Chapitre 39

42 7 48
                                    

Egrim, Leerian, Danayelle, Mishi, Tys et Nuvem s'étaient tous enfuis sans attendre de cette étrange arène, sans savoir dans quelle direction aller. Mais ils n'avaient fait que quelques pas de course qu'un bruit assourdissant, particulièrement angoissant, les fit tous se retourner.

L'ogre grognait contre le portail de fer, frustré que ses proies se soient toutes enfuies. Les hommes et femmes reculaient en se bousculant, regardant le monstre avec nervosité. Il frappait avec sa massue si fort que la porte tremblait sur ses gonds. Un nuage de poussière s'élevait de la pierre tout autour.

— Il va réussir à s'échapper, vous croyez ? fit Mishi d'une toute petite voix.

— Je préfère ne pas être là si ça se produit, répondit Tys.

Egrim fut le premier à se remettre à courir. Tous s'élancèrent à sa suite parmi les rues pittoresques du village, jonché de maisons de chaque côté. Derrière eux, pourtant, ils entendaient l'ogre et les cris des habitants. Malgré l'urgence de la situation, ils en avaient tous conscience ; ils n'allaient pas dans la bonne direction.

Tys porta deux doigts à sa tempe, s'efforçant de se concentrer en dépit de toute cette situation.

Narsa ! Narsa, tu m'entends ?!

La fée, près d'un kilomètre plus loin, filait toujours les pirates. Elle était perchée au sommet d'un pin, dissimulé derrière les branches.

Je t'entends. Où êtes-vous ? Ils sont presque tous dans le bateau, déjà. Ils vont bientôt lever l'ancre !

Il faut que tu viennes nous guider. Nous sommes complètement perdus. Les villageois nous ont tendu un piège !

Si je quitte mon poste et que les pirates s'en vont, comment on va faire pour partir ?!

Tys ne répondit jamais à cette question. Devant lui, tous ses amis s'étaient arrêtés de courir ; lui, plus concentré dans les pensées de Narsa qu'à ce qui se passait de son côté, fonça sans retenue dans Mishi, qui s'effondra contre Leerian. Ce dernier, qui peinait déjà à trouver la force de suivre la bande, fut incapable de s'empêcher de tomber contre le muret de pierre qu'ils longeaient sans s'en rendre compte. Ce muret atteignait tout juste la hauteur de ses genoux ; en le cognant, ses jambes se plièrent et il bouscula sur le terrain en pente qui s'étendait de l'autre côté. Il la dévala comme une boule de neige, pour rapidement disparaitre de la vue de ses amis qui s'étaient tous retournés pour le regarder glisser. En bas de la pente, il y avait d'autres maison et habitations ; Leerian se fendit parmi elles.

— Merde. On a encore perdu Leerian ? fit Egrim d'un ton ennuyé.

— Mais pourquoi vous vous êtes arrêté ? s'énerva Tys.

Pour seule réponse, Egrim leva les mains devant lui. Tys suivit le geste des yeux, puis sentit tous ses espoirs de survivre à cette journée partir en fumée.

Alors qu'il était concentré ailleurs, l'ogre avait réussi à s'échapper. Et puisqu'ils n'avaient aucune idée de la direction qu'ils prenaient, ils avaient tourné en rond et étaient revenus à leur point de départ ; devant la porte maintenant défoncée de l'arène. L'ogre était là, imposant de ses trois mètres et balançant mollement sa massue, sa bouche pleine de dents affutées déformées en un large sourire.

— Merde ! s'exclama Tys.

— Occupez-le, fit Mishi. Je vais chercher Leerian.

Puis elle sauta à son tour du muret, se laissant glisser sur la pente comme sur un toboggan.

— Mishi ! cria Danayelle.

Danayelle voulut s'élancer à la suite de la sirène, mais fut stoppée par Egrim qui lui prit la main et la poussa dans l'autre direction. L'ogre avait lancé un rocher à l'endroit exact où était sa tête trois secondes plus tôt ; le rocher défonça le muret et bloqua le passage par le même coup.

La Légende de Nyirdall, Tome 2Where stories live. Discover now