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Nicola était faible face à deux choses : son estomac et la tête que Lachlan lui avait faite lorsqu'il lui avait demandé de rester travailler avec lui. C'était peut-être ses yeux gris rivés aux siens, suppliant ou la moue qu'il lui avait faite, ressemblant alors à un enfant mais la femme avait cédé.

Quoiqu'il en soit, elle était toujours chez lui et était assise sur son canapé. La brune pensait que les choses seraient gênantes - c'était la première fois qu'elle travaillait chez un collègue, ayant toujours refusé de se rendre chez Matt- mais non. A vrai dire, ils travaillaient comme ils le faisaient dans leur bureau. L'homme savait quand il fallait être sérieux et n'avait donc pas fait de blagues ou d'allusions perverses -du moins s'était-il abstenu pendant qu'ils bossaient. C'était presque comme ils en avaient l'habitude à un détail près. Or ce détail était plutôt important compte tenu de leur situation ; ils étaient collés l'un à l'autre sur le canapé du brun. Il semblait donc évident que, de temps en temps, ils se frôlent et se heurtent. Seulement, Lachlan avait parfois des gestes un peu trop affectueux pour être considérés comme accidentels. Ce n'était pas vraiment dérangeant mais le problème, c'était que Nick trouvait ces frottements normaux et presque rassurants.

Ils préparèrent à déjeuner lorsque le ventre de la brune se fit entendre et mangèrent en discutant autour de ce qu'ils avaient fait. La conversation resta bonne enfant, aucun des deux ne parlant de ce qu'il avait failli se passer la veille. Et la femme apprécia cela. Elle se rendait bien compte que rien n'était facile dans leur position. Ils étaient collègues et il était évident qu'il y avait une tension sexuelle entre eux. Mais ce n'était pas tout -après tout, ce n'était jamais que ce qu'on croyait. Non, il y avait plus, beaucoup plus. Le truc, c'était que Nicola ne savait pas quoi, elle n'arrivait pas à mettre des mots sur ce qu'elle ressentait, puisqu'à l'évidence, elle ressentait des choses. Mais y penser rendait les choses étranges et embarrassantes et elle se mettait à s'attarder sur des détails inutiles. Elle se demandait si le regard de l'homme sur elle était innocent, s'il ne reflétait que de l'amitié -ou à la limite, un désir sexuel. Elle s'arrêtait sur ses sourires, ses paroles, comprenait et voyait des signes là où, elle en était sûre, il n'y en avait pas.

Une part d'elle se sentait pousser des ailes au moindre geste, regard ou sourire et une autre, bien plus pragmatique, savait que rien n'était vrai. Lachlan ne voulait que du sexe et ne s'intéresserait pas à elle pour autre chose qu'une relation platonique. Elle en avait parfaitement conscience mais, d'une certaine façon, elle en souffrait. Elle s'en voulait d'espérer après Cooper et elle s'en voulait de ressentir des choses après Cooper. Où était donc passée l'ancienne Nicola, imperméable à tout qui n'avait de cesse de repousser tous ceux qui s'intéressaient à elle ? Où était donc passée la Nicola qui ne ressentait rien ? A quel moment avait-elle été obligée de s'interdire de ressentir des choses ?

Après leur repas, Lachlan proposa de prendre un peu de temps pour eux avant de recommencer à travailler, puisqu'après tout, ils étaient en congé. Alors ils se réinstallèrent sur le canapé, la télévision allumée, serrés l'un contre l'autre, Sahara entre eux. Quelques minutes plus tard, la tête du brun tomba sur l'épaule de la femme, qui, bien malgré elle, sourit doucement. Elle regarda le visage endormi de l'homme, observa ses traits détendus et son air candide et sentit son cœur rater un battement.

Et sans qu'elle n'y fasse attention, elle se mit à lui caresser les cheveux, se faisant la réflexion qu'elle était dans une situation plus que délicate et qu'il lui faudrait faire des choix très bientôt, qu'elle le veuille ou non. 

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant