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-Nicola, ouvre, je sais que tu es là !

Cela devait bien faire trente minutes que Lachlan toquait désespérément à la porte de la brune afin qu'elle lui ouvre. Il avait dû l'appeler une centaine de fois sans qu'elle ne réponde et il commençait à s'inquiéter. Après deux jours, il avait décidé qu'il devait s'assurer qu'elle allait bien et il en profiterait pour s'excuser et pour mettre les choses au point avec elle.

Enfin, si elle se décidait à ouvrir cette foutue porte !

-Wally, je t'en prie ouvre !

Il entendit du bruit et pensant que c'était elle qui allait apparaître, il fut surpris lorsqu'une voix lui parvint depuis l'autre bout du couloir :

-Il me semble assez clair qu'elle ne souhaite pas vous parler, alors dégagez avant que j'appelle les flics !

Le brun se tourna vers la personne qui avait parlé, une vieille dame haute comme trois pommes qui était pourtant très menaçante avec son couteau de boucher. Il eut un mouvement de recul et leva ses mains pleines de sac en signe d'apaisement.

-Désolé pour le dérangement, mais je dois vraiment déposer ces sacs.

La femme plissa les yeux et avança d'un pas, la lame argentée brandit devant elle.

-Qui êtes-vous ?

Le gars qu'elle a l'air de détester le plus, ces derniers temps, pensa-t-il. Pourtant, il répondit sans réfléchir :

-Son petit-ami.

A cet instant, la porte de Nicola s'ouvrit et celle-ci apparut, les yeux écarquillés.

-Salut, babe, j'ai la glace, comme tu me l'as demandé.

Avant qu'il ne comprenne comment, la main de sa collègue s'était refermée sur son t-shirt et elle l'avait entrainé à l'intérieur de l'appartement. Il fut plaqué contre le mur tandis qu'une Nicola furieuse enfonçait son index dans sa poitrine.

-Je peux savoir pourquoi est-ce que tu mens à ma voisine ? Et ce que tu fais là ? Ce n'était pas clair que je ne voulais pas te voir ?

-Visiblement tu as changé d'avis.

-Je l'ai fait avant qu'elle se mette à raconter des mensonges à ma mère ! A cause de toi je vais devoir lui rentrer dans le crâne que tu n'es personne !

Aïe ! Se prendre ça dans la face faisait mal, surtout à Lachlan. Il pouvait comprendre qu'elle était énervée par son comportement mais de là à dire qu'il n'était personne. Son cœur en prenait clairement un coup.

-Ecoute Wally, tu m'en veux même si je ne comprends pas vraiment pourquoi mais de là à dire que je ne suis « personne », c'est un peu fort, non ?

-Tu ne sais pas pourquoi ? s'indigna-t-elle en lui lançant un regard noir –Lachlan jura qu'il faillit mourir sous ce regard.

-Non, je ne sais pas, répondit-il prudemment, tu ne réponds ni à mes messages ni à mes appels et je ne suis malheureusement pas devin.

-C'est justement ça le problème, tu... Tu sais quoi, laisse tomber, soupira-t-elle en s'éloignant.

L'homme la retint en attrapant son poignet et la fit doucement pivoter vers lui.

-Non, je ne laisse pas tomber parce qu'on doit se parler, on a besoin de cohésion en tant que collègues bien sûr, mais aussi en tant que...

Il s'interrompit brusquement, regarda ailleurs. Putain ! Il avait failli échapper plus qu'il ne devait. Il n'était pas prêt à dire ce qu'il voulait vraiment et elle n'était certainement pas prête à entendre ce qu'il avait à dire.

Il reprit donc, laissant de côté la conversation qu'ils ne devaient pas avoir pour le moment :

-J'ai vraiment des glaces qui doivent être fondues depuis le temps.

-Non, tu ne te défileras pas ! Finis ta phrase, Lachlan.

-Tu refuses de me parler alors c'est donnant-donnant.

Elle garda le silence puis, les yeux embués :

-Je pensais être plus qu'un trophée à tes yeux mais je m'étais visiblement trompée.

-Tu n'as jamais été un trophée et tu n'en seras jamais un.

-Vraiment ? Ce n'est pas l'impression que j'ai eue.

-Si je suis resté aussi calme c'est uniquement parce que tu m'as dit que je devais m'habituer, que c'était des contrats importants sinon tu peux être sûre que je les aurais envoyés se faire foutre. Je ne plaisantais pas quand je disais que tu ne seras jamais trophée à mes yeux, Wally. T'es tellement plus que la femme avec laquelle j'ai couché et tu n'es pas plus là pour décorer que j'ai été intelligent sur ce coup-là. Je suis désolé si je t'ai blessé je n'en ai jamais eu l'intention. Crois-moi.

-Pourquoi je devrais te croire ? Pour que tu me remettes dans ton lit ?

Elle ne comprenait pas–alors elle refusait de comprendre. N'avaient-ils pas déjà passé cette étape ? Ne ressentait-elle vraiment rien pour lui si ce n'était quelque chose de physique ? Elle l'avait accusé de la traiter comme un trophée mais finalement n'était-elle pas celle qui donnait l'illusion qu'il n'y avait jamais eu que le sexe ?

Etait-il le seul à avoir des sentiments dans cette histoire ?

-Ce n'est plus seulement sexuel entre nous, si ?

Le brun retint son souffle en attendant la réponse. Les prochains mots de la brune pouvaient faire de lui un homme comblé ou, au contraire, le briser.

-Ça l'est pour toi ? demanda Nicola d'une petite voix, l'air incertaine.

-Non, plus depuis très longtemps.

Il vit ses yeux se remplir de larmes et son cœur se serra douloureusement. N'avait-il pas répondu ce qu'elle voulait entendre ? La vérité n'était-elle pas ce qu'elle voulait ? Avait-elle pensé recevoir une autre réponse ?

-Ne me laisse plus jamais dans ce genre de situation ! renifla-t-elle en détournant le regard.

Il s'avança prudemment pour voir si elle le repoussait et lorsqu'il s'aperçut qu'elle ne bougeait pas, il la prit dans ses bras.

-Je ne laisserai plus jamais quelqu'un te rabaisser comme Memphis ou eux l'ont fait, murmura-t-il dans son oreille en la tenant fort contre lui.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant