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-Si ta mère te manque, tu devrais rentrer en Irlande.

Nicola pensait vraiment ce qu'elle venait de dire même s'ils étaient couchés dans le lit du brun, tous les deux en train de caresser Sahara, qui ronronnait entre eux. Même si elle ne voulait pas qu'il parte, elle savait puisqu'ils en avaient souvent parlé qu'il aimait sa mère. Or, elle aurait aimé avoir ce genre de relation avec la sienne, elle ne se voyait donc pas le priver de ce lien, quand bien même elle aimait sa présence à ses côtés.

-Je suis bien ici, répondit simplement l'homme en fixant l'animal.

-Lachlan, quelle que soit la raison qui te retient ici, ce n'est pas plus important qu'elle.

-En fait, je dirais que c'est tout aussi important, affirma-t-il en la regardant droit dans les yeux.

Nick préféra faire comme si son cœur était prêt à s'échapper de sa poitrine et secoua la tête :

-Tu ne dois pas la négliger.

-Elle viendra ici, rétorqua-t-il. Et puis comme ça, tu pourras la rencontrer.

-Elle va croire que je suis ta copine, plaisanta à moitié la brune en détournant le regard.

En fait, elle ne savait que si cela la dérangerait vraiment d'être prise pour la petite-amie de Lachlan.

-Ce serait un problème ?

Elle haussa les épaules. Essayait-il de tâter le terrain pour savoir si elle était d'accord pour sortir avec lui ? Ou bien se faisait-elle des films ? Nicola penchait pour la deuxième hypothèse, qui lui paraissait bien plus probable.

Elle se trouvait ridicule à espérer quelque chose comme si les choses allaient tomber du ciel. Elle voulait sortir avec lui –ou du moins il lui semblait- mais elle ne faisait rien pour le signifier à l'homme. Pour autant, elle avait du mal à savoir si c'était vraiment ce qu'elle désirait. Elle souhaitait être avec Lachlan, mais était-elle vraiment obligée de l'être comme ça ? Ne pouvaient-ils pas juste être ensemble sans tout ce qui était lié aux relations –la douleur de la rupture, entre autre ?

-Ça me ferait très plaisir que tu la rencontres, déclara le brun, je suis sûr que vous vous entendriez bien, toutes les deux.

Elle garda le silence. Elle doutait un peu de ce qu'il disait mais ne se voyait pas le contredire. Le seul point commun qu'elles auraient serait l'amour qu'elles portent à Lachlan. Or, dans les souvenirs de la femme, les mères n'aiment jamais les copines de leurs fils.

-D'ailleurs, je pourrais rencontrer ta mère ?

Nicola ne put s'empêcher de grimacer. Autant elle pourrait rencontrer la mère de l'homme, autant il était hors de question qu'il rencontre la sienne !

-Non, ce serait mieux d'éviter.

Le brun eut l'air contrarié et elle se dit qu'elle aurait peut-être dû prendre des pincettes.

-Pourquoi ?

Cette fois, elle réfléchit à ce qu'elle allait dire, et c'est avec précaution qu'elle lui répondit :

-D'après ce que tu m'as dit, ta mère est vraiment gentille mais... ma mère n'est pas du genre à faire des petits gâteaux sans contrepartie.

-Ce qui signifie ?

La brune n'avait pas envie de lui expliquer à quel point sa mère pouvait être affreuse lorsque cela la concernait. Elle avait fait la bêtise de lui présenter son premier petit-ami et celui-ci l'avait quitté dans la foulée. Nevena lui avait parlé d'enfants et de fidélité alors qu'ils n'avaient que dix-sept ans. Après ça, Nick avait compris que sa mère l'avait fait exprès pour se débarrasser du type, parce qu'il n'était « pas fait pour elle » -comme si à dix-sept ans il était courant de trouver la personne de sa vie. Depuis, aucun petit copain n'avait passé la porte de la maison de ses parents.

Du moins, aucun sauf Cooper, qui avait été de lui-même là-bas. Il s'était avéré que tous les deux s'adoraient –et avec le recul, la femme savait pourquoi. Il s'était mis à lui reprocher de ne pas lui avoir présenté elle-même et de ne pas passer la voir suffisamment souvent. Ensemble, ils avaient préparé une demande en mariage ainsi que le mariage qui allait avec. Mais ce que Nevena n'avait pas prévu, c'était que Cooper n'était pas si fidèle que ça –à croire qu'elle n'en avait pas parlé avec lui. Comme personne mis à part Lexie ne sut ce qui était vraiment arrivé à leur couple, sa mère fut persuadée que c'était de sa faute si le mariage avait été annulé et elle lui en a voulu –et lui en voulait encore. C'était à peu près à cette période qu'elle s'était mise en tête de caser sa fille et que leurs rapports mère-fille s'étaient dégradés, alors même qu'ils n'étaient déjà pas très solides. Son père n'avait jamais rien dit à ce sujet, sûrement pour ne pas contrarier sa femme mais elle était certaine qu'il n'en pensait pas moins.

-Si tu tiens à ta vie, il vaut mieux que tu ne la rencontres jamais, grogna finalement, énervée de repenser à cela.

Elle soupira et Sahara, devant sentir sa tension, lui donna un coup de tête avant de descendre du lit. La femme se tourna, donnant son dos au brun, qui se colla à elle et passa un bras par-dessus sa taille.

-Si tu ne veux pas que je la rencontre, ce n'est pas grave.

Elle lui fit de nouveau face, leurs corps collés et leurs visages proches. Elle frôla ses lèvres lorsqu'elle parla d'une voix basse :

-Ce n'est pas que je ne veuille pas mais c'est compliqué et je ne veux pas t'impliquer là-dedans.

Elle frissonna tandis que le regard du brun était rivé sur ses lippes. Elle n'avait pas eu envie d'embrasser quelqu'un depuis des années pourtant elle voulait le faire avec Lachlan. Le geste paraissait normal et ils avaient l'air de le vouloir tous les deux. Et puis, ils se trouvaient dans le lit du brun, collés l'un à l'autre alors il lui semblait qu'ils étaient assez intimes pour le faire.

Il avança sa main et la plaça sur sa joue, frotta leurs nez l'un contre l'autre et soupira, relevant les yeux sur elle.

-Si tu n'es pas confortable dans cette situation, je ne te forcerai pas, murmura-t-il.

-Merci, souffla-t-elle.

Il lorgna de nouveau ses lèvres et lécha ses propres lèvres, frôlant de sa langue celles de la brune au passage.

-On devrait dormir, dit-il finalement en détournant le regard.

Son bras se resserra sur ses hanches et il s'apprêtait à se retourner lorsqu'elle posa ses lèvres sur les siennes, doucement, maladroitement. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas embrassé qu'elle avait perdu la technique. Elle se retira un peu honteuse et se retourna, éteignit la lumière de son côté du lit et lança un « bonne nuit » derrière elle, sans attendre de réponse.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant