La Légende de Nyirdall, Tome 2

Chapitre 9

Aussitôt que Mishi et Narsa eurent le dos tourné, Egrim s'était téléporté au coin d'une ruelle pour échapper à leur vue. Il ne voulait pas qu'elles sachent où il avait l'intention d'aller. Et tant que les filles le laissaient tranquille, il n'aurait pas besoin d'expliquer cette histoire bizarre de djinns. Pourtant, dès qu'elles furent assez loin, il préféra marcher jusqu'à la tour. S'il y avait bien une chose qu'il avait apprit à l'Institut, c'était que se téléporter de l'autre côté d'une porte fermée pouvait être très impoli. Et Egrim avait envie de tout, sauf de manquer de respect à un djinn.

Il s'arrêta devant l'énorme entrée de l'immeuble des djinns. En obsidienne, haute de près de quatre mètres. Une unique poignée de porte, tout aussi noire que le reste, était camouflée dans tout ça. Egrim prit une grande inspiration, lança un dernier regard au-dessus de son épaule, puis l'ouvrit pour se faufiler à l'intérieur.

iIl découvrit une salle de réception, avec un bureau d'un côté et des fauteuils de l'autre. Des plantes en pot par dizaines, et quelques personnes qui attendaient en lisant le journal. Même si ce n'était pas la première fois qu'Egrim venait ici, il était extrêmement nerveux. Il enfonça ses mains tremblantes dans les poches de son manteau, puis s'avança jusqu'à la réceptionniste. Une fée était là, ses ongles en gel claquant sur le clavier de son ordinateur. Egrim l'observa faire un moment, attendant qu'elle le remarque. Il toussota dans son poing, appuya sur une sonnette... et une longue minute plus tard, elle leva enfin les yeux sur Egrim.

— Bonjour ! Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

— Heum...

Egrim était nerveux. Il lança un regard derrière lui, comme s'il craignait d'être espionné, puis se pencha au-dessus du bureau pour se rapprocher de la fée.

— Je veux... parler avec un djinn.

— À quel sujet ?

— Eh bien... C'est confidentiel.

— Je suis leur secrétaire. Si tu veux parler à un djinn, il faut passer par moi. C'est à quel sujet ? répéta-t-elle, une pointe d'agacement perçant dans sa voix.

Egrim pesta contre lui-même. Il ne pouvait quand même pas révéler le contenu de la lettre de son père à cette fée qu'il ne connaissait même pas ! C'était honteux !

— Je veux juste leur poser une petite question. L'histoire d'à peine une minute !

— Est-ce que c'est pour un vœu ?

— Une question ! fit Egrim, commençant à s'énerver. Qui se répond par oui ou non !

— Qui concerne le futur, je suppose ?

— Non ! Le passé. Je ne suis pas là pour leur don, je veux poser une foutue question ! Eux connaissent la vérité, et j'ai besoin de savoir ! Il n'y a aucun rapport avec leur magie !

— Il est toujours question de magie, fit la fée qui commençait à s'irriter elle aussi.

— Écoute-moi bien, idiote ! s'enflamma Egrim. Je suis un mage, alors je n'en ai rien à foutre de leur don ! Si c'était ce genre de problème que j'avais, je pourrais m'en occuper moi-même !

La fée demeura parfaitement stoïque malgré la perte de contrôle d'Egrim. Elle le fixa droit dans les yeux pendant quelques secondes supplémentaires, avant de se pencher vers lui à son tour.

— Si tu vas voir les djinns avec ce caractère, ils vont te pulvériser. Sois un gentil garçon et pars d'ici. En plus, ajouta-t-elle avec un sourire carnassier aux coins des lèvres, si tu es vraiment un mage, tu n'as pas mis ton badge.