Chapitre 17

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L'heure était enfin venue. Le moment tant attendu ; celui de grimper dans un bateau et de quitter Nyirdall ! Un large sourire étirait le visage de Leerian. Caché derrière les arbres à observer le quai, où plusieurs navires étaient amarrés, il avait du mal à calmer son excitation.

— Et maintenant ? demanda Mishi.

Tous les yeux se tournèrent vers elle. Personne ne savait exactement comment ils allaient faire pour trouver la bonne monture, celle qui les conduirait sur un autre pays.

— J'ai une idée ! dit Egrim. Attendez-moi ici.

— Non ! s'exclama Narsa en le retenant par le bras. Dis-moi ce que tu comptes faire. Je ne te fais pas confiance !

Egrim eut un moment d'hésitation, avant de pouffer de rire et de faire face à la fée.

— Tu t'imagines quoi, que je vais torturer un matelot ?

— On ne sait jamais, avec toi.

Cette fois, Egrim était réellement insulté. Il s'expliqua, une pointe d'agacement perçant dans sa voix.

— Ils ont forcément un registre, quelque part. Si je le trouve, il nous dira tout ce qu'on veut savoir.

— Je vais venir avec toi, dit Danayelle. Je pourrais aider.

Egrim hocha la tête, même si, dans le fond, il avait envie de le faire seul. Il aimait se sentir utile, et il l'était un peu moins si quelqu'un faisait la moitié du boulot à sa place.

Danayelle passa les yeux au-dessus de leur cachette de buissons, au bord de la forêt. Sur le long quai s'étendait une dizaine de bateaux, allant de quelques énormes trois-mâts à de plus modestes voiliers. Malgré la nuit tombée, quelques matelots étaient affairés à charger des grosses caisses jusque dans les cales. C'étaient presque tous des nains, mais il y avait aussi quelques hommes.

— D'accord, fit Egrim. Si tu veux m'aider, commence à chercher de ce côté. Moi, je vais faire le sens inverse. On se retrouvera au milieu, si nous n'avons rien trouvé.

Egrim tendit la main vers Danayelle, comme pour seller un arrangement. Danayelle la serra, puis tous deux disparurent, emportant un léger courant d'air. Il ne restait plus que Leerian, Mishi, Narsa et Jean. Le dragon se roulait dans la neige, comme si son dos lui grattait. Narsa, elle, lâcha un gros soupire d'ennui.

— J'aurais bien aimé participer, dit Mishi dans un murmure. Mais on sait tous qu'une sirène et des matelots ensemble, ça se termine rarement bien...

Narsa pouffa de rire. Leerian, lui, tourna le regard vers Mishi, sans oser dire quoi que ce soit. Il n'était pas certain si elle avait parlé pour lui, s'il était censé répondre quelque chose. Ou peut-être que, s'il prenait le risque, elle allait l'envoyer balader. Elle avait probablement dit ça pour Narsa, pas pour lui.

Lentement, Mishi leva à son tour la tête vers Leerian. Celui-ci se détourna dans un sursaut, nerveux de s'être fait coincer à l'observer. Ses yeux se braquèrent sur la scène qui se jouait devant eux ; Danayelle était visible, cette grande blonde qui se promenait nonchalamment entre les nains qui transportait des caisses pour leur poser des questions en apparence innocente, mais qui l'aiderait à trouver un navire pour quitter le pays. Ou, au pire, le fameux registre qui leur donnerait peut-être l'information.

— Bonjour, monsieur ! dit-elle d'un ton joyeux. Où est-ce que vous allez, avec votre bateau ?

Le nain pouffa de rire, ne prenant même pas la peine de s'arrêter pour elle. Il continua son chemin avec ses grosses caisses, et Danayelle courut derrière lui.

La Légende de Nyirdall, Tome 2Donde viven las historias. Descúbrelo ahora