Chapitre 34

48 5 59
                                    

Nuvem avait guidé le groupe jusqu'au village le plus près, qui n'était qu'à un kilomètre du cimetière. Tout juste arrivé, Egrim reprenait déjà connaissance. Malgré ses yeux ouverts, il était toujours pendu au cou de Nuvem et de Tys, la tête appuyée sur l'épaule de ce dernier. Il n'avait même pas la force de se trainer les pieds.

Devant eux, un paysage de rêve s'étendait ; la civilisation. Enfin : des humains sur ce maudit pays ! De grandes habitations en huttes étaient éparpillées autour d'eux, alors que le groupe continuait d'avancer lentement. Une clôture de pieux faisait le tour du terrain, large de plusieurs centaines de mètres. Danayelle l'avait ouvert de force grâce à ses dons, pour ensuite refermer la porte après leur passage. Ils appréhendaient l'accueil qu'ils allaient bientôt recevoir, mais d'un autre côté, ils étaient prêts à se battre s'ils leur refusaient l'accès.

Leerian s'était endormi, ou plus vraisemblablement, il s'était évanoui. Il ne gémissait plus, tentait plus d'échapper à la télékinésie qui le faisait léviter derrière les filles, à un mètre du sol tout en déversant des gouttelettes de sang sur son chemin. On aurait pu croire qu'il était mort, et ses amis ne pouvaient rien faire de mieux qu'espérer le contraire.

Il faisait nuit noire et la plupart des habitants dormaient. Mais un groupe avait été réveillé par leur arrivée et s'avançait déjà vers eux. Trois hommes vêtu de la même mode que Nuvem, aux couleurs aussi sombres que leur peau, et tous armé de lance qu'ils pointaient vers eux malgré la distance. L'un cria quelque chose dans leur langue, d'un ton suffisamment grave et menaçant pour que tous s'arrêtent de marcher. Sauf Nuvem qui fit un pas supplémentaire tout en retirant le bras d'Egrim qui se soutenait toujours à son cou.

— Laissez-moi me charger d'eux.

— Si tu essaies de comploter dans notre dos, je te fais fondre le cerveau, grogna Tys. J'écouterais tout ce que vous direz.

Egrim regroupa ses forces pour lever les yeux vers son ami. C'était la première fois qu'il l'entendait proclamer de telle menace. Ça lui faisait bizarre.

Nuvem hocha simplement la tête. Pour son cas, il n'était pas impressionné ; il avait passé la journée entière à le craindre. Il commençait à être habitué.

— Bonsoir ! dit Nuvem, les mains en l'air pour prouver qu'il n'était pas armé. Nous sommes des voyageurs en quête de lits pour la nuit. Demain matin, nous serons déjà repartis.

L'un des hommes s'avança d'un pas. Il était le plus grand, et visiblement le plus âgé. Sa courte barbe était aussi blanche que la neige qui s'était remise à tomber doucement. Il dévisagea Nuvem un instant, puis le reste du groupe. Egrim, à peine conscient, se soutenant d'un bras autour du cou de Tys qui fixait le vieil homme avec un regard semblant drôlement menaçant. Narsa était à ses côtés, ressemblant à une simple petite fille alors qu'elle cachait ses ailes derrière son dos et Jean dans la tuque de son manteau. Danayelle et Mishi se serraient la main, toutes deux extrêmement nerveuse. Puis, en tout dernier, le corps inerte et recouvert de sang de Leerian lévitait à un mètre du sol.

Les trois hommes qui leur faisaient face sursautèrent de concert en remarquant le phénomène. Ils pointèrent tous leur lance, mais Nuvem s'avança d'un autre pas.

— Qu'est-ce que c'est que cette magie ?! s'exclama le vieil homme. Et... que sont ses gens ?!

— De la télékinésie, dit Danayelle en toute innocence. Et nous sommes des...

— Shh ! s'écria Nuvem. Des étrangers ! Ils viennent de très loin, mais ils sont autant humains que nous.

— Bien sûr que nous sommes humains ! s'offusqua Danayelle. Une race humaine !

La Légende de Nyirdall, Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant