Chapitre 39 (2/2)

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Ciryatan, Quatrième Monde.

Satia accepta avec reconnaissance le verre d'eau apporté par un domestique. L'assaut durait depuis plusieurs heures, et des nouvelles parvenaient de plusieurs planètes. Des nouvelles rassurantes. Dame Anko s'était ralliée à Shaniel, et ses Légions étaient parties à l'assaut des camps Stolisters. Un combat spatial avait eu lieu aussi, où les Stolisters avaient pris la fuite après avoir perdu plusieurs bâtiments, si elle avait bien compris. Et des troupes avaient pu être envoyées sur Aranel, se glissant au travers du blocus, libérant des prisonniers. Ensemble, ils avaient saboté les installations des Stolisters et réussi à prendre le contrôle de deux gros vaisseaux en orbite.

Un peu partout sur les neuf Mondes, les Stolisters connaissaient la défaite. Satia était soulagée que tout se passe bien. Shaniel restait en retrait, sur une petite estrade, tandis que le coeur de la pièce était occupé par ses commandants. Le colonel Kota discutait présentement avec le Commandeur Éric et le Seigneur Evan sur leurs stratégies de libération et le Djicam Aioros et Sinoros écoutaient avec attention, sans hésiter à donner leur avis. Satia en était ravie. Elle n'aimait pas les combats, reconnaissait pourtant que leurs liens avec l'Empire s'étaient davantage resserrés en quelques heures que lors des quatre dernières années.

La porte s'ouvrit avec discrétion. Un jeune garçon s'introduisit dans la pièce ; Satia reconnut Liam, l'un des fils d'Eric. Il s'était arrêté en découvrant les autres ailés, fronçant les sourcils, avant de poursuivre sa route vers son père. Liam se glissa derrière lui, posa doucement la main sur son bras pour attirer son attention. Éric se retira de la conversation.

— Que veux-tu, Liam ? Tu devais rester aider ta mère.

— C'est maman qui m'envoie, protesta Liam. Pour tes médicaments.

Satia dissimula un sourire. Éric était contrarié de se trouver en position de faiblesse, c'était une évidence. Pour en avoir été témoin, lors de leurs rares visites, elle savait qu'il était plus détendu, en privé. En public, il se préoccupait davantage de l'image qu'il donnait. Le Commandeur n'était pas invincible, mais il faisait tout pour en présenter l'illusion.

Avec un léger soupir, Éric récupéra un verre d'eau sur le plateau d'un domestique, avala plusieurs comprimés. Une nouvelle fois, Satia se demanda si la situation n'était pas plus grave qu'il n'y paraissait. Ses blessures dataient-elles du jour où les Stolisters avaient pris le pouvoir ?

Non, intervint Séliak. Il a été blessé après, en défendant son monde.

Comment ça ?

J'ai demandé à Teildreirrointh. S'il n'était pas Lié, il serait alité.

Voilà qui expliquait les petits signes d'inconfort que Satia avait perçu. Lucas aurait su trouver les mots. Là, avec Aioros non loin qui n'en perdait pas une miette, elle ne savait trop comment réagir. Les ailés étaient chatouilleux sur leur honneur.

— Je peux rester ?

La question avait fusé avec l'impulsivité de la jeunesse et une note d'espoir vibrait dans sa voix.

— Non.

Satia vit les poings du jeune ailé se serrer, son regard s'assombrir. Elle comprenait sa déception. Il était entre deux âges, plus vraiment un enfant mais pas encore un adulte. Une épée pendait à son côté ; il devait brûler de se joindre aux combats comme son grand frère Alistair. Et Éric souhaitait louablement l'en protéger. Les combats qui se déroulaient dans le complexe, à quelques centaines de mètres, n'étaient pas si loin.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now