère.

La porte s'ouvrit avant qu'elle n'ait pu se décider si elle allait ou non prendre ses jambes à son cou. Lexie lui souriait grandement, l'air plus heureuse que jamais de la voir. Dommage que ce ne soit pas réciproque.

-Nick, ça me fait plaisir de te voir, dit-elle en se poussant pour la laisser entrer.

L'intéressée ne dit rien, se contentant de faire un pas à l'intérieur de la maison. Elle dut faire un effort qui lui parut surhumain pour ne pas jeter un coup d'œil à sa voiture.

A l'intérieur, il y avait beaucoup de lumière et d'agitation. La femme se sentit agressée par tant de bruit, elle qui s'était habituée au silence réconfortant qui flottait chez Lachlan. Elle grimaça en entendant la voix de sa mère et insulta mentalement son –mmh, elle supposait qu'elle pouvait l'appeler ainsi- copain pour l'avoir convaincu de venir. Il avait intérêt à se faire pardonner parce que sinon elle lui en tiendrait rigueur très longtemps.

La brune avança jusqu'au salon avec un goût amer dans la bouche. C'était dans cette pièce que sa mère lui avait reproché son célibat pour la première fois, autant dire qu'elle ne gardait pas un très bon souvenir dans l'endroit. Ni dans les autres, d'ailleurs. Cette maison lui rappelait trop de mauvaises choses, trop de disputes et de larmes.

Lorsqu'elle arriva près de la grande table de la salle à manger, le silence tomba. Nevena se leva avec un sourire et s'approcha d'elle.

-Chérie, comment vas-tu ?

Nicola détourna le regard et esquiva l'étreinte qu'elle souhaitait lui donner. Toucher sa mère était presque aussi douloureux que lui parler et il était hors-de-question que celle-ci prenne sa présence chez elle pour une réconciliation. C'était trop tard pour qu'elle se fasse pardonner.

-Assieds-toi, tu ne nous en voudras pas, nous avons commencé sans toi, puisque tu es en retard.

Et voilà, les reproches commençaient. N'étant pas d'humeur à supporter les remontrances de sa mère, la femme annonça la couleur :

-J'espérais arriver suffisamment tard pour que le dîner soit fini, mais visiblement je suis trop en avance pour ça.

Le silence, déjà lourd devint presque palpable. Les iris marrons de sa mère se plantèrent dans les siens et Nicola sentit les vagues de colère qui émanaient de sa mère. C'était fou mais elle pouvait lire Nevena comme un livre ouvert, surtout pour ce qui était des sentiments négatifs –c'était surement parce qu'elle était douée pour les lui faire ressentir.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant