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Nicola était déjà en pyjama lorsqu'elle entra dans le salon pour souhaiter une bonne nuit à Lachlan. Elle savait de source sûre que tant qu'il ne viendrait pas se coucher, elle ne s'endormirait pas, mais il ne voudrait pas arrêter ce qu'il faisait –surtout s'il avait une vague d'inspiration pour un projet quelconque.

Cela faisait déjà quelques jours qu'il restait sur son ordinateur jusqu'à tard le soir et il ne venait pas se coucher avant au moins minuit. La brune ne savait pas ce qu'il faisait, à vrai dire, elle ne se sentait pas légitime de poser la question. Elle se disait que s'il voulait lui en parler, il le ferait juste et que poser la question la ferait passer pour une personne intrusive, ce qu'elle n'était pas.

Elle s'apprêtait donc à lui dire bonne nuit lorsque l'homme lui demanda de s'asseoir à côté de lui sur le canapé. La femme s'exécuta en fronçant les sourcils. Il ne la retenait jamais lorsqu'elle lui disait qu'elle était fatiguée et qu'elle allait se coucher.

-Il y a un problème ? demanda-t-elle alors qu'il la fixait sans rien dire.

Lachlan se mordit la lèvre un instant puis déclara :

-J'ai trouvé une maison pour ma mère. C'est à Mayfield.

-Oh, c'est proche d'ici. C'est vraiment bien.

Un silence tomba entre eux et il lui semblait que c'était un des rares –pour ne pas dire le seul- silence gênant qui s'installa. Nicola s'empressa donc de la briser, se sentant mal à l'aise :

-Donc c'est sûr, tu restes.

Ce n'était pas vraiment une question mais le brun hocha quand même la tête.

-J'en ai déjà parlé à la mère et elle a dit qu'elle serait ravie de venir.

Elle ne sut quoi dire mais elle fut satisfaite de ce qu'elle entendit. Il allait rester, donc elle continuerait à l'avoir à ses côtés et cela la réjouissait.

-Tu ne dis rien ? Tu as changé d'avis et tu ne veux plus de moi ? s'enquit-il alors qu'elle ne parlait toujours pas.

-Non, je continue de penser que c'est bien que tu restes. Ce serait embêtant de changer encore de partenaire.

Lachlan fronça les sourcils et serra les poings.

-C'est tout ? C'est vraiment tout ce que je représente pour toi ? Tu sais des choses que je n'ai jamais dites à personne, tu es spéciale pour moi, Nicola.

Cette dernière en eut le souffle coupé. Merde ! Il était carrément en train de dire ça, non ? Ça ne pouvait pas juste être des paroles balancées comme cela, n'est-ce pas ? Parce que ce serait très cruel.

Ce n'était plus seulement de l'espoir qu'elle ressentait à cet instant. Au fond d'elle elle savait, elle était persuadée qu'il y avait un message caché entre les lignes. Ça ne pouvait pas juste être son imagination et ce n'était pas juste parce qu'elle voulait entendre cela.

-Tu l'es aussi, Lachlan.

Utiliser son prénom à un moment pareil lui donnait l'impression de sceller quelque chose de très fort, comme une promesse.

L'homme sourit et avança une main vers sa joue. Lorsque ses doigts touchèrent sa peau, Nicola frissonna et ferma les yeux, laissant sa tête se poser contre la paume offerte.

-Tu es tellement plus qu'une simple collègue pour moi, Wally. Je n'avais jamais cherché de surnom pour quelqu'un d'autre que toi, je n'avais jamais partagé mon appartement avec quelqu'un d'autre et je n'avais jamais prêté mes vêtements à quelqu'un. Je ne m'étais jamais ouvert aux autres. Je n'avais jamais désiré quelqu'un aussi ardemment et je n'avais jamais été impatient de me coucher pour avoir le loisir de serrer quelqu'un contre moi.

Voilà, ça y était. Son cœur avait officiellement pris des vacances pour aller danser dans une boite de nuit et elle ne s'était jamais sentie aussi bien qu'en cet instant. Il s'était déclaré et, ouais, c'était la plus belle chose qu'on ne lui avait jamais dite. Elle était si heureuse que ses sentiments soient réciproques qu'elle en resta muette.

Alors il continua, tout en prenant son autre joue dans son autre main :

-Je n'ai jamais trouvé une femme aussi adorable, drôle, intelligente et sexy. Je n'ai jamais trouvé un baiser maladroit aussi magnifique et à vrai dire, je n'ai jamais autant été impatient d'avoir des lèvres sur les miennes. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à faire sourire quelqu'un et je ne me suis jamais senti aussi bien.

-Nessie, chuchota la brune, la voix tremblante et les yeux humides.

-Je ne me suis jamais senti aussi complet et aussi à ma place. Je ne me suis jamais senti autant à la merci de quelqu'un. Je n'avais jamais été jaloux ou en colère et j'ai découvert ce dont mes amis parlaient, tu sais, quand quelqu'un regarde avec un peu trop d'insistance ta petite-amie. Et c'est con parce que, merde, tu ne l'es pas mais...

Mais ?

-Mais ?

-Mais je ressens toutes ces choses et je ne sais pas si c'est parce qu'il fait beaucoup plus beau ici que chez moi, mais il me semble que le Soleil brille bien plus lorsque tu es là.

Le Paradoxe de la Mante Religieuse (#Wattys2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant